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El Ouricia se souvient
Massacres du 8 mai 1945
Publié dans Le Midi Libre le 09 - 05 - 2010

Les rares témoins du 8 mai 1945, à El Ouricia, se retrouvent régulièrement dans un local que partagent la kasma des moudjahidine et le bureau local de l'Organisation des enfants de chouhada, où ils manquent rarement d'évoquer cette date. L'unique salle du local abrite une collection assez volumineuse de photographies, de documents et de notes recueillies auprès de diverses sources, sur le parcours de militants, de maquisards, de centres de ravitaillement de l'ALN (merkez) ou de vestiges d'installations de l'armée coloniale.
Les rares témoins du 8 mai 1945, à El Ouricia, se retrouvent régulièrement dans un local que partagent la kasma des moudjahidine et le bureau local de l'Organisation des enfants de chouhada, où ils manquent rarement d'évoquer cette date. L'unique salle du local abrite une collection assez volumineuse de photographies, de documents et de notes recueillies auprès de diverses sources, sur le parcours de militants, de maquisards, de centres de ravitaillement de l'ALN (merkez) ou de vestiges d'installations de l'armée coloniale.
La petite localité d'El Ouricia, à 10 km au nord de Sétif, qui n'était dans les années 1940 qu'une minuscule bourgade, est plus que jamais attachée à la mémoire du combat libérateur, 65 ans après la sanglante répression des manifestations du 8 mai 1945.
Conscients de l'importance de fixer pour les générations le souvenir des sacrifices consentis pour la cause de la Libération nationale, les rares témoins du 8 mai 1945, à El Ouricia, se retrouvent régulièrement dans un local que partagent la kasma des moudjahidine et le bureau local de l'Organisation des enfants de chouhada, où ils manquent rarement d'évoquer cette date.
L'unique salle du local abrite une collection assez volumineuse de photographies, de documents et de notes recueillies auprès de diverses sources, sur le parcours de militants, de maquisards, de centres de ravitaillement de l'ALN (merkez) ou de vestiges d'installations de l'armée coloniale.
Les lieux ont pris les allures d'un véritable musée du mouvement national et de la guerre d'indépendance, fruit de la volonté des moudjahidine et des enfants de chouhada de poursuivre un travail commun, destiné à conserver la mémoire d'El Ouricia qui s'enorgueillit d'être le lieu de naissance de Saâl Bouzid, le premier martyr du 8 mai 1945, abattu à Sétif, de sang-froid, pour -avoir osé arborer, en tête d'une manifestation pacifique, le drapeau national. Le secrétaire de la kasma des moudjahidine, Ahmed Boudiaf, n'avait que 9 ans lors des évènements du 8 mai 1945 et, pourtant, cette date allait déterminer son destin de futur maquisard, comme ce fut le cas pour la plupart des jeunes d'El Ouricia, mais également de Ain Abessa, de Amoucha, de Beni Aziz, d'El Eulma, de Kherrata et autres villages, douars et dechras martyrs. Pour Ahmed Boudiaf, cette génération, profondément marquée par la brutalité de la répression d'une population dont le seul tort a été de croire à la promesse des alliés de respecter, après la Libération, "le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes", devait, moins d'une décennie plus tard, prendre à la lettre, le sens de cette strophe du chant patriotique du 8 mai 1945: "Jeunes gens, levez-vous pour l'Afrique du Nord, levez-vous pour la Nation".
A. Boudiaf et les autres
Le parcours du moudjahid Ahmed Boudiaf correspond globalement au profil de nombreux jeunes militants "formés à l'école du 8 mai 1945", et qui prendront le maquis sans hésiter, après le 1er Novembre 1954.
A El Ouricia, il fréquente d'abord l'école coranique que dirigeait Cheikh Lakhdar Krache, un élève de cheikh Benbadis à la "Mosquée Verte" de Constantine.
D'autres cheikhs liés au mouvement réformiste musulman animaient l'enseignement libre dans la région, notamment Guenfoud Saad et Guechi Mohamed qui ont également enseigné à El Harrouch, près de Skikda, rapporte Ahmed Boudiaf.
Le jeune écolier de 9 ans se souvient que le meurtre de Saal Bouzid allait immédiatement mettre le feu aux poudres, provoquant la colère irrépressible d'une population excédée par des années de guerre et de famine.
A El Ouricia, un curé qui revenait à moto après avoir officié une messe à Ain El Kébira a été tué par des manifestants qui seront tous arrêtés, condamnés et exécutés à Constantine, se souvient M. Boudiaf qui avait vu, le jour-même, les soldats armés de pièces lourdes, déployés dans toute la région.
Parmi les nombreuses personnes arrêtées, dans le village d'El Ouricia, Ahmed Boudiaf se souvient de Affar Ali qu'il rencontrera, en 1958, à la prison de Maison-Carrée (El Harrach, Alger).
Mais les prisonniers du 8 mai 1945 qui avaient échappé aux exécutions sommaires et à la condamnation à mort ne devaient être libérés qu'en 1962, après l'indépendance, parce qu'ils étaient considérés comme des prisonniers de droit commun. Ils n'ont jamais bénéficié d'un statut politique. Le frère du même témoin, Tahar Boudiaf était militant actif du Parti du peuple algérien (PPA), à El Ouricia. Le 8 mai 1945, il a été arrêté et exécuté à la sortie du village, son corps a été ré-inhumé il y a seulement quatre années.
D'autres jeunes d'El Ouricia, de simples journaliers chez les colons, ont été froidement abattus par les milices armées qui sillonnaient la région.
On se souvient encore à El Ouricia, de Tebbani Larbi, de Bouchrit Tayeb, de Bouamama Ahmed, poète du Melhoun connu dans la région à l'époque.
Les autres hommes adultes d'El Ouricia qui ont échappé au supplice des milices, ont été arrêtés et condamnés à mort ou à de lourdes peines de prison.
Parmi les habitants d'El Ouricia qui vécurent les massacres du 8 mai 1945, Hadj Moussa Griche se souvient de la plupart des victimes du village. Il avait vu, alors qu'il gardait son troupeau, un adjudant des Dragons donner l'ordre de tuer Boudiaf Larbi qui ne sera enterré que tard dans la nuit, après le départ des soldats, précise-t-il.
Agé aujourd'hui de 78 ans, il affirme que l'assassinat de Saâl Bouzid, puis les massacres à grande échelle et la chasse à l'arabe qui dura des semaines, devaient marquer une rupture définitive avec la colonisation.
Serrant les poings, il ajoute : "Désormais, toute forme de coexistence était illusoire. Pour nous, c'était déjà l'indépendance ou la mort".
La petite localité d'El Ouricia, à 10 km au nord de Sétif, qui n'était dans les années 1940 qu'une minuscule bourgade, est plus que jamais attachée à la mémoire du combat libérateur, 65 ans après la sanglante répression des manifestations du 8 mai 1945.
Conscients de l'importance de fixer pour les générations le souvenir des sacrifices consentis pour la cause de la Libération nationale, les rares témoins du 8 mai 1945, à El Ouricia, se retrouvent régulièrement dans un local que partagent la kasma des moudjahidine et le bureau local de l'Organisation des enfants de chouhada, où ils manquent rarement d'évoquer cette date.
L'unique salle du local abrite une collection assez volumineuse de photographies, de documents et de notes recueillies auprès de diverses sources, sur le parcours de militants, de maquisards, de centres de ravitaillement de l'ALN (merkez) ou de vestiges d'installations de l'armée coloniale.
Les lieux ont pris les allures d'un véritable musée du mouvement national et de la guerre d'indépendance, fruit de la volonté des moudjahidine et des enfants de chouhada de poursuivre un travail commun, destiné à conserver la mémoire d'El Ouricia qui s'enorgueillit d'être le lieu de naissance de Saâl Bouzid, le premier martyr du 8 mai 1945, abattu à Sétif, de sang-froid, pour -avoir osé arborer, en tête d'une manifestation pacifique, le drapeau national. Le secrétaire de la kasma des moudjahidine, Ahmed Boudiaf, n'avait que 9 ans lors des évènements du 8 mai 1945 et, pourtant, cette date allait déterminer son destin de futur maquisard, comme ce fut le cas pour la plupart des jeunes d'El Ouricia, mais également de Ain Abessa, de Amoucha, de Beni Aziz, d'El Eulma, de Kherrata et autres villages, douars et dechras martyrs. Pour Ahmed Boudiaf, cette génération, profondément marquée par la brutalité de la répression d'une population dont le seul tort a été de croire à la promesse des alliés de respecter, après la Libération, "le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes", devait, moins d'une décennie plus tard, prendre à la lettre, le sens de cette strophe du chant patriotique du 8 mai 1945: "Jeunes gens, levez-vous pour l'Afrique du Nord, levez-vous pour la Nation".
A. Boudiaf et les autres
Le parcours du moudjahid Ahmed Boudiaf correspond globalement au profil de nombreux jeunes militants "formés à l'école du 8 mai 1945", et qui prendront le maquis sans hésiter, après le 1er Novembre 1954.
A El Ouricia, il fréquente d'abord l'école coranique que dirigeait Cheikh Lakhdar Krache, un élève de cheikh Benbadis à la "Mosquée Verte" de Constantine.
D'autres cheikhs liés au mouvement réformiste musulman animaient l'enseignement libre dans la région, notamment Guenfoud Saad et Guechi Mohamed qui ont également enseigné à El Harrouch, près de Skikda, rapporte Ahmed Boudiaf.
Le jeune écolier de 9 ans se souvient que le meurtre de Saal Bouzid allait immédiatement mettre le feu aux poudres, provoquant la colère irrépressible d'une population excédée par des années de guerre et de famine.
A El Ouricia, un curé qui revenait à moto après avoir officié une messe à Ain El Kébira a été tué par des manifestants qui seront tous arrêtés, condamnés et exécutés à Constantine, se souvient M. Boudiaf qui avait vu, le jour-même, les soldats armés de pièces lourdes, déployés dans toute la région.
Parmi les nombreuses personnes arrêtées, dans le village d'El Ouricia, Ahmed Boudiaf se souvient de Affar Ali qu'il rencontrera, en 1958, à la prison de Maison-Carrée (El Harrach, Alger).
Mais les prisonniers du 8 mai 1945 qui avaient échappé aux exécutions sommaires et à la condamnation à mort ne devaient être libérés qu'en 1962, après l'indépendance, parce qu'ils étaient considérés comme des prisonniers de droit commun. Ils n'ont jamais bénéficié d'un statut politique. Le frère du même témoin, Tahar Boudiaf était militant actif du Parti du peuple algérien (PPA), à El Ouricia. Le 8 mai 1945, il a été arrêté et exécuté à la sortie du village, son corps a été ré-inhumé il y a seulement quatre années.
D'autres jeunes d'El Ouricia, de simples journaliers chez les colons, ont été froidement abattus par les milices armées qui sillonnaient la région.
On se souvient encore à El Ouricia, de Tebbani Larbi, de Bouchrit Tayeb, de Bouamama Ahmed, poète du Melhoun connu dans la région à l'époque.
Les autres hommes adultes d'El Ouricia qui ont échappé au supplice des milices, ont été arrêtés et condamnés à mort ou à de lourdes peines de prison.
Parmi les habitants d'El Ouricia qui vécurent les massacres du 8 mai 1945, Hadj Moussa Griche se souvient de la plupart des victimes du village. Il avait vu, alors qu'il gardait son troupeau, un adjudant des Dragons donner l'ordre de tuer Boudiaf Larbi qui ne sera enterré que tard dans la nuit, après le départ des soldats, précise-t-il.
Agé aujourd'hui de 78 ans, il affirme que l'assassinat de Saâl Bouzid, puis les massacres à grande échelle et la chasse à l'arabe qui dura des semaines, devaient marquer une rupture définitive avec la colonisation.
Serrant les poings, il ajoute : "Désormais, toute forme de coexistence était illusoire. Pour nous, c'était déjà l'indépendance ou la mort".


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