Les cours du pétrole ont fini en baisse jeudi à New York, perdant une partie des gains engrangés la veille faute d'assurance sur la probabilité qu'un accord international qui permette de mieux aligner l'offre avec la demande. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en avril a cédé 45 cents à 37,84 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), restant tout de même au-dessus de ses niveaux de clôture de la fin décembre. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a perdu 1,02 dollar à 40,05 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Le marché était vendeur aujourd'hui, parce qu'on devient sceptique sur la tenue effective d'une réunion en Russie le 20 mars qui permettrait de faire avancer l'idée d'un gel de production, a expliqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Les cours ont gagné une douzaine de dollars depuis la mi-février et la première mention d'un tel accord par l'Arabie Saoudite et la Russie, entre autres, qui a fait miroiter la perspective d'une réduction des énormes excédents actuels. Mais selon plusieurs analystes, la tenue d'une réunion fin mars entre pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et hors-Opep afin de s'entendre sur un gel de la production, évoquée à plusieurs reprises ces derniers jours, semblait de plus en plus incertaine: l'Iran, guère enclin à sacrifier des parts de marché qu'il tente de regagner depuis la levée des sanctions occidentales en janvier, serait en effet réticent à y participer. Il semble que le refus de l'Iran de ne serait-ce qu'envisager un gel de la production a fait avorter la réunion et pourrait même compromettre le gel lui-même, commentait Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets. Jusqu'à présent, les pays producteurs ont très bien réussi à faire monter le marché avec leurs discours sans prendre de mesures concrètes, mais maitenant le marché attend de voir ce qui se passe, a souligné M. Lipow. Tamas Varga, analyste chez PVM, a noté de son côté deux facteurs pesant sur les prix mercredi: une réunion prévue vendredi entre les exportateurs de pétrole d'Amérique latine a été suspendue en raison de difficultés d'agenda, et le ministre de l'Energie du Kazakhstan aurait déclaré qu'une stabilisation des cours autour de 40 dollars pousserait son pays à gonfler sa production. Le tableau côté demande semble un peu meilleur, au moins du côté américain, ce qui pourrait expliquer la meilleure résistance du marché new-yorkais. En effet, les cours avaient fortement progressé mercredi à la suite des chiffres hebdomadaires du ministère de l'Energie américain montrant une consommation plus forte que prévu d'essence et de produits distillés, dont le fioul de chauffage. Actuellement, il semble que les Etats-Unis soient en position de voir une demande plus forte cette année, a noté Carl Larry, chez Frost & Sullivan, y voyant un signe que nous allons avoir une demande record d'ici à l'été ce qui mène à une plus grande valeur du brut.
Souffle en Asie Les cours du pétrole étaient orientés en légère baisse en Asie, au lendemain d'un important rebond, les inquiétudes demeurant quant à la situation globale de surabondance de l'offre. Dans les échanges électroniques matinaux en Asie, le WTI abandonnait jeudi cinq cents à 38,24 dollars, le Brent reculant de 14 cents, à 40,93 dollars. Pour les analystes, rien ne dit que la remontée des prix sera durable. Ils citent notamment les mauvais chiffres annoncés cette semaine par la Chine de son commerce extérieur en février. Je ne pense toujours pas que les prix vont augmenter de façon durable parce que les fondamentaux n'ont pas changé, a déclaré Daniel Ang, de Phillip Futures. Sanjeev Gupta, de EY, explique que le marché attend désormais une réunion le 20 mars des principaux producteurs pour discuter d'une proposition russo-saoudienne de gel de la production pour stabiliser les prix. L'or noir a perdu 60% de sa valeur depuis juin 2014, quand le baril se négociait à 100 dollars. La faute à une offre bien trop importante, que n'arrivent plus à avaler des économies mondiales, notamment chinoise, en plein ralentissement.