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Vers la fin des SGP
Privatisation
Publié dans Le Midi Libre le 24 - 02 - 2008

La double tutelle imposée à de nombreux secteurs montrait les limites d'une telle gestion, qui a fait que de nombreuses entreprises étaient laissées soit en jachère soit en pilotage automatique.
La double tutelle imposée à de nombreux secteurs montrait les limites d'une telle gestion, qui a fait que de nombreuses entreprises étaient laissées soit en jachère soit en pilotage automatique.
Mini-révolution ou énième habillage de la gestion des capitaux marchands de l'Etat ? C'est la question que l'on peut se poser après avoir pris connaissance des dernières mesures en voie d'être prises par le comité interministériel et le CPE (Conseil des participations de l'Etat) en charge du secteur public et du processus de privatisation, un processus dans lequel Hamid Temmar, à la tête d'un super-ministère, jouait un rôle clef.
On avait déjà un avant-goût de ce qui allait se passer lorsque certaines EPE furent transférées il y a quelques semaines à un département ministériel ou une institution nationale, comme le ministère de la Communication, pour ce qui est de l'ANEP et des imprimeries et le ministère de la Défense nationale. Certains commentateurs de presse y voyaient déjà comme une nouveauté par rapport au schéma préétabli. Parce que cela allait à contre-courant de toute la philosophie en vogue depuis près d'une décennie, et qui est basée sur la privatisation tous azimuts. Qu'est-ce qui a pu motiver un tel revirement ? Sans doute les ratés mêmes de ce processus de privatisation…? Mais il y a plus que
ça : la double tutelle imposée à de nombreux secteurs montrait les limites d'une telle gestion, faisant que de nombreuses entreprises étaient laissées soit en jachère soit en pilotage automatique. Toutes les orientations prises pour dynamiser de nombreux secteurs : tourisme, agroalimentaire, croissance industrielle, technologie de pointe, voire même impulsion de l'investissement national et direct étranger, avaient du plomb dans l'aile et n'arrivaient pas à être concrétisées sur le terrain. Après ce début très timide et néanmoins annonciateur d'une nouvelle vision, dans le remodelage des SGP, on voit maintenant le mouvement prendre de l'ampleur, puisqu'on dit que chaque département ministériel reprendra sous sa tutelle les entreprises qui relèvent de son secteur : ainsi en sera-t-il de l'agroalimentaire, du tourisme, de l'habitat, de la communication, des télécommunications (le cas entre autres d'Algérie Télécom), du transport. On est en train de rendre à César ce qui appartient à César. On va peut-être retrouver plus de cohérence dans le pilotage par des cadres ministériels plus au fait des choses de leur secteur.
Privatisations,
le cafouillage
La goutte qui a fait déborder le vase aura été le cas du holding émirati Emaar : après avoir annoncé un investissement de quelque 25 milliards de dollars, ce groupe international spécialisé dans l'immobilier a failli se retirer du marché algérien, du fait dit-on des lourdeurs bureaucratiques du département de M. Temmar (le MIPI). Ce dernier allait jusqu'à s'étonner lors du 3e forum des investisseurs arabes, qui s'était tenu à l'hôtel Sheraton, de ce chiffre astronomique de 25 milliards de dollars, colporté d'après lui par la presse. « Le chiffre réel ne dépasse pas, at-il affirmé, les 5 milliards de dollars. » La presse, pendant près de deux ans, s'est-elle livrée à des élucubrations, soit depuis le jour où des maquettes du groupe Emaar avaient été présentées au chef de l'Etat au cours d'une réception qui fut fortement médiatisée ? On avait senti comme un cafouillage à ce niveau. On a vu lors de ce même forum M. Abdelaziz Belkhadem descendre au charbon en venant animer des discussions à bâtons rompus avec les investisseurs arabes, et leur tenait un discours totalement différent de celui du ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI). Sa prestation fut du reste très appréciée par les mêmes investisseurs, qui se plaignaient de ne pas rencontrer en Algérie d'interlocuteurs valables et crédibles, allant jusqu'à lui demander de mettre en place au niveau de la Chefferie du gouvernement un guichet unique contrôlé par lui. Le désaveu était assez net vis-à-vis du MIPI.
Il semble que, las d'attendre, les responsables du groupe Emaar aient décidé de saisir par courrier le président de la République, qui a beaucoup œuvré pour attirer les investisseurs arabes du Golfe.
Histoire de statut
des entreprises
Il est permis de dire que la première fournée d'entreprises transférées à la tutelle n'a été que la partie visible de l'iceberg. Il ressort maintenant que c'est toute la stratégie mise en place par Hamid Temmar qui se voit taclée, et qui est passée au crible aux réunions du CPE.
En l'occurrence, le Chef du gouvernement a appliqué la tactique du canard : calme en apparence, mais faisant son travail sous l'eau. On dit qu'une large consultation a eu lieu au sein du CPE avant de prendre la décision de revoir le schéma d'ensemble de la gestion des participations de l'Etat. L'autre argument avancé par M. Temmar pour s'opposer au nouveau schéma concerne cette fois le statut juridique des entreprises : d'après lui, il faudrait dorénavant les ériger en EPA (administratif) et peut-être en EPIC (industrielle et commerciale), mais l'ensemble des autres membres auraient insisté pour que les entreprises gardent leur statut d'EPE, statut qui est mieux adapté à leurs missions. Cela dit, on annonce que les SGP ne disparaissent plus en tant que telles, à moins qu'elles ne retournent quelque part au bercail en revenant sous la tutelle de leurs ministères respectifs.
Cela dément quelque part tout ce qui a été écrit çà et là sur l'immobilisme du gouvernement. Car ce qui se passe avec cette histoire des SGP n'est pas un simple replâtrage, mais bien une reprise en main de tout un pan de notre tissu industriel public. Jusque-là, il y avait un seul projet clair : celui de la nécessaire privatisation de 1.200 entreprises. Tout ce qui se faisait en parallèle n'avait pour but que de conforter cet objectif prioritaire, comme celui de la mise à niveau et de l'opération d'évaluation de ces entités économiques publiques. Or, dans la mesure où l'on constate que le processus de privatisation patine, il est clair que c'est tout le processus qui grince. C'est normal, si la locomotive n'avance pas, comment voulez-vous que les wagons censés être tractés par elle puissent aller de l'avant ?
Autre chose à signaler, c'est l'accueil tiède réservé par les opérateurs économiques privés et les organisations patronales au schéma de la nouvelle stratégie du gouvernement présenté par M. Temmar, lui reprochant de faire la part belle aux IDE au détriment des nationaux. Aussi bien MM. Rebrab, patron de Cevital que Hamiani, président du FCE, ont soutenu l'idée que tous les pays dits émergents ont d'abord compté sur quelques grands holdings nationaux dans leur stratégie industrielle.
Les entraves des rouages administratifs
L'autre problème, et non des moindres, c'est la personnalisation de tout ce processus en la personne d'un seul ministre de la République, à savoir Hamid Temmar. Ce dernier a beau être un «privatiseur» de génie, un maestro, un chef d'orchestre exceptionnel, il ne peut absolument rien faire dans la jungle des lois et des rouages administratifs algériens. Il a les poings et pieds liés. Il suffit qu'un simple commis de l'Etat travaillant dans l'administration des domaines fasse de la résistance — et il en a les moyens — pour faire gripper toute la machine. Or c'est le cas de tout le processus de privatisation, où les opérations d'évaluation du patrimoine mobilier et immobilier font intervenir une foule d'opérateurs, de structures et d'administrations : les domaines, les agences foncières, foncier, les douanes, les impôts, les banques, le Trésor public, etc. Parfois, un même terrain qu'on croit appartenir à telle administration, relève en fait d'une autre, et bien malin celui qui arrive à démêler tout cet écheveau, et qui parvient à tirer son épingle du jeu. On raconte l'histoire de ce citoyen qui a voulu mettre en vente un bien immobilier lui appartenant en copropriété avec son conjoint d'origine européenne (française). Il fallait, sur conseils du notaire, introduire une demande auprès de la wilaya. Des mois après, on l'informe qu'un courrier avait été envoyé aux domaines, à trois opgi différents (allez savoir pourquoi), à la daïra. Certaines de ces institutions avaient eu la gentillesse de répondre au courrier qui leur était adressé, mais les autres n'ont daigné apporter aucune réponse, et depuis maintenant cinq ans, le dossier est toujours pendant au niveau de la wilaya d'Alger, où la seule explication qui lui a été donnée est la suivante : « Vous avez eu une mauvaise idée d'avoir épousé une Européenne », alors que cette femme partage sa vie depuis plus de quarante ans. N'est-ce pas s'immiscer dans la vie privée des gens ?
Cela dit, et pour revenir à notre sujet et aux entreprises publiques, on doit remarquer que les canards boiteux ont été pratiquement liquidés. Les 800 entreprises qui restent sont, dit-on, performantes. Elles font même des bénéfices.
L'autre problème qui se pose est celui de l'investissement : le guichet unique est-il devenu l'obstacle, un verrou à sauter pour renouer avec la performance ? La concentration des pouvoirs entre les mains d'une seule personne a-t-elle constitué une sorte d'écran de fumée qui a empêché la transparence d'avoir lieu ? A-t-on opté pour une nouvelle reconfiguration ? Va-t-on donner un coup de frein aux privatisations ? Quid de la stratégie industrielle du gouvernement ? Chantre du libéralisme, apôtre des privatisations, Hamid Temmar a beaucoup fait pour la promotion de l'économie de marché en Algérie. Cela dit, il est permis de dire qu'au chapitre des réalisations, il y a peu de choses à inscrire à son palmarès. Que faut-il en penser, sinon qu'il ne suffit pas d'être un bon parleur. Aujourd'hui, il s'agit bel et bien de faire des entreprises algériennes, qu'elles soient publiques ou privées, des outils performants, au service du développement et de la croissance économique. Toutes les belles paroles sur la production hors hydrocarbures sont restées des professions de foi. On voit même qu'un baril fort ne permet pas à la machine économique algérienne d'atteindre son rythme de croisière. Il était donc temps qu'un nouveau schéma d'organisation voie le jour.
Mini-révolution ou énième habillage de la gestion des capitaux marchands de l'Etat ? C'est la question que l'on peut se poser après avoir pris connaissance des dernières mesures en voie d'être prises par le comité interministériel et le CPE (Conseil des participations de l'Etat) en charge du secteur public et du processus de privatisation, un processus dans lequel Hamid Temmar, à la tête d'un super-ministère, jouait un rôle clef.
On avait déjà un avant-goût de ce qui allait se passer lorsque certaines EPE furent transférées il y a quelques semaines à un département ministériel ou une institution nationale, comme le ministère de la Communication, pour ce qui est de l'ANEP et des imprimeries et le ministère de la Défense nationale. Certains commentateurs de presse y voyaient déjà comme une nouveauté par rapport au schéma préétabli. Parce que cela allait à contre-courant de toute la philosophie en vogue depuis près d'une décennie, et qui est basée sur la privatisation tous azimuts. Qu'est-ce qui a pu motiver un tel revirement ? Sans doute les ratés mêmes de ce processus de privatisation…? Mais il y a plus que
ça : la double tutelle imposée à de nombreux secteurs montrait les limites d'une telle gestion, faisant que de nombreuses entreprises étaient laissées soit en jachère soit en pilotage automatique. Toutes les orientations prises pour dynamiser de nombreux secteurs : tourisme, agroalimentaire, croissance industrielle, technologie de pointe, voire même impulsion de l'investissement national et direct étranger, avaient du plomb dans l'aile et n'arrivaient pas à être concrétisées sur le terrain. Après ce début très timide et néanmoins annonciateur d'une nouvelle vision, dans le remodelage des SGP, on voit maintenant le mouvement prendre de l'ampleur, puisqu'on dit que chaque département ministériel reprendra sous sa tutelle les entreprises qui relèvent de son secteur : ainsi en sera-t-il de l'agroalimentaire, du tourisme, de l'habitat, de la communication, des télécommunications (le cas entre autres d'Algérie Télécom), du transport. On est en train de rendre à César ce qui appartient à César. On va peut-être retrouver plus de cohérence dans le pilotage par des cadres ministériels plus au fait des choses de leur secteur.
Privatisations,
le cafouillage
La goutte qui a fait déborder le vase aura été le cas du holding émirati Emaar : après avoir annoncé un investissement de quelque 25 milliards de dollars, ce groupe international spécialisé dans l'immobilier a failli se retirer du marché algérien, du fait dit-on des lourdeurs bureaucratiques du département de M. Temmar (le MIPI). Ce dernier allait jusqu'à s'étonner lors du 3e forum des investisseurs arabes, qui s'était tenu à l'hôtel Sheraton, de ce chiffre astronomique de 25 milliards de dollars, colporté d'après lui par la presse. « Le chiffre réel ne dépasse pas, at-il affirmé, les 5 milliards de dollars. » La presse, pendant près de deux ans, s'est-elle livrée à des élucubrations, soit depuis le jour où des maquettes du groupe Emaar avaient été présentées au chef de l'Etat au cours d'une réception qui fut fortement médiatisée ? On avait senti comme un cafouillage à ce niveau. On a vu lors de ce même forum M. Abdelaziz Belkhadem descendre au charbon en venant animer des discussions à bâtons rompus avec les investisseurs arabes, et leur tenait un discours totalement différent de celui du ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI). Sa prestation fut du reste très appréciée par les mêmes investisseurs, qui se plaignaient de ne pas rencontrer en Algérie d'interlocuteurs valables et crédibles, allant jusqu'à lui demander de mettre en place au niveau de la Chefferie du gouvernement un guichet unique contrôlé par lui. Le désaveu était assez net vis-à-vis du MIPI.
Il semble que, las d'attendre, les responsables du groupe Emaar aient décidé de saisir par courrier le président de la République, qui a beaucoup œuvré pour attirer les investisseurs arabes du Golfe.
Histoire de statut
des entreprises
Il est permis de dire que la première fournée d'entreprises transférées à la tutelle n'a été que la partie visible de l'iceberg. Il ressort maintenant que c'est toute la stratégie mise en place par Hamid Temmar qui se voit taclée, et qui est passée au crible aux réunions du CPE.
En l'occurrence, le Chef du gouvernement a appliqué la tactique du canard : calme en apparence, mais faisant son travail sous l'eau. On dit qu'une large consultation a eu lieu au sein du CPE avant de prendre la décision de revoir le schéma d'ensemble de la gestion des participations de l'Etat. L'autre argument avancé par M. Temmar pour s'opposer au nouveau schéma concerne cette fois le statut juridique des entreprises : d'après lui, il faudrait dorénavant les ériger en EPA (administratif) et peut-être en EPIC (industrielle et commerciale), mais l'ensemble des autres membres auraient insisté pour que les entreprises gardent leur statut d'EPE, statut qui est mieux adapté à leurs missions. Cela dit, on annonce que les SGP ne disparaissent plus en tant que telles, à moins qu'elles ne retournent quelque part au bercail en revenant sous la tutelle de leurs ministères respectifs.
Cela dément quelque part tout ce qui a été écrit çà et là sur l'immobilisme du gouvernement. Car ce qui se passe avec cette histoire des SGP n'est pas un simple replâtrage, mais bien une reprise en main de tout un pan de notre tissu industriel public. Jusque-là, il y avait un seul projet clair : celui de la nécessaire privatisation de 1.200 entreprises. Tout ce qui se faisait en parallèle n'avait pour but que de conforter cet objectif prioritaire, comme celui de la mise à niveau et de l'opération d'évaluation de ces entités économiques publiques. Or, dans la mesure où l'on constate que le processus de privatisation patine, il est clair que c'est tout le processus qui grince. C'est normal, si la locomotive n'avance pas, comment voulez-vous que les wagons censés être tractés par elle puissent aller de l'avant ?
Autre chose à signaler, c'est l'accueil tiède réservé par les opérateurs économiques privés et les organisations patronales au schéma de la nouvelle stratégie du gouvernement présenté par M. Temmar, lui reprochant de faire la part belle aux IDE au détriment des nationaux. Aussi bien MM. Rebrab, patron de Cevital que Hamiani, président du FCE, ont soutenu l'idée que tous les pays dits émergents ont d'abord compté sur quelques grands holdings nationaux dans leur stratégie industrielle.
Les entraves des rouages administratifs
L'autre problème, et non des moindres, c'est la personnalisation de tout ce processus en la personne d'un seul ministre de la République, à savoir Hamid Temmar. Ce dernier a beau être un «privatiseur» de génie, un maestro, un chef d'orchestre exceptionnel, il ne peut absolument rien faire dans la jungle des lois et des rouages administratifs algériens. Il a les poings et pieds liés. Il suffit qu'un simple commis de l'Etat travaillant dans l'administration des domaines fasse de la résistance — et il en a les moyens — pour faire gripper toute la machine. Or c'est le cas de tout le processus de privatisation, où les opérations d'évaluation du patrimoine mobilier et immobilier font intervenir une foule d'opérateurs, de structures et d'administrations : les domaines, les agences foncières, foncier, les douanes, les impôts, les banques, le Trésor public, etc. Parfois, un même terrain qu'on croit appartenir à telle administration, relève en fait d'une autre, et bien malin celui qui arrive à démêler tout cet écheveau, et qui parvient à tirer son épingle du jeu. On raconte l'histoire de ce citoyen qui a voulu mettre en vente un bien immobilier lui appartenant en copropriété avec son conjoint d'origine européenne (française). Il fallait, sur conseils du notaire, introduire une demande auprès de la wilaya. Des mois après, on l'informe qu'un courrier avait été envoyé aux domaines, à trois opgi différents (allez savoir pourquoi), à la daïra. Certaines de ces institutions avaient eu la gentillesse de répondre au courrier qui leur était adressé, mais les autres n'ont daigné apporter aucune réponse, et depuis maintenant cinq ans, le dossier est toujours pendant au niveau de la wilaya d'Alger, où la seule explication qui lui a été donnée est la suivante : « Vous avez eu une mauvaise idée d'avoir épousé une Européenne », alors que cette femme partage sa vie depuis plus de quarante ans. N'est-ce pas s'immiscer dans la vie privée des gens ?
Cela dit, et pour revenir à notre sujet et aux entreprises publiques, on doit remarquer que les canards boiteux ont été pratiquement liquidés. Les 800 entreprises qui restent sont, dit-on, performantes. Elles font même des bénéfices.
L'autre problème qui se pose est celui de l'investissement : le guichet unique est-il devenu l'obstacle, un verrou à sauter pour renouer avec la performance ? La concentration des pouvoirs entre les mains d'une seule personne a-t-elle constitué une sorte d'écran de fumée qui a empêché la transparence d'avoir lieu ? A-t-on opté pour une nouvelle reconfiguration ? Va-t-on donner un coup de frein aux privatisations ? Quid de la stratégie industrielle du gouvernement ? Chantre du libéralisme, apôtre des privatisations, Hamid Temmar a beaucoup fait pour la promotion de l'économie de marché en Algérie. Cela dit, il est permis de dire qu'au chapitre des réalisations, il y a peu de choses à inscrire à son palmarès. Que faut-il en penser, sinon qu'il ne suffit pas d'être un bon parleur. Aujourd'hui, il s'agit bel et bien de faire des entreprises algériennes, qu'elles soient publiques ou privées, des outils performants, au service du développement et de la croissance économique. Toutes les belles paroles sur la production hors hydrocarbures sont restées des professions de foi. On voit même qu'un baril fort ne permet pas à la machine économique algérienne d'atteindre son rythme de croisière. Il était donc temps qu'un nouveau schéma d'organisation voie le jour.


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