Selon le Secrétaire général de l'Union générale tunisienne du Travail (UGTT), Hassine Abbassi, " la lutte contre la corruption est l'affaire de braves aventuriers qui, débordants d'abnégation et de dévouement, ne reculent nullement face aux menaces et périls". Il s'exprimait lors d'une interview accordée, vendredi, au magazine mensuel "Paris-Tunis" diffusé chaque mois sur les antennes de la chaîne télévisée, "Wataniya I" et de "France 24", une interview au cours laquelle corruption et bien d'autres questions de l'heure ont été soulevées. S'attaquant à la corruption, un phénomène qui ne cesse d'éreinter l'économie du pays, Abbassi a tenu des propos sulfureux, pointant du doigt "des lobbies qui ne lésinent aucun moyen et ne ménagent aucun effort en vue de compromettre la vie des personnes et mettre en péril les intérêts du pays". Sur la volonté du chef du gouvernement Youssef Chahed de faire de la lutte contre la corruption "une priorité et un slogan", Abbassi a tenu à préciser que l'UGTT se tient aux côtés du gouvernement dans cette orientation mais attache beaucoup plus d'attention aux "actes". "Il est grand temps que le gouvernement déclare la guerre contre la corruption", a-t-il préconisé. Une guerre qui passe indéniablement, selon lui, par l'impératif de "lutter contre le phénomène de l'évasion fiscale, de juguler l'économie parallèle et de rationaliser le recours au régime forfaitaire pour certaines catégories de professions libérales." Revenant sur la proposition du chef du gouvernement visant à reporter les majorations salariales prévues de 2017 à 2019, le secrétaire général de l'organisation syndicale a exhorté le gouvernement à honorer ses engagements tenus envers la classe ouvrière. Cet appel dénote un "renoncement" aux accords précédents conclus entre le gouvernement et les syndicats, de même qu'il "fait fi du document de Carthage qui incombe à la charge du gouvernement le devoir de respecter le engagements conclus avec l'UGTT", a-t-il dénoncé. Sur la position de l'UGTT à l'égard de la nécessité d'une trêve sociale, Abbassi s'est dit "compréhensif" face à la situation que vit le pays, se déclarant favorable au dialogue. "L'organisation syndicale est prête à consentir des sacrifices au service de la Tunisie. Toutefois, les charges doivent être assumées par tous y compris les grandes fortunes et les évadés fiscaux", a-t-il tenu à préciser. A la question de l'animatrice sur la position de l'UGTT face à l'appel du mufti de la République visant à mettre fin aux mouvements de protestations sociales pour sauver le pays du marasme économique et social, appel qui a suscité une déferlante de commentaires, Abbassi a mis en garde contre tout "amalgame", estimant que cette question est "éminemment sociale" sur laquelle "la religion ne doit plus s'exprimer". "Les revendications sociales n'ont plus besoin de fatwas", a-t-il martelé. Evoquant le prix Nobel décerné en 2015 au quartet parrain du dialogue national, Abbassi a estimé que ce prix est "un acquis moral" pour la Tunisie, faisant remarquer "le quartet a réussi à vendre l'image du pays auprès des gouvernements et des organisations internationales." Profitant de cet élan de solidarité, il a annoncé que l'UGTT appuie sans équivoque la candidature du prisonnier palestinien Marouane Barghouthi pour le prix Nobel de la paix de 2016.