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Les dires multiples de l'exil
Lectures croisées de Mohamed Kacimi et Nancy Huston au CCF
Publié dans Le Midi Libre le 21 - 04 - 2009

Bel exercice artistique que celui auquel se sont adonné Nancy Huston et Mohamed Kacimi, dimanche soir, sur la scène du CCF d'Alger. Dans une symbiose remarquable, les deux écrivains ont fait vivre par une lecture palpitante, leurs écrits romanesques ou poétiques, consacrés à l'exil.
Bel exercice artistique que celui auquel se sont adonné Nancy Huston et Mohamed Kacimi, dimanche soir, sur la scène du CCF d'Alger. Dans une symbiose remarquable, les deux écrivains ont fait vivre par une lecture palpitante, leurs écrits romanesques ou poétiques, consacrés à l'exil.
L'art ne connaît pas de frontières dit-on. C'est en tous les cas ce qu'ont démontré ces deux auteurs vivant en France et se définissant comme des artistes de l'exil. Elle, allure de danseuse de ballet, chevelure rousse et gestes déliés, lui avec une voix que l'émotion faisait parfois trébucher, ont au cours de cette lecture singulière donné chair, couleur, lumière et mouvement à des productions d'encre sur papier. Sur un écran de cinéma invisible, les spectateurs ont retrouvé Tunis et les îles Kerkennah avec cette dame qui choisit de s'y rendre dès qu'elle apprend qu'elle est atteinte d'une maladie à issue fatale. Quittant la France pour rechercher Hamadi, un pêcheur qu'elle a connu dans sa jeunesse, elle finit par le retrouver psalmodiant des prières sur la jetée. Le reconnaissant à sa voix, elle aborde l'homme aux yeux maquillés. Il la rejette violemment comme une tentation du démon. Paradoxalement, cette brutalité gratuite a des effets thérapeutiques, puisque quittant ce pays où l'on coupe les arbres pour faire taire les oiseaux et où « l'on égorge la mer », Laure accepte enfin l'idée de mourir et de vieillir. Sur cette lancée aigre-douce, Mohamed Kacimi, qui vit en France depuis 25 ans, fera hurler de rire l'auditoire en lisant quelques extraits de son dernier roman "L'Orient après l'amour". D'un voyage en Egypte, le narrateur offre une brassée de souvenirs qui souligne avec une vigoureuse dérision le manque total de liberté dans des contrées somptueuses. Un espoir mitigé de croyant pratiquant l'auto-flagellation a pourtant jailli de cette lecture acide qui semblait exorciser une «honte de l'opprimé» toute fanonienne. La complexité existentielle induite par la condition d'exilé a été explorée par les deux artistes. "Je ne fais pas partie du monde littéraire français je préfère les paysans berrichons" a déclaré Nancy Huston qui a pourtant enrichi la littérature francophone de nombre d'œuvres de qualité. Lisant des extraits de son roman «Une adoration», les deux récitants ont donné la parole à un couteau venu des Haut-Plateaux algériens. Cette ancienne arme, transmise de génération en génération dans une famille dont la dernière a émigré, a été utilisée pour commettre un assassinat. M. Couteau exprime ce qui fait jubiler sa nature de couteau au cours du procès qui tente d'élucider le crime. Latifa, la mère de l'assassin présumé, se livre alors avec brio à une description de la vie de ghetto. A une spectatrice lui demandant l'origine de son intérêt pour l'Algérie, Nancy Huston, d'origine canadienne, a expliqué que l'une de ses plus vieilles amies en France n'est autre que l'auteure Leïla Sebbar avec laquelle elle a d'abord collaboré à des revues consacrées au combat des femmes. Cette collaboration débouche en 1986 sur une œuvre commune intitulée «Lettres parisiennes : Autopsie de l'exil ». «Je prends conscience aujourd'hui du vide auquel je me suis confrontée, je ne me sens plus de communauté de famille d'esprit.
Que me reste-t-il ? Aussi, comment, où me situer ? Et to i? Il me semble que parfois ma seule terre, c'est l'écriture, l'école, le livre..." s'écrivent alors les deux femmes aux destinées parallèles. Prises dans le mouvement irréversible de la vie, elles sont mariées et ont des enfants en France, ce qui, souligne Nancy, rend impossible le retour à la case départ. « Je reconnais que j'aime l'esprit superficiel des Français, leur badinage et puis en France j'ai appris à manger et à cuisiner ! » a reconnu celle qui passe de longues heures à visiter les prisonniers de Fleury- Mérogi , dont la majorité est issue de l'immigration.
L'art ne connaît pas de frontières dit-on. C'est en tous les cas ce qu'ont démontré ces deux auteurs vivant en France et se définissant comme des artistes de l'exil. Elle, allure de danseuse de ballet, chevelure rousse et gestes déliés, lui avec une voix que l'émotion faisait parfois trébucher, ont au cours de cette lecture singulière donné chair, couleur, lumière et mouvement à des productions d'encre sur papier. Sur un écran de cinéma invisible, les spectateurs ont retrouvé Tunis et les îles Kerkennah avec cette dame qui choisit de s'y rendre dès qu'elle apprend qu'elle est atteinte d'une maladie à issue fatale. Quittant la France pour rechercher Hamadi, un pêcheur qu'elle a connu dans sa jeunesse, elle finit par le retrouver psalmodiant des prières sur la jetée. Le reconnaissant à sa voix, elle aborde l'homme aux yeux maquillés. Il la rejette violemment comme une tentation du démon. Paradoxalement, cette brutalité gratuite a des effets thérapeutiques, puisque quittant ce pays où l'on coupe les arbres pour faire taire les oiseaux et où « l'on égorge la mer », Laure accepte enfin l'idée de mourir et de vieillir. Sur cette lancée aigre-douce, Mohamed Kacimi, qui vit en France depuis 25 ans, fera hurler de rire l'auditoire en lisant quelques extraits de son dernier roman "L'Orient après l'amour". D'un voyage en Egypte, le narrateur offre une brassée de souvenirs qui souligne avec une vigoureuse dérision le manque total de liberté dans des contrées somptueuses. Un espoir mitigé de croyant pratiquant l'auto-flagellation a pourtant jailli de cette lecture acide qui semblait exorciser une «honte de l'opprimé» toute fanonienne. La complexité existentielle induite par la condition d'exilé a été explorée par les deux artistes. "Je ne fais pas partie du monde littéraire français je préfère les paysans berrichons" a déclaré Nancy Huston qui a pourtant enrichi la littérature francophone de nombre d'œuvres de qualité. Lisant des extraits de son roman «Une adoration», les deux récitants ont donné la parole à un couteau venu des Haut-Plateaux algériens. Cette ancienne arme, transmise de génération en génération dans une famille dont la dernière a émigré, a été utilisée pour commettre un assassinat. M. Couteau exprime ce qui fait jubiler sa nature de couteau au cours du procès qui tente d'élucider le crime. Latifa, la mère de l'assassin présumé, se livre alors avec brio à une description de la vie de ghetto. A une spectatrice lui demandant l'origine de son intérêt pour l'Algérie, Nancy Huston, d'origine canadienne, a expliqué que l'une de ses plus vieilles amies en France n'est autre que l'auteure Leïla Sebbar avec laquelle elle a d'abord collaboré à des revues consacrées au combat des femmes. Cette collaboration débouche en 1986 sur une œuvre commune intitulée «Lettres parisiennes : Autopsie de l'exil ». «Je prends conscience aujourd'hui du vide auquel je me suis confrontée, je ne me sens plus de communauté de famille d'esprit.
Que me reste-t-il ? Aussi, comment, où me situer ? Et to i? Il me semble que parfois ma seule terre, c'est l'écriture, l'école, le livre..." s'écrivent alors les deux femmes aux destinées parallèles. Prises dans le mouvement irréversible de la vie, elles sont mariées et ont des enfants en France, ce qui, souligne Nancy, rend impossible le retour à la case départ. « Je reconnais que j'aime l'esprit superficiel des Français, leur badinage et puis en France j'ai appris à manger et à cuisiner ! » a reconnu celle qui passe de longues heures à visiter les prisonniers de Fleury- Mérogi , dont la majorité est issue de l'immigration.


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