Deux mandats de Vladimir Poutine ont suffi à créditer celui-ci de 80% de la confiance populaire russe. Chose qui fait dire à l'actuel secrétaire d'Etat américain à la défense : " Vladimir Poutine essaie de rendre à la Russie son statut de grande puissance et de faire renaître la fierté nationale". Mais, pour maintenant, les Etats-Unis se gardent de reconnaître que la Russie est ancrée dans une démocratie consolidée qui voit Poutine se soumettre à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Depuis l'effondrement de l'URSS, qui a laissé place à une République fédérative, et à une communauté des Etats indépendants, les populations de Russie étaient en attente d'un homme charismatique, d'un retour d'un Pierre le Grand qui lui redonnerait une "identité, une idée nationale, une capacité de sauvegarde physique et spirituelle au peuple russe", comme l'écrivait Soljenitsyne dans le "Goulag". Les huit années de présidence de Vladimir Poutine ont été une période de travail intense en vue de sortir le pays de la crise qu'il traversait. D'immenses succès ont été enregistrés dans l'économie, le renforcement du système politique et le domaine social. La confiance populaire exprimée envers Poutine n'est plus à démontrer. Cela ne l'a pas empêché de se soumettre à la Constitution en ne se représentant pas pour un 3e mandat. Le 2 mars 2008 se tiendront les élections présidentielles russes. Vladimir Poutine, élu en 2000 et en 2004, ne pourra pas se représenter. La Constitution lui interdit de briguer plus de deux mandats consécutifs. Néanmoins, dès aujourd'hui, la machine de propagande occidentale a été actionnée pour décrédibiliser cette élection. Depuis quelques jours déjà, plusieurs ONG, à la solde des faucons de la Maison-Blanche à l'image de Freedom House ou encore Reporter sans frontières (dont les liens avec la CIA ne sont plus un secret pour personne), ainsi que l'ensemble des médias occidentaux s'actionnent pour un seul objectif : refléter de la Russie l'image d'un pays qui n'arrive pas à se libérer du joug de la dictature. Une situation qui rappelle étrangement ce qui est arrivé avec le gouvernement d'Hugo Chavez au Venezuela lors du dernier référendum sur l'amendement de la Constitution vénézuélienne. D'ailleurs, le président vénézuélien a donné une belle leçon à ces pseudo chantres de la démocratie en reconnaissant sa défaite et en se soumettant au jugement des urnes. Il faut croire que la propagande occidentale s'évertue à dénigrer tous ce qui ne seront pas la domination occidentale. Il faut dire que le modèle russe rejette la domination économique, politique culturelle occidentale et l'élargissement de l'influence atlantique, soit un rejet du contrôle stratégique américain et un refus des valeurs libérales telles que prônées par les Etats-Unis. S'il y a un rapprochement de la Russie des Etats-Unis en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, la question se pose de savoir qui s'est réellement rapproché de l'autre quand on sait que la Russie avec la Chine, avaient mis en place en 1996, avec trois Républiques d'Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan) le groupe de "Shanghai" destiné déjà à l'époque à lutter contre le militantisme islamique, groupe devenu en juin 2001, l'organisation de coopération de Shanghai, à laquelle s'est joint l'Ouzbékistan, comme sixième membre. C'était donc avant les attentats du 11 septembre 2001. Ce n'est pas la Russie qui met à profit la lutte contre le terrorisme pour déployer ses forces armées partout où il existe des champs pétroliers, et ce n'est pas la Russie qui donne une finalité d'hégémonie à l'expression de puissance, ni qui cherche à installer dans une région quelconque du monde le "chaos constructif", lequel lui-même génère le terrorisme dont il était dit qu'il était l'objectif des branle-bas de combats des Américains. Ce n'est pas non plus la Russie qui a initié des révolutions orange et rose pour renverser des régimes élus légitimement ou qui finance de manifestations dites "spontanées" contre des pouvoirs légitimes. Sans doute que les Etats-Unis sont dérangés par la montée en puissance d'un système politique russe qui accorde la primauté au choix populaire, au refus de l'hégémonie américaine, à la souveraineté nationale, car ainsi, il n'y a pas de risque qu'émerge un régime pro américain, inféodé aux intérêts américains. Ce n'est pas la Russie qui a inventé le concept de guerre préventive, de projection des forces armées loin des frontières du pays. Peur-être que l'énergie joue un grand rôle dans la stratégie internationale de la Russie, que ce pays fait valoir des conceptions différentes en matière de coopération en énergie nucléaire pacifique, cela ne peut qu'être rentable pour l'ordre international qui est appelé ainsi à perdre son unilatéralisme. En tout état de cause, les prochaines élections russes seront démocratiques, n'en déplaise aux Américains et à leurs relais.
