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Plongée dans la folie
«Répulsion» de Roman Polanski au ciné-club Chrysalide
Publié dans Le Midi Libre le 25 - 05 - 2008

La toute jeune Catherine Deneuve a crevé l'écran lors de la dernière projection du ciné-club Chrysalide. Le talent de la star s'est combiné au génie du réalisateur dans une œuvre très achevée.
La toute jeune Catherine Deneuve a crevé l'écran lors de la dernière projection du ciné-club Chrysalide. Le talent de la star s'est combiné au génie du réalisateur dans une œuvre très achevée.
Lorsque le réalisateur polonais Roman Polanski rencontre la toute jeune Catherine Deneuve pour la première fois, il lui propose immédiatement un rôle d'idiote dans «Naïves hirondelles». Vexée, elle le refuse. «Ce qu'on est sotte, n'est-ce pas, quand on est jeune !» avoue plus tard l'actrice qui se rattrape en acceptant de jouer le rôle de la blonde Carole, de «Répulsion». C'est que le génie du réalisateur ne lui a pas échappé. Et elle se félicite tout au long de sa vie d'avoir tourné ce film. «Ce qui est formidable avec lui, c'est qu'il supervise lui-même absolument tout. Il a été acteur, il fait le décor, il connaît les lumières. Dans son école de cinéma, on lui a tout appris. C'est la raison pour laquelle ses films ont vraiment un goût. Je ne parle pas de bon goût, mais un goût, simplement, le goût Polanski. En plus, j'ai beaucoup apprécié le côté morbide de mon personnage. C'est très agréable, pour un acteur, de jouer une méchante : on a vraiment quelque chose à faire, on le sent bien. C'est d'ailleurs un peu la même chose dans les comédies : on court, on fonce, on joue sur son mouvement.» Tout comme il fallait être Polanski pour choisir Deneuve, jeune fille au physique de princesse inaccessible, pour camper le personnage d'une petite sœur qui sombre dans la folie dès que son aînée, partie en vacances avec son amoureux, la laisse seule quelques jours. «Ce film ne valorisait pas directement ma féminité. Je découvrais des choses bien plus troubles, une pulsion violente dans beaucoup de douceur. Polanski me disait, par exemple, approchant la caméra de mon œil, que j'avais l'œil inquiet, comme celui d'un cheval, d'un poulain...». Cette inquiétude de la jeune Carole se meut en terreur dès que sa sœur la quitte en la chargeant de payer le loyer de l'appartement londonien que les deux jeunes filles partagent.
Blonde, glaciale et apparemment très fragile, la jeune esthéticienne Carole attire l'affection des femmes et l'admiration des hommes. Sa patronne et ses collègues du grand institut de beauté où elle travaille l'entourent gentiment. Cela ne l'empêche pas de sombrer dans le silence et l'isolement dès le départ de sa sœur. Elle éprouve une profonde antipathie pour l'amoureux de sa sœur et supporte très mal son intrusion dans leur vie. Ce rejet semble englober tous les hommes de son entourage. Elle refuse les avances d'un beau jeune homme qui, réellement mordu, la poursuit sans relâche. Seule, elle plonge dans un monde intérieur terrifiant : des mains sortent des murs pour se saisir d'elle. Puis le mur se fend et le même homme, toujours, l'agresse sauvagement. Peu à peu elle est engloutie par cette intériorité de souffrances obsessionnelles. Lorsque son jeune admirateur retrouve sa trace et vient frapper à la porte de son appartement, elle refuse d'ouvrir. Il défonce alors la porte pour pouvoir lui déclarer ses sentiments. La jeune fille, qui s'est armée d'un lourd chandelier, profite du moment où il a le dos tourné pour lui fracasser le crâne. Puis, elle le plonge dans la baignoire pleine d'eau de la salle de bain. Peu à peu elle s'isole totalement du monde extérieur et de la réalité. Ainsi on la voit chanter en repassant du linge sans se rendre compte que le fer n'est pas branché. Sa seconde victime est le propriétaire de l'appartement qui vient récupérer l'argent du loyer. Aguiché par la tenue négligée de la jeune fille, il lui fait des avances de plus en plus pressantes. Armée du rasoir appartenant au boy-friend de sa sœur, elle le massacre avec furie. Lorsque la grande sœur revient de voyage, elle découvre Carole dans un terrible état de faiblesse, réfugiée sous le lit. Elle n'a pas mangé depuis des jours et semble dans un état proche du coma. Les voisins qui n'ont jamais rien entendu accourent. La caméra capte le regard chargé que porte sur Carole le petit ami de sa sœur qui la transporte dans ses bras… Parmi les dernières images du film, la caméra zoome sur une photo de famille où l'on voit la très jeune Carole qui pose sur son père son terrible regard à la fois vide, inquiet et féroce. Le film semble interroger les évènements qui, dans l'enfance de la petite fille, auraient été à l'origine de sa fatale répulsion pour les hommes.
«Répulsion», sorti en 1965 est considéré comme un thriller schizophrénique. Il est le second long métrage de Roman Polanski et a obtenu l'Ours d'Argent au festival de Berlin. Durant le débat qui a suivi le film projeté vendredi à la salle Zinet de l'Oref, dans le cadre du cycle «Avant-goût» du ciné-club Chrysalide, une spectatrice a souligné l'excellence de ce second long métrage d'un réalisateur débutant. Auparavant, Polanski a tourné en 1962 , «Le couteau dans l'eau» qui a connu un succès international retentissant.
Né le 18 août 1933 à Paris, Roman Polanski, de son vrai nom Raymond Roman Liebling, a vécu dans le ghetto de Cracovie. Durant la montée du nazisme, il échappe à la rafle qui mène ses parents en déportation. Sa mère meurt à Auschwitz. Il se réfugie à la campagne et ne retrouve son père qu'après la guerre. C'est pourtant la mésentente car son père s'est remarié et le jeune garçon ne supporte pas sa belle-mère. Artiste complet, il est à la fois réalisateur, producteur, metteur en scène, scénariste et comédien. Ses nombreuses œuvres, d'une créativité très personnelle, sont de véritables leçons. Le couteau dans l'eau, Répulsion, Cul de sac, Le Bal des vampires, Rosemary's Baby, Chinatown, Le Locataire, Le Pianiste, notamment, ont été reçues par le public de manière inégale.
Comme «Répulsion», elles révèlent un souci perfectionniste du détail. Grinçantes ou sanglantes, elles questionnent l'humain dans sa complexité.
Lorsque le réalisateur polonais Roman Polanski rencontre la toute jeune Catherine Deneuve pour la première fois, il lui propose immédiatement un rôle d'idiote dans «Naïves hirondelles». Vexée, elle le refuse. «Ce qu'on est sotte, n'est-ce pas, quand on est jeune !» avoue plus tard l'actrice qui se rattrape en acceptant de jouer le rôle de la blonde Carole, de «Répulsion». C'est que le génie du réalisateur ne lui a pas échappé. Et elle se félicite tout au long de sa vie d'avoir tourné ce film. «Ce qui est formidable avec lui, c'est qu'il supervise lui-même absolument tout. Il a été acteur, il fait le décor, il connaît les lumières. Dans son école de cinéma, on lui a tout appris. C'est la raison pour laquelle ses films ont vraiment un goût. Je ne parle pas de bon goût, mais un goût, simplement, le goût Polanski. En plus, j'ai beaucoup apprécié le côté morbide de mon personnage. C'est très agréable, pour un acteur, de jouer une méchante : on a vraiment quelque chose à faire, on le sent bien. C'est d'ailleurs un peu la même chose dans les comédies : on court, on fonce, on joue sur son mouvement.» Tout comme il fallait être Polanski pour choisir Deneuve, jeune fille au physique de princesse inaccessible, pour camper le personnage d'une petite sœur qui sombre dans la folie dès que son aînée, partie en vacances avec son amoureux, la laisse seule quelques jours. «Ce film ne valorisait pas directement ma féminité. Je découvrais des choses bien plus troubles, une pulsion violente dans beaucoup de douceur. Polanski me disait, par exemple, approchant la caméra de mon œil, que j'avais l'œil inquiet, comme celui d'un cheval, d'un poulain...». Cette inquiétude de la jeune Carole se meut en terreur dès que sa sœur la quitte en la chargeant de payer le loyer de l'appartement londonien que les deux jeunes filles partagent.
Blonde, glaciale et apparemment très fragile, la jeune esthéticienne Carole attire l'affection des femmes et l'admiration des hommes. Sa patronne et ses collègues du grand institut de beauté où elle travaille l'entourent gentiment. Cela ne l'empêche pas de sombrer dans le silence et l'isolement dès le départ de sa sœur. Elle éprouve une profonde antipathie pour l'amoureux de sa sœur et supporte très mal son intrusion dans leur vie. Ce rejet semble englober tous les hommes de son entourage. Elle refuse les avances d'un beau jeune homme qui, réellement mordu, la poursuit sans relâche. Seule, elle plonge dans un monde intérieur terrifiant : des mains sortent des murs pour se saisir d'elle. Puis le mur se fend et le même homme, toujours, l'agresse sauvagement. Peu à peu elle est engloutie par cette intériorité de souffrances obsessionnelles. Lorsque son jeune admirateur retrouve sa trace et vient frapper à la porte de son appartement, elle refuse d'ouvrir. Il défonce alors la porte pour pouvoir lui déclarer ses sentiments. La jeune fille, qui s'est armée d'un lourd chandelier, profite du moment où il a le dos tourné pour lui fracasser le crâne. Puis, elle le plonge dans la baignoire pleine d'eau de la salle de bain. Peu à peu elle s'isole totalement du monde extérieur et de la réalité. Ainsi on la voit chanter en repassant du linge sans se rendre compte que le fer n'est pas branché. Sa seconde victime est le propriétaire de l'appartement qui vient récupérer l'argent du loyer. Aguiché par la tenue négligée de la jeune fille, il lui fait des avances de plus en plus pressantes. Armée du rasoir appartenant au boy-friend de sa sœur, elle le massacre avec furie. Lorsque la grande sœur revient de voyage, elle découvre Carole dans un terrible état de faiblesse, réfugiée sous le lit. Elle n'a pas mangé depuis des jours et semble dans un état proche du coma. Les voisins qui n'ont jamais rien entendu accourent. La caméra capte le regard chargé que porte sur Carole le petit ami de sa sœur qui la transporte dans ses bras… Parmi les dernières images du film, la caméra zoome sur une photo de famille où l'on voit la très jeune Carole qui pose sur son père son terrible regard à la fois vide, inquiet et féroce. Le film semble interroger les évènements qui, dans l'enfance de la petite fille, auraient été à l'origine de sa fatale répulsion pour les hommes.
«Répulsion», sorti en 1965 est considéré comme un thriller schizophrénique. Il est le second long métrage de Roman Polanski et a obtenu l'Ours d'Argent au festival de Berlin. Durant le débat qui a suivi le film projeté vendredi à la salle Zinet de l'Oref, dans le cadre du cycle «Avant-goût» du ciné-club Chrysalide, une spectatrice a souligné l'excellence de ce second long métrage d'un réalisateur débutant. Auparavant, Polanski a tourné en 1962 , «Le couteau dans l'eau» qui a connu un succès international retentissant.
Né le 18 août 1933 à Paris, Roman Polanski, de son vrai nom Raymond Roman Liebling, a vécu dans le ghetto de Cracovie. Durant la montée du nazisme, il échappe à la rafle qui mène ses parents en déportation. Sa mère meurt à Auschwitz. Il se réfugie à la campagne et ne retrouve son père qu'après la guerre. C'est pourtant la mésentente car son père s'est remarié et le jeune garçon ne supporte pas sa belle-mère. Artiste complet, il est à la fois réalisateur, producteur, metteur en scène, scénariste et comédien. Ses nombreuses œuvres, d'une créativité très personnelle, sont de véritables leçons. Le couteau dans l'eau, Répulsion, Cul de sac, Le Bal des vampires, Rosemary's Baby, Chinatown, Le Locataire, Le Pianiste, notamment, ont été reçues par le public de manière inégale.
Comme «Répulsion», elles révèlent un souci perfectionniste du détail. Grinçantes ou sanglantes, elles questionnent l'humain dans sa complexité.


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