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Sociologie de la protestation salariale
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 01 - 03 - 2010


Le Quotidien d'Oran
La protestation salariale est en train de se radicaliser chez les enseignants et les médecins qui semblent déterminés à faire plier le gouvernement sur la question des salaires et de la représentativité de leurs syndicats. Il ne se passe pas en effet un jour où la presse ne rapporte pas des arrêts de travail, des marches et des sit-in de travailleurs et de fonctionnaires.
Le citoyen se demande pourquoi le gouvernement ne satisfait ces revendications pour mettre un terme à ces agitations qui perturbent les services publics comme l'hôpital et l'école. D'un côté, le prix du pétrole est assez élevé pour permettre aux finances de l'Etat de supporter une augmentation légitime des salaires ; et de l'autre côté, les syndicats autonomes sont plus représentatifs que l'UGTA devenue un appendice de l'administration. L'opinion se demande comment un régime qui a abandonné le système du parti unique refuse avec autant d'obstination le pluralisme syndical reconnu pourtant par la loi 90-14 relative aux modalités d'exercice du droit syndical ? Ce n'est pas aussi simple parce que ces deux revendications, portant sur les salaires et la représentativité des syndicats, mettent à nu les contradictions du régime qu'il ne peut résoudre sans se transformer radicalement. Le contrôle administratif du niveau des salaires est une nécessité vitale dans une économie dépendant principalement de l'exportation des hydrocarbures dont le prix sur le marché international peut diminuer de moitié en quelques mois. L'échec de l'industrialisation des années 1970 signifie que l'industrie a été incapable de créer un surplus pour relayer les exportations des hydrocarbures comme source de richesses.
Le secteur économique public continue d'être déficitaire et continue d'être un fardeau pour le budget de l'Etat, et le gouvernement refuse les réformes économiques qu'on opérées par exemple les pays de l'ex-Europe de l'Est dans les années 1990. Seuls des hôtels et quelques secteurs rentables ont été privatisés. Le reste est demeuré une économie administrée comme dans les années 1970 avec la faiblesse de la rentabilité des capitaux et celle de la productivité du travail. Le régime algérien ressemble à cet enfant qui a mal aux dents et qui ne veut pas aller chez le dentiste. Il est vrai que les réformes économiques ont un coût politique qu'il n'est pas prêt à supporter. Il choisit alors ce qui semble être une voie facile : vider les salaires de leur pouvoir d'achat par la dévaluation du dinar. Dans ces conditions, le salaire n'est pas une partie du surproduit ricardien, mais plutôt une rétribution politico-sociale dont le niveau est décidé par l'administration. L'économie n'étant pas productive et ne créant pas de richesses, à l'exception des hydrocarbures qui sont un don de la nature, le gouvernement n'a pas les moyens de payer les fonctionnaires sur le critère du niveau de vie. C'est comme si l'échec économique du régime est payé par la baisse du pouvoir d'achat des revenus des travailleurs, fonctionnaires compris. Il est à constater que les protestataires revendiquent le retour au pouvoir d'achat du début des années 1990. Si cette revendication est satisfaite, cela reviendrait à multiplier les salaires par quatre ou cinq fois.
La stratégie du gouvernement est de faire traîner les négociations avec les syndicats et de gagner du temps, au moins jusqu'au début de la coupe du monde dont il est espéré qu'elle fera baisser la mobilisation sociale. C'est un certain match Egypte-Algérie qui a mis fin à trois semaines de grève des enseignants des lycées et collèges en novembre dernier. Le football est devenu une ressource de démobilisation très utile pour le régime dans des moments de tensions sociales. Outre le football, le gouvernement a aussi des stratégies offensives de déstabilisation des syndicats autonomes en les infiltrant et en harcelant les militants les plus déterminés par des poursuites judiciaires. Mais ces stratégies ne sont efficaces que dans le court terme et ne dissuaderont pas la protestation portée par une lame de fond. Il est aisé de surveiller une dizaine d'universités et de fabriquer une centaine de faux syndicalistes universitaires. Mais avec 1400 lycées et collèges, c'est quasiment impossible. Il est difficile de venir à bout de dizaines de milliers d'enseignants qui affirment être incapables de subvenir aux besoins alimentaires de leurs familles. Par ailleurs, la répression brutale n'est pas non plus efficace. Il est plus facile de réprimer la contestation islamiste que la protestation salariale. L'opinion nationale et internationale admettra plus facilement l'arrestation d'un islamiste présenté comme terroriste que celle d'un médecin ou un d'enseignant accusé de mener une grève pour revendiquer une augmentation de salaire.
Cette lutte entre les travailleurs et le gouvernement va être implacable, mais ce dernier est en position de faiblesse. Il finira par accepter les revendications salariales lorsqu'il aura pris la mesure du danger que court le régime dans son ensemble. Les risques d'explosion sociale sont immenses si l'examen du baccalauréat n'est pas organisé en mai-juin 2010. Les lycéens descendraient dans la rue dans toutes les villes et le pays pourrait basculer dans la violence et l'anarchie. Les services de sécurité et l'armée seront incapables de rétablir l'ordre public. Par ailleurs, l'agitation sociale alimentée par les enseignants et les médecins ravive les antagonismes entre le pouvoir réel et le pouvoir formel qui se rejettent la responsabilité de la crise sociale qui devient ainsi politique. Bouteflika pourrait dire qu'il n'a pas l'autorité de résoudre la question salariale ou bien qu'on lui a imposé des ministres qui ne sont pas à la hauteur de la tâche. Les décideurs quant à eux, « Ahl el Hal oual ‘Aqd», l'accusent d'avoir échoué à améliorer la situation économique, ce qui aurait rendu possible des augmentations de salaires. Ils le soupçonnent en outre de vouloir paralyser la décision administrative pour créer un chaos dont il pense être le bénéficiaire. Les affaires de corruption présentées par le DRS à la justice concernant la Sonatrach et la construction de l'autoroute Est-Ouest ne sont certainement pas étrangères à cette lutte en sourdine au sommet de l'Etat entre un pouvoir réel source de légitimité et un pouvoir formel qui a des privilèges mais pas d'autorité. Il ne faut pas oublier aussi que les clientèles respectives des pouvoirs réel et formel seront tentées de jouer le pourrissement pour mettre en difficulté les adversaires du clan d'en face
Il est opportun de se demander pourquoi ce sont les classes moyennes (médecins, enseignants, fonctionnaires…) qui sont à la pointe des revendications et non pas les travailleurs de l'industrie. A défaut d'une enquête de terrain qui renseignerait sur le niveau de vie des différentes catégories des travailleurs, il y a lieu d'émettre des hypothèses, à confirmer ou infirmer par un travail de recherche. La première hypothèse est que les travailleurs de l'industrie, appartenant aux couches sociales les plus populaires, vivent en grande partie dans des familles élargies où il y aurait plusieurs revenus dans le même espace domestique. Il est en effet fréquent qu'un ouvrier ait des enfants qui travaillent et qui vivent avec lui sous le même toit (Cf. L. Addi, Les mutations de la société algérienne, La Découverte, 1999). A l'inverse, la forme nucléaire de la famille (couple avec enfants) est plus répandue chez les enseignants et encore plus chez les médecins. Certes, le conjoint du médecin a souvent un emploi, mais le niveau de vie est tel que les deux salaires ne sont pas suffisants. Un couple de médecins avec quatre enfants a en moyenne 80 000 dinars par mois, ce qui est en Algérie suffisant pour satisfaire les besoins alimentaires, mais non pour les vacances, les loisirs et la construction de la maison. Par ailleurs, le médecin ne peut pas avoir une source de revenu dans le travail informel comme le font de nombreux employés de l'administration, y compris les enseignants de l'université à qui il arrive de gérer un commerce avec un beau-frère ou de faire le taxi clandestin. La nature du travail du médecin ne lui permet pas d'avoir du temps libre pour une activité informelle. Il a, par ailleurs, une opinion élevée de sa fonction – heureusement – pour s'adonner à des activités indignes de sa profession et qui le rabaisseraient socialement. C'est ce qui explique qu'ils sont avec les enseignants du secondaire – qui sont sur les lieux de travail huit heures par jour – à la pointe du combat salarial. Pour eux, il n'y a pas d'autre alternative, à moins de penser à émigrer, ce que font beaucoup d'entre eux. L'enseignant de l'université enseigne quatre ou six heures par semaine, et le reste du temps est théoriquement utilisé à l'amélioration qualitative de ses cours et à la recherche scientifique. Il consacre malheureusement ce temps à se procurer des revenus supplémentaires, ce qui a des conséquences sur le niveau de formation des étudiants et sur la production scientifique nationale. L'université algérienne est classée dernière dans le pourtour méditerranéen, juste avant la Libye en matière de publications scientifiques.
Des salaires bas affaiblissent la productivité du travail, empêchent la création de richesses, portent atteinte à la qualité des services publics et poussent les cadres à s'expatrier. C'est pourquoi la protestation salariale qui se développe va dans le sens des intérêts de la nation et de l'avenir du pays.


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