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Les USA poursuivent leur guerre économique contre l'Iran : L'UE se couche, les autres profitent
Publié dans Le Maghreb le 26 - 11 - 2018

Les nouvelles sanctions US contre l'Iran sont donc officielles. Washington, qui souhaite plus que tout détruire le pouvoir iranien actuel, a tout de même concédé que certains pays pourraient continuer d'acheter du pétrole à Téhéran. Mais cette annonce n'est pas un signe de faiblesse pour l'avocat franco-iranien, Ardavan Amir-Aslani. Interview.

En ce 39e anniversaire de la crise des otages américains à Téhéran (1979), les États-Unis ont instauré ce 4 novembre la deuxième salve des sanctions contre l'Iran. Après la mise en place de mesures pénalisant les importations de matières premières, l'automobile et l'aviation, Washington a annoncé l'application de sanctions contre les secteurs financier et pétrolier. Le but est de réduire rapidement à zéro tout échange, notamment la vente de pétrole en provenance de l'Iran. Cette seconde étape d'embargo vise à faire tomber la puissance iranienne en s'attaquant à l'or noir, dont les ventes représentaient il y a peu, 80 % du budget de l'État. Si l'administration Trump a annoncé avec surprise que huit pays avaient obtenu des dérogations pour continuer, sur une période de six mois, d'acheter du pétrole à Téhéran, son " allié " européen, exclu de ce groupe, subi une nouvelle humiliation. Me Ardavan Amir-Aslani, avocat franco-iranien, nous livre son analyse. Il est le cofondateur du cabinet d'avocats d'affaires Cohen Amir-Aslani, qui possède un bureau d'activité à Téhéran.

Sputnik France: Avant de rentrer dans le vif du sujet, quel constat faites-vous depuis le 8 mai jusqu'à aujourd'hui?
Ardavan Amir-Aslani: Le constat économique inévitable est le retrait quasi-total de l'ensemble des entreprises étrangères de l'Iran. La totalité des grands intervenants étrangers dans le domaine des projets d'infrastructures s'est retirée. Les exportations pétrolières iraniennes, à compter du mois de mai dernier, ont baissé, et ont perdu deux tiers de leurs importances: de 3 millions de barils en avril 2018, on est passé à 2 millions au mois d'août dernier et aujourd'hui à 1,2 million. Et il est fort possible que cette baisse augmente avec le temps. D'ailleurs, les exemptions prononcées par l'administration Trump ne concernent qu'un certain nombre de pays, dont l'Inde, la Chine, la Corée du Sud, qui sont acheteurs de pétrole iranien et qui vont être autorisés pour les six prochains mois à continuer de la sorte, mais ne pourront pas payer directement les Iraniens, puisqu'ils devront consigner le fruit de cet achat sur un compte séquestre dans leur pays où l'Iran pourra avoir accès uniquement dès lors qu'il s'agirait d'utiliser cet argent-là pour l'achat de produits alimentaires ou de produits médicaux.

Sputnik France: Malgré tout, l'annonce de huit pays qui sont exemptés de ces sanctions peut-elle être considérée comme une défaite pour Washington, qui n'aurait pas les moyens de contraindre les principaux partenaires de l'Iran à stopper leurs achats de pétrole?
Ardavan Amir-Aslani: Non, je ne pense pas du tout que cela soit une question d'incapacité de forcer les partenaires d'acheter du pétrole iranien ou pas. Je pense que c'est un constat économique réel que les États-Unis ont effectué: la capacité mondiale de production de pétrole aujourd'hui ne peut pas, du jour au lendemain, absorber le 1,2 million de barils que l'Iran continue d'exporter. Et les Américains n'ont pas envie que le pétrole, qui a connu une baisse de 15 %, explose avec des taux pharaoniques de 100 dollars le baril, ce qui risquerait d'arriver si les dérogations n'étaient pas octroyées.

Sputnik France: Cela pouvait donc nuire aux États-Unis directement?
Ardavan Amir-Aslani: Les entreprises américaines et les alliés des États-Unis. D'ailleurs, les Américains ont essayé d'envisager la chose. En marge du Sommet de Saint-Pétersbourg, la Russie, les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite se sont répartis entre-eux le 1,2 million de barils/jour que l'Iran exporte en moins aujourd'hui. Mais les Saoudiens ne peuvent pas aller au-delà de 10,7 millions de barils/jour, les Émiratis sont au taquet, les Russes aussi, donc aujourd'hui, globalement, il n'y a pas de solution alternative au pétrole iranien. Là où les États-Unis ont de la chance, c'est qu'on peut facilement, dans les 6 à 8 mois à venir, remplacer le 1,2 million, parce qu'il y a une baisse de la conjoncture économique internationale: la crise turque, la crise argentine et également une baisse de la demande chinoise pour l'énergie.

Sputnik France: On affirme souvent que l'Iran a peu d'alliés. Il peut au moins compter sur ces huit pays, dont certains sont des puissances économiques et stratégiques de premier ordre (Chine, Inde, Turquie)?
Ardavan Amir-Aslani: Non, je ne le pense pas du tout. Le Général de Gaulle disait qu'un pays comme la France n'a pas d'amis, a juste des alliés de circonstance. C'est pareil pour les Iraniens. Lorsque vous regardez la liste des principaux acheteurs du pétrole iranien, le cas chinois par exemple: les Chinois aujourd'hui détiennent 1.000 milliards de dollars de Bons du Trésor américain. Ils sont collés avec ces bons-là. Ils ont besoin des États-Unis. Leur plus grand marché d'exportation est le marché américain. La Chine exporte plus de 400 milliards de dollars de produits par an. Et la Chine a besoin de ce marché américain pour maintenir son taux de croissance entre 6 et 8 % par an.
Faute de ce taux de croissance, l'économie chinoise ne connaîtra pas la stabilité, qui est la principale considération à Pékin. Les Russes, qui n'achètent pas de pétrole iranien certes, mais apportent leur concours aux Iraniens, eux-mêmes sont coincés avec des sanctions américaines qui ont été prononcées à leur encontre pour d'autres raisons. Leurs entreprises championnes comme Rusal ont perdu presque la moitié de leur capitalisation boursière du fait de ces sanctions et la monnaie russe a perdu de sa valeur. Donc globalement, aucun des pays en question, de par l'importance économique du marché américain et la puissance des États-Unis n'est réellement un contrepoids, aucun de ces pays.

Sputnik France: Est-ce un nouveau pied de nez pour les Européens? Pour rappel, la plupart des grands groupes européens ont déjà quitté l'Iran (Total, PSA, Daimler, Airbus, ENI, etc.)
Ardavan Amir-Aslani: L'Europe sur la question iranienne, n'est que rhétorique, n'est que parole. Alors effectivement, la rhétorique est belle, elle est puissante. L'Europe veut imposer le respect des normes internationales, le respect du multilatéralisme face au souverainisme incarné par le Président actuel aux États-Unis. Mais dans la pratique, l'Europe, à part des propos bien-pensants, n'a pas été capable de livrer quoi que ce soit.
Prenez l'exemple des cas pratiques que l'Europe a proposé de transposer. Cette histoire d'OFAC européen [organisme permettant d'imposer des sanctions aux entreprises américaines], que l'Europe se proposait de créer, n'a pas été créée. Les demandes de dérogations adressées aux Américains pour les champions européens, cela n'a pas été accepté par les Américains. La création d'un fonds pour le financement de projet pour l'Iran n'a pas non plus été créée. Les lois de blocage, qui interdisent en fait aux sanctions américaines de s'exécuter sur le territoire de l'UE, n'ont pas dissuadé les entreprises européennes de quitter quand même l'Iran. Parce que des entreprises comme Total ou PSA, leurs principaux centres d'activités sont à l'étranger hors de l'UE. La dernière initiative européenne de création d'une chambre de compensation en Europe [qui permettrait des achats à l'Iran, ndlr] n'a même pas vu le jour aujourd'hui, puisqu'aucun pays européen n'a accepté de la recevoir sur son territoire. En plus, quand bien même il y aurait un pays qui accepterait de l'héberger et qui l'immatriculerait sur son territoire, il n'y a pas d'acheteurs européens pour renflouer la caisse. Puisque les grandes entreprises françaises, espagnoles, italiennes et allemandes, ont déclaré qu'elles n'achèteraient plus de pétrole iranien au-delà du 4 novembre.
L'Europe, à part un discours rhétorique, n'a rien pu concrètement livrer à l'Iran.

Sputnik France: Au-delà des discours donc, le problème n'est-il pas aussi politique?
Ardavan Amir-Aslani: Lorsque vous observez les relations bilatérales comme entre la France et l'Iran, vous vous apercevez que cela fait six mois que les deux pays ne sont pas échangés d'ambassadeurs. Dernièrement, à l'issue d'un attentat que l'on attribue à Téhéran, le Danemark a rappelé son ambassadeur. On n'est pas dans un monde très uni. Et puis quand on parle des Européens, on parle de deux Europe. L'Europe de l'Ouest (la France et l'Allemagne) qui effectivement est, dans une volonté du moins de protéger l'accord nucléaire de 2015 [et parfois avec ambiguïté, ndlr] et il y a l'Europe de l'Est, qui ne partage pas du tout les mêmes valeurs. Je vous rappelle que le Président de la Pologne a demandé aux Américains d'installer une base militaire Fort Trump. Et il y a aussi des pays comme la Roumanie qui hébergent des bases américaines ou comme l'Estonie, la Lettonie, etc. qui ont besoin du soutien américain face au géant russe qui est à côté. Donc il n'y a pas d'unité au sein de l'Europe.

Sputnik France: En quoi ces sanctions touchent-elles votre activité en Iran?
Ardavan Amir-Aslani: Nous avons créé le premier cabinet à vocation internationale en Iran dès le lendemain de la signature de l'accord nucléaire en juillet 2015. Et nous sommes le seul aujourd'hui qui continue d'y demeurer. Nous y représentions les plus grands projets industriels internationaux en Iran. Et dès la déclaration du Président américain en mai dernier, tous nos clients ont quitté le pays, puisqu'aucun grand groupe international n'est disposé à accepter le risque de continuer à faire du business avec l'Iran pour son image et aussi pour éviter les risques juridiques par rapport aux États-Unis. Donc aujourd'hui, on n'a plus de clients internationaux. En réalité, les derniers dossiers consistent à clôturer les investissements effectués et liquider les sociétés créées. Notre clientèle aujourd'hui est une clientèle composée quasi-exclusivement d'ambassades étrangères basées à Téhéran et d'organisations internationales.


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