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Frantz Fanon en mots et en images
Concerning violence du réalisateur Suédois Göran Hugo Olsson
Publié dans Le Midi Libre le 15 - 12 - 2014

Göran Hugo Olsson remet au goût du jour les textes puissants de Frantz Fanon scandés par Lauryn Hill sur des images d'archives de la Télévision suédoise. Un documentaire politique à l'esthétique décapante sur l'enfer colonial.
Göran Hugo Olsson remet au goût du jour les textes puissants de Frantz Fanon scandés par Lauryn Hill sur des images d'archives de la Télévision suédoise. Un documentaire politique à l'esthétique décapante sur l'enfer colonial.
Faire parler les archives. C'est la spécialité de Göran Hugo Olsson, un documentariste suédois passé maître dans l'art d'éclairer notre tumultueux présent en mixant des images et des sons du passé. En 2011, dans The Black Power Mixtape, ce DJ des archives mitonnait un fructueux télescopage entre des rushs témoins de la naissance du mouvement des Black Panthers et les commentaires d'artistes et d'intellectuels contemporains. Son île aux trésors ?
Les archives de la télé suédoise. « Quand j'ai découvert ce fonds d'archives de la télé suédoise : des documentaires réalisés par des cinéastes des années 60-80, j'ai été frappé par le parti pris de ses films, bien souvent engagés contre la colonisation. A l'époque où ils ont été tournés, la guerre froide était à son apogée, et la Suède, Etat neutre, avait un discours critique envers les grandes puissances impérialistes, allant jusqu'à soutenir certains mouvements de libération africains.
Le pays n'a pourtant pas toujours été irréprochable en matière de colonialisme, mais il n'était pas aussi mouillé que la France ou la Grande Bretagne ». Göran Hugo Olsson propose, à partir des riches archives de la télévision suédoise, un montage sur la décolonisation rythmé par la lecture et le commentaire des Damnés de la terre de Frantz Fanon. Et notamment par les passages évoquant la violence, popularisés par la préface de Jean-Paul Sartre à ce livre devenu mythique.
Les images qui montrent la vie et l'action des mouvements indépendantistes, tout comme celles des Blancs refusant d'entendre un autre langage que celui des armes, sont impressionnantes. Si la thèse du réalisateur visant à démontrer que les conflits actuels résultent de ce qui s'est passé dans les années 50 et 60 n'est pas vraiment convaincante, la relecture des textes de Fanon permet de relativiser sa réputation d'apôtre de la violence. Rappeler le lien entre les réflexions du psychiatre martiniquais sur la lutte anticoloniale et la guerre d'Algérie, dont il fut, aux côtés du FLN, un acteur, n'aurait pas été inutile.
Le réalisateur a pris une prêtresse de la soul contemporaine, qui slame plus qu'elle ne lit, un vieux manifeste qui n'a rien perdu de son suc vitriolé, des images oubliées comme des poussières toxiques sous le tapis, il a reussi à obtenir un documentaire politique à l'esthétique décapante. Soit Lauryn Hill, l'exchanteuse des Fugees, lisant en voix off des extraits des Damnés de la Terre, écrit en 1960 par Frantz Fanon, maître à penser tiers-mondiste, sur neufs extraits de films réalisés dans une Afrique en lutte pour son indépendance par des cinéastes suédois, des années 60 aux années 80. Avec cinquante ans d'avance, selon toujours, Göran Hugo Olsson, cet essai nous explique pourquoi le Hamas balance des roquettes sur Israël. Et pourquoi Israël surréagit.
Il nous dit comment ces gamins de la bande de Gaza – le pire endroit où un être humain puisse naître aujourd'hui – qui grandissent entre interventions militaires, bombardements et représailles, agiront demain. Il n'y a pas de suspense donc, ce ne sera pas la peine de s'étonner. A quoi s'attendre d'autre qu'à une surenchère de violence, de la part de personnes qui n'ont jamais connu autre chose que la violence et l'oppression ? Autre exemple : le delta du Niger, que la course au pétrole des multinationales a transformé en enfer sur terre.
Comment s'étonner que ce cauchemar-là finisse par accoucher d'un Boko Haram ? Il ne s'agit ni de dédouaner ni d'excuser mais de comprendre le mécanisme sous-jacent de cette violence. Dans Les Damnés de la terre, Fanon écrit cette phrase : « Aux colonies, l'infrastructure économique est également une superstructure. La cause est conséquence : on est riche parce que blanc et on est blanc parce que riche ». Nous vivons dans une ère néo-coloniale où les règles sur le commerce international ne s'appliquent que de manière unilatérale.
Faire parler les archives. C'est la spécialité de Göran Hugo Olsson, un documentariste suédois passé maître dans l'art d'éclairer notre tumultueux présent en mixant des images et des sons du passé. En 2011, dans The Black Power Mixtape, ce DJ des archives mitonnait un fructueux télescopage entre des rushs témoins de la naissance du mouvement des Black Panthers et les commentaires d'artistes et d'intellectuels contemporains. Son île aux trésors ?
Les archives de la télé suédoise. « Quand j'ai découvert ce fonds d'archives de la télé suédoise : des documentaires réalisés par des cinéastes des années 60-80, j'ai été frappé par le parti pris de ses films, bien souvent engagés contre la colonisation. A l'époque où ils ont été tournés, la guerre froide était à son apogée, et la Suède, Etat neutre, avait un discours critique envers les grandes puissances impérialistes, allant jusqu'à soutenir certains mouvements de libération africains.
Le pays n'a pourtant pas toujours été irréprochable en matière de colonialisme, mais il n'était pas aussi mouillé que la France ou la Grande Bretagne ». Göran Hugo Olsson propose, à partir des riches archives de la télévision suédoise, un montage sur la décolonisation rythmé par la lecture et le commentaire des Damnés de la terre de Frantz Fanon. Et notamment par les passages évoquant la violence, popularisés par la préface de Jean-Paul Sartre à ce livre devenu mythique.
Les images qui montrent la vie et l'action des mouvements indépendantistes, tout comme celles des Blancs refusant d'entendre un autre langage que celui des armes, sont impressionnantes. Si la thèse du réalisateur visant à démontrer que les conflits actuels résultent de ce qui s'est passé dans les années 50 et 60 n'est pas vraiment convaincante, la relecture des textes de Fanon permet de relativiser sa réputation d'apôtre de la violence. Rappeler le lien entre les réflexions du psychiatre martiniquais sur la lutte anticoloniale et la guerre d'Algérie, dont il fut, aux côtés du FLN, un acteur, n'aurait pas été inutile.
Le réalisateur a pris une prêtresse de la soul contemporaine, qui slame plus qu'elle ne lit, un vieux manifeste qui n'a rien perdu de son suc vitriolé, des images oubliées comme des poussières toxiques sous le tapis, il a reussi à obtenir un documentaire politique à l'esthétique décapante. Soit Lauryn Hill, l'exchanteuse des Fugees, lisant en voix off des extraits des Damnés de la Terre, écrit en 1960 par Frantz Fanon, maître à penser tiers-mondiste, sur neufs extraits de films réalisés dans une Afrique en lutte pour son indépendance par des cinéastes suédois, des années 60 aux années 80. Avec cinquante ans d'avance, selon toujours, Göran Hugo Olsson, cet essai nous explique pourquoi le Hamas balance des roquettes sur Israël. Et pourquoi Israël surréagit.
Il nous dit comment ces gamins de la bande de Gaza – le pire endroit où un être humain puisse naître aujourd'hui – qui grandissent entre interventions militaires, bombardements et représailles, agiront demain. Il n'y a pas de suspense donc, ce ne sera pas la peine de s'étonner. A quoi s'attendre d'autre qu'à une surenchère de violence, de la part de personnes qui n'ont jamais connu autre chose que la violence et l'oppression ? Autre exemple : le delta du Niger, que la course au pétrole des multinationales a transformé en enfer sur terre.
Comment s'étonner que ce cauchemar-là finisse par accoucher d'un Boko Haram ? Il ne s'agit ni de dédouaner ni d'excuser mais de comprendre le mécanisme sous-jacent de cette violence. Dans Les Damnés de la terre, Fanon écrit cette phrase : « Aux colonies, l'infrastructure économique est également une superstructure. La cause est conséquence : on est riche parce que blanc et on est blanc parce que riche ». Nous vivons dans une ère néo-coloniale où les règles sur le commerce international ne s'appliquent que de manière unilatérale.


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