Dans une interview à paraître mercredi dans Maghreb Hebdo, le ministre des Ressources en eau, M. Abdelmalek Sellal, est revenu sur la Journée mondiale de l'eau placée cette année sous le thème de l'assainissement. Le ministre a saisi l'occasion pour mettre en avant toute l'importance que revêt la gestion rationnelle de la ressource hydrique notamment en Algérie, pays semi-aride. Il précisera, à ce sujet, qu'en terme de précipitations, l'Algérie dispose d'un débit de 600 m3 par habitant alors que la norme fixée par la Banque mondiale est de 1000 m3, d'où le constat qui fait ressortir que l'Algérie est pauvre en ressources hydriques. Aussi et afin de sécuriser l'alimentation en eau potable, l'irrigation des terres agricoles et le développement de l'industrie, des efforts importants ont été consentis afin de mobiliser les ressources nécessaires. Ainsi, une démarche globale a été initiée afin de mobiliser les eaux aussi bien superficielles, souterraines que non conventionnelles. Le ministre déclinera dans ce contexte le programme lancé par les pouvoirs publics dans le domaine de la mobilisation des ressources hydriques. Il mettra en exergue le programme initié pour la réalisation des barrages, lequel a permis de faire passer le nombre de barrages de 47 en 2000 à 57 aujourd'hui. Il indiquera également que 13 grands ouvrages sont en cours de réalisation et seront réceptionnés en 2009. Toutes ces réalisations permettront de faire passer les capacités de mobilisation des eaux superficielles de 5,4 milliards m3 à 7,2 milliards m3 ce qui est très important. Pour ce qui est des eaux souterraines, le ministre indique que plusieurs forages ont été réalisés dont les eaux, dans leur majorité (65%), ont été orientées vers le secteur de l'agriculture. Il évoquera également le grand transfert des eaux à partir d'In Salah vers Tamanrasset sur 750 km qui assurera une bonne alimentation en eau potable tout le long de la transsaharienne. Le ministre précisera, à ce propos, que les travaux ont d'ores et déjà commencé et ont même bien avancé notamment pour ce qui est des forages. Aussi, tous les marchés ont été conclus et les entreprises ont déjà commencé à travailler. Sur ce point M. Sellal se montre très optimiste quant à la livraison de ce projet, affirmant que même si les délais contractuels pour la livraison du projet vont jusqu'à juillet 2010, son département a fait avancer ce délai de 6 mois, c'est-à-dire à la fin 2009 ou au plus tard au début de l'année 2010. Le ministre a également évoqué le programme 2009-1015 au cours duquel, son département prévoit l'alimentation des régions Sud et Hauts-Plateaux à partir de l'Albien et de Chot El-Gharbi. Interrogé sur la rationalité de l'utilisation des eaux fossiles de l'Albien, M. Sellal affirmera que selon les études réalisées, les ressources hydriques de l'Albien sont très importantes à tel point qu'elles peuvent nous alimenter pour 8 siècles encore. Aussi, l'on ne peut pas se permettre, selon lui, de laisser une telle ressource inexploitée alors que des régions entières du Sud du pays et dans les Hauts-Plateaux dans un total sous développement alors qu'elles ont besoin d'eau. Cela ne veut pas dire que cette eau sera gaspillée mais qu'elle sera, bien entendu, exploitée de façon très rationnelle. Le ministre évoquera par ailleurs les ressources non conventionnelles à l'image des stations de dessalement d'eau de mer. Dans ce contexte M. Sellal indiquera qu'un programme de réalisation de 30 petites stations et de 13 grandes stations a été lancé pour arriver à une capacité de 2,3 millions de m3 jour. Ces stations sécuriseront l'alimentation en eau potable des villes côtières du pays. Le ministre a également indiqué que son département a tablé sur la récupération des eaux usées à travers la réalisation de stations d'épuration, et ce dans un double objectif : récupérer les eaux usées et répondre à une préoccupation environnementale en les épurant pour les destiner finalement à l'irrigation des terres agricoles. M. Sellal a indiqué dans ce contexte qu'en 2000, l'Algérie disposait d'une capacité d'épuration de 90 millions de m3 et qu'elle est passée aujourd'hui à 375 millions de m3. Celle-ci atteindra les 600 millions m3 en 2009. Le ministre a également évoqué les grands systèmes de transfert à l'image de celui de Taksebt et Béni Haroun qui ont été réceptionnés récemment ainsi que ceux du MAO et de Koudiet Asserdoune à Bouira. Le ministre a expliqué que grâce à ces programmes, l'Algérie a relevé le pari de la mobilisation des ressources. Grâce à tous ces efforts, 92 % de la population sont aujourd'hui raccordés au réseau AEP et 70% des communes sont alimentés au quotidien de telle sorte que les Algériens disposent en moyenne de 165 litres par habitant. Aussi, 86 % de la population sont raccordés au réseau d'assainissement.Reste qu'aujourd'hui le vrai défi reste celui de la gouvernance de l'eau. Car l'eau est une ressource rare et chère. Il faut aujourd'hui qu'on apprenne à économiser l'eau. Le ministre estime dans ce contexte que c'est en améliorant le service public de l'eau qu'on va pouvoir économiser cette ressource. M. Sellal estime également qu'il faut aujourd'hui se mobiliser pour lutter contre le gaspillage pour augmenter nos capacités de mobilisation et éviter d'augmenter les prix. Il affirmera enfin que l'économie de l'eau est l'affaire de tous. Il faut la préserver car c'est la source de toute vie.
