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Quels sont les facteurs de risque ?
Suicide de l'adulte
Publié dans Le Midi Libre le 14 - 02 - 2008

Le suicide est un mal en expansion alarmante qui témoigne de la fragilité et de la vulnérabilité de la structure humaine dans un monde chargé de pression, de contraintes et de difficultés sociales.
Le suicide est un mal en expansion alarmante qui témoigne de la fragilité et de la vulnérabilité de la structure humaine dans un monde chargé de pression, de contraintes et de difficultés sociales.
Le suicide est un fait d'actualité qui nous renvoie à la crise individuelle sévère par laquelle passe une personne en proie à diverses sortes de pressions qui la pousserait, arrivée à bout de force, à réagir violement en attentant à ses jours. Le suicide est un mal qui ronge la société, un mal face auquel il serait nécessaire de trouver une stratégie de lutte et de prévention. Mais, d'abord, faudrait-il commencer par analyser les facteurs qui favorisent sa propagation inquiétante. Car sans cette analyse profonde, ce mal continuera à nous causer autant de ravages.
Problèmes professionnels, divorce, alcoolisme, chômage, crise de logement, perte de perspective, pauvreté, malvie sont autant de facteurs de risque susceptibles d'induire le passage à l'acte suicidaire.
Dépression et autres troubles psychologiques altérant l'équilibre mental de l'individu peuvent être des facteurs prédisposants, mais il faut noter que ces troubles ne sont pas présents dans la totalité des cas, ce qui nous pousserait à nous pencher sur l'analyse minutieuse des facteurs sociaux, souvent négligés, mais oh, que largement responsables.
Le discours que nous tient la majorité des proches de personnes victimes de suicide, en consultation, est empreint de silence et de réticence. Le suicide, acte religieusement et moralement répressible, quand il n'est pas tu, est évoqué en termes vagues, mais jamais explicites. Tel le cas de cette jeune femme qui, lors d'une entrevue, racontait le décès tragique et traumatisant de son frère qu'elle ne parvenait pas à oublier. «Mon frère avait brillamment terminé ses études en informatique. Il voulait trouver un travail, se marier, fonder une famille et réussir dans la vie. Mais, jamais il ne verra ses rêves exaucés, car il s'est donné volontairement la mort. De frustration, en frustration, il ne pouvait supporter tant de déceptions. D'abord, le chômage lui pesait lourd. Je le voyais tout le temps triste de ne pouvoir aider mon vieux père qui devait nourrir la famille nombreuse que nous étions. Il menait une vie de raté et ne pensait qu'à partir vers d'autres cieux. Je le voyais changé, devenir mutique, parfois violent, mais je me disais que tout finira par s'arranger. L'évènement qui l'a d'emblée détruit est l'infidélité de sa fiancée qui a choisi, pour mari, un homme bien plus riche. Je n'ai jamais pensé que mon frère courageux et dynamique pourrait commettre un acte irréparable. Un matin, alors que je m'apprêtais à partir au travail, j'ai découvert le corps inerte de mon frère aimé et, observant la boîte de somnifères vide qui gisait par terre, j'ai réalisé le poids du drame qui venait de nous frapper. Je n'arrive encore pas à oublier et je suis furieuse contre cette vie injuste qui nous enlève ceux que nous aimons. Mon frère n'est pas mort à cause d'un chagrin d'amour, mais à cause de l'injustice sociale. Des jeunes continueront à se donner la mort tant que leurs problèmes ne seront pas résolus, tant qu'ils verront leur espoir en une vie meilleure détruit par l'amère réalité. Eh oui, qu'attendre d'un pays qui ne vous accorde même pas droit en une vie décente à l'abri du besoin ?», témoigne Ahlem.
En effet, le témoignage poignant de cette pauvre femme dont le frère vient de juger cette vie inutile au point de mettre terme à ses jours nous laisse ému face à la déchéance humaine.
Ce jeune, une victime de plus des conditions sociales déplorables dans lesquelles subsiste toute la population, n'est-il pas le spécimen représentatif de cette catégorie d'innocents emportés par le désespoir ? Il souffrait d'une déprime. Oui. Mais, n'allons quand même pas croire que cette déprime est survenue sans cause apparente. Cette déprime sévère n'est que la manifestation concrète d'un mal-être profond. Elle n'est que le résultat d'une série de causes. Le chômage, la pauvreté, le sentiment d'inutilité et pour combler le tout, l'échec affectif ont tous précipité le passage à l'acte suicidaire. Nous n'allons quand même pas dire : bon, ce jeune homme était certainement vulnérable ou n'avait pas suffisamment de défense pour lutter contre le mal de vivre ? Nul n'est à l'abri de ce genre de situation. Il ne s'agit pas ici de la force ou de la faiblesse du caractère des uns qui immunisent contre le passage à l'acte, mais du retentissement des différents facteurs environnementaux sur le psychisme de l'individu et des aptitudes de ce dernier à gérer les pressions accumulées. Cela nous amène droit vers l'exploration des facteurs de risque en vue de pouvoir proposer réellement un plan de lutte et de prévention.
Si, comme on l'a noté plus haut, la présence d'une pathologie mentale préexistante est retrouvée chez 90 % des suicidés, selon de récentes recherches scientifiques, cela ne supprime pas l'existence de nombreux facteurs intervenants, comme le chômage dont le taux est en constante augmentation chez nous, la crise de logement ainsi que la perte de perspectives. Le stress et le harcèlement au travail pèsent plus particulièrement sur la population féminine. L'atteinte narcissique et la perte de l'estime de soi précipitent le passage à l'acte.
Le suicide reste un acte extrême envisagé par une personne au bord d'un désespoir inouï, comme une solution radicale à une source interminable de difficultés sociales, relationnelles, affectives ou psychologiques. Face au suicide, il faut réagir rapidement. Mais, comment ? Nous nous cesserons, jamais assez de le dire. Endiguer ce fléau passe par l'adoption d'un plan de prévention et de lutte concrètement appliquée. L'installation de cellules de détection des personnes à risque suicidaire, l'amélioration des conditions de vie sociale ainsi que la sensibilisation de la société civile sur les risques du suicide et les procédés de détection des signes précurseurs sont essentiels dans le processus de lutte contre ce fait sociétal inquiétant.
Le suicide est un fait d'actualité qui nous renvoie à la crise individuelle sévère par laquelle passe une personne en proie à diverses sortes de pressions qui la pousserait, arrivée à bout de force, à réagir violement en attentant à ses jours. Le suicide est un mal qui ronge la société, un mal face auquel il serait nécessaire de trouver une stratégie de lutte et de prévention. Mais, d'abord, faudrait-il commencer par analyser les facteurs qui favorisent sa propagation inquiétante. Car sans cette analyse profonde, ce mal continuera à nous causer autant de ravages.
Problèmes professionnels, divorce, alcoolisme, chômage, crise de logement, perte de perspective, pauvreté, malvie sont autant de facteurs de risque susceptibles d'induire le passage à l'acte suicidaire.
Dépression et autres troubles psychologiques altérant l'équilibre mental de l'individu peuvent être des facteurs prédisposants, mais il faut noter que ces troubles ne sont pas présents dans la totalité des cas, ce qui nous pousserait à nous pencher sur l'analyse minutieuse des facteurs sociaux, souvent négligés, mais oh, que largement responsables.
Le discours que nous tient la majorité des proches de personnes victimes de suicide, en consultation, est empreint de silence et de réticence. Le suicide, acte religieusement et moralement répressible, quand il n'est pas tu, est évoqué en termes vagues, mais jamais explicites. Tel le cas de cette jeune femme qui, lors d'une entrevue, racontait le décès tragique et traumatisant de son frère qu'elle ne parvenait pas à oublier. «Mon frère avait brillamment terminé ses études en informatique. Il voulait trouver un travail, se marier, fonder une famille et réussir dans la vie. Mais, jamais il ne verra ses rêves exaucés, car il s'est donné volontairement la mort. De frustration, en frustration, il ne pouvait supporter tant de déceptions. D'abord, le chômage lui pesait lourd. Je le voyais tout le temps triste de ne pouvoir aider mon vieux père qui devait nourrir la famille nombreuse que nous étions. Il menait une vie de raté et ne pensait qu'à partir vers d'autres cieux. Je le voyais changé, devenir mutique, parfois violent, mais je me disais que tout finira par s'arranger. L'évènement qui l'a d'emblée détruit est l'infidélité de sa fiancée qui a choisi, pour mari, un homme bien plus riche. Je n'ai jamais pensé que mon frère courageux et dynamique pourrait commettre un acte irréparable. Un matin, alors que je m'apprêtais à partir au travail, j'ai découvert le corps inerte de mon frère aimé et, observant la boîte de somnifères vide qui gisait par terre, j'ai réalisé le poids du drame qui venait de nous frapper. Je n'arrive encore pas à oublier et je suis furieuse contre cette vie injuste qui nous enlève ceux que nous aimons. Mon frère n'est pas mort à cause d'un chagrin d'amour, mais à cause de l'injustice sociale. Des jeunes continueront à se donner la mort tant que leurs problèmes ne seront pas résolus, tant qu'ils verront leur espoir en une vie meilleure détruit par l'amère réalité. Eh oui, qu'attendre d'un pays qui ne vous accorde même pas droit en une vie décente à l'abri du besoin ?», témoigne Ahlem.
En effet, le témoignage poignant de cette pauvre femme dont le frère vient de juger cette vie inutile au point de mettre terme à ses jours nous laisse ému face à la déchéance humaine.
Ce jeune, une victime de plus des conditions sociales déplorables dans lesquelles subsiste toute la population, n'est-il pas le spécimen représentatif de cette catégorie d'innocents emportés par le désespoir ? Il souffrait d'une déprime. Oui. Mais, n'allons quand même pas croire que cette déprime est survenue sans cause apparente. Cette déprime sévère n'est que la manifestation concrète d'un mal-être profond. Elle n'est que le résultat d'une série de causes. Le chômage, la pauvreté, le sentiment d'inutilité et pour combler le tout, l'échec affectif ont tous précipité le passage à l'acte suicidaire. Nous n'allons quand même pas dire : bon, ce jeune homme était certainement vulnérable ou n'avait pas suffisamment de défense pour lutter contre le mal de vivre ? Nul n'est à l'abri de ce genre de situation. Il ne s'agit pas ici de la force ou de la faiblesse du caractère des uns qui immunisent contre le passage à l'acte, mais du retentissement des différents facteurs environnementaux sur le psychisme de l'individu et des aptitudes de ce dernier à gérer les pressions accumulées. Cela nous amène droit vers l'exploration des facteurs de risque en vue de pouvoir proposer réellement un plan de lutte et de prévention.
Si, comme on l'a noté plus haut, la présence d'une pathologie mentale préexistante est retrouvée chez 90 % des suicidés, selon de récentes recherches scientifiques, cela ne supprime pas l'existence de nombreux facteurs intervenants, comme le chômage dont le taux est en constante augmentation chez nous, la crise de logement ainsi que la perte de perspectives. Le stress et le harcèlement au travail pèsent plus particulièrement sur la population féminine. L'atteinte narcissique et la perte de l'estime de soi précipitent le passage à l'acte.
Le suicide reste un acte extrême envisagé par une personne au bord d'un désespoir inouï, comme une solution radicale à une source interminable de difficultés sociales, relationnelles, affectives ou psychologiques. Face au suicide, il faut réagir rapidement. Mais, comment ? Nous nous cesserons, jamais assez de le dire. Endiguer ce fléau passe par l'adoption d'un plan de prévention et de lutte concrètement appliquée. L'installation de cellules de détection des personnes à risque suicidaire, l'amélioration des conditions de vie sociale ainsi que la sensibilisation de la société civile sur les risques du suicide et les procédés de détection des signes précurseurs sont essentiels dans le processus de lutte contre ce fait sociétal inquiétant.


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