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Quel rôle pour quelle élite en Algérie ?
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 09 - 06 - 2012


PES/ Journaliste
Trop longtemps, les débats entre les élites algériennes ont porté sur ce qui, substantiellement, a trait à la production intellectuelle, sa quantité, sa qualité et son expression, cette dernière étant conçue essentiellement au plan linguistique. Le conflit opposant arabophones et francophones a d'ailleurs, durant des décennies, dominé la scène culturelle nationale au point où un intellectuel des plus en vue en Algérie se demande, dans le sillage des inetellectocides des années quatre vingt dix, si les Algériens mouraient de leur francophonie . Ce conflit, bien entendu, n'est pas sans avoir des répercussions très préjudiciables sur l'évolution culturelle de notre société. Au lieu, en effet, d'engager des débats sur les questions de fonds de sorte à construire un idéal éthique, civique, intellectuel, citoyen et politique autour duquel pourrait se structurer un projet de société viable, certains intellectuels algériens, tantôt par égoïsme, tantôt par allégeance à des chapelles idéologiques et politiques d'ici et d'ailleurs, ont laissé se faire les chose selon le bon vouloir de ceux qu'il est encore temps d'appeler les « proxénètes de mademoiselle Algérie ». C'est-à-dire, ils ont fait fi de la science et laissé faire les incultes et les dieux de l'imposture.
Ce laxisme, voire cette paresse de l'élite intellectuelle algérienne, s'est soldée par l'effondrement quasi-total de l'ordre citoyen et moral dans notre société et l'entrée de l'Algérie dans la zone des risques majeures. En somme, la culture algérienne a perdu sa dimension avant-gardiste. Aujourd'hui, si les malaises linguistiques continuent encore à sévir de notre société, il n'en demeure pas moins que le problème ne se pose pas tant sur le plan de la production et de l'expression que sur celui de la distribution. En effet, même si la maitrise des langues, notamment française, fait de plus en plus défaut au sein de la société, y compris dans les milieux universitaires et journalistique, la diffusion des idées portées par des intellectuels, francophones et arabophones, est devenue très difficile, voire impossible, à cause du désintérêt des Algériens pour la culture. Incontestablement. Il est vrai que la faillite du système éducatif algérien, notamment d'un point de vue pédagogique, l'éventrement de l'université, la fermeture des salles de cinéma, le manque de bibliothèques, la cherté du livre, etc., font que les Algériens ne lisent plus comme avant. Mais la responsabilité de ce désintérêt incombe avant tout aux intellectuels. Qu'ont-ils fait en effet, pour empêcher l'effondrement de la société ? Ils ont écrit des livres ? Les statistiques de l'Unesco font montre, en matière de lecture par Algérien, de la moyenne d'une page et demie par an. Les Algériens ne lisent pas. La société algérienne est livrée à l'école de la rue, laquelle est faite de rumeurs, de clichés, de superstitions, de dogmes. Cette réalité, les intellectuels algériens ont refusé de la voir. Au lieu de dépenser leurs énergies de sorte à créer une société capable de les porter et de les supporter, au lieu de lutter pour créer chez eux les conditions de leur épanouissement, ils sont partis chercher la reconnaissance ailleurs. L'ailleurs des grandes messes « centriques ».
La responsabilité de cette situation d'abandon, de solitude morale, d'égarement, de médiocrité dans laquelle se trouve la société algérienne est très dangereuse à long terme. Il est vrai que les élites, politique notamment, souvent montés sur leurs grands chevaux, investis dans des tentatives vaines de reproduction de modèles sans prise aucune avec la réalité culturelle algérienne, ont crée un climat de méfiance entre eux et la société. Il en est ainsi, à titre d'exemple, des islamo-conservateurs algériens qui s'inspirent du wahhabisme et de la confrérie de Frères Musulmans, des laïco-républicains se nourrissant du lait voltairien qui passent leur temps à « se tromper de société », ou encore des gauchistes, ces révolutionnaires de la vingt-cinquième heure, qui continuent à voir le mur de Berlin dans leurs fantasmes idéologiques. Ces intellectuels, par paresse et par couardise scientifique, préfèrent aller pécher dans les eaux claires de la science occidentale. Cherchent le prêt-à-penser. Pourtant, la société algérienne, dont « l'historiquement construit » est encore opératoire, a ses traditions, ses croyance, ses mythes, ses réalités, ses visions, ses aspirations et c'est à partir des phénomènes majeures qui la traversent que les théories qui la définissent et qui la projettent dans l'avenir devraient être tirées pour être ensuite enrichies par d'autres. Les traditions peuvent être un facteur de délégitimation de tout processus de développement s'articulant autour d'idées nouvelles ou iconoclastes comme le démontre d'une façon magistrale Slimane Medhar dans son livre Tradition contre développement. Mais, fondamentalement, les solutions sont à chercher dans notre société, « ce foyer de l'histoire » pour reprendre les mots de Marx. Au Brésil, l'immense philosophe Paulo Freire est un exemple et ses théories, d'essence brésilienne, font école dans toute l'Amérique latine. Il est vrai aussi que, né dans des crises toujours recyclées, les intellectuels algériens n'ont jamais eu le temps de murir leurs visions, leur démarche étant profondément marquée par l'impératif de l'immédiateté et de l'urgence de l'action. Rachid Mokhtari n'a d'ailleurs pas hésité à appeler, dans son livre La Graphie de l'horreur, « la littérature d'urgence » les œuvres littéraires produites durant les années 1990. La littérature algérienne en effet, faite, à quelques exceptions près, de pamphlets, de plagiats esthétiques et de pochades semi-pornographiques, est essentiellement une littérature de « situation », sans aucune arrière garde philosophique, social et éthique. Une production intellectuelle d'urgence, en somme. Mais, fondamentalement, les intellectuels algériens, n'ayant pas d'identité légitime, refusent de se regarder dans la glace et s'approchent, comme dirait Nietzche, de la lumière non pas pour mieux voir mais pour mieux briller. C'est de l'aliénation, tranche, en fin psychiatre, Fanon.
Par ailleurs, l'intellectuel n'est ni un dieu qui fait, ni un démon qui défait. L'intellectuel n'est pas non plus celui qui, comme l'a écrit Sartre, se mêle de ce qui ne le regarde pas. L'intellectuel, dans le contexte algérien, doit être un inventeur de traditions car, il faut le dire, la société algérienne, d'essence paysanne, n'a pas de traditions intellectuelles lui permettant de concevoir un vivre-ensemble dans une perspective d'avenir. La société algérienne est toujours en chantier et ses bâtisseurs doivent la connaitre. Néanmoins, en plus des intellectuels, le régime en place assume aussi sa part de responsabilité dans cette crise. Depuis l'indépendance à ce jour, jamais le pouvoir politique n'a organisé un quelconque débat sérieux sur les questions qui intéressent le pays. Les élites politiques et intellectuelles, les vraies, ont de toujours été marginalisé par les pouvoirs publics et les médias nationaux, déclassées au profit de d'intellectuels de circonstance, ou encore ce que Pierre Bourdieu appelle « les intellectuels négatifs ». En effet, aucun intellectuel algérien, qu'il soit francophone ou arabophone, ne doit sa renommée à un médium algérien. Tous sont cuits dans des marmites, soient occidentales, soient orientales. Pourtant, la souveraineté d'un pays est d'abords dans la production du savoir et des élites. Le changement, dont tout le monde parle, commence donc par un effort dans la production du savoir et des élites, lesquels savoirs et élites ne peuvent exister sans la liberté de pensée et la disponibilité d'espace d'expression.
Aujourd'hui, tous les intellectuels parlent des élections, celles du 10 mai passé. Certains partisans de celles-ci veulent les faire passer pour un moment historique, fondateur. D'autres, opposant, les assimilent volontiers à un « apocalypse » en disant particulièrement qu'elles ont mis le pays « en danger ». C'est dire qu'ils font presque dans la fixation. Pourtant, les élections du 10 mai passé ne sont ni plus ni moins abjectes que les précédentes, ni d'ailleurs plus ou moins importantes. Une élection, dans quel contexte que ce soit, c'est l'aboutissement d'un processus de lutte démocratique marqué par des débats de hautes voltiges sur toutes les questions qui intéressent le pays. Chez nous, aucune élection, depuis 1962 à ce jour, ne s'est tenue dans cette logique. Toutes n'ont été que de fades moments de reconduite de l'échec et de la médiocratie et une redistribution des cartes entre parentèle et clientèle. Le FLN a obtenu plus de 200 sièges à l'APN. A tenir compte du changement attendu du scrutin du 10 mai, ce score est scandaleux. Mais ce qui est encore plus scandaleux, c'est la légèreté avec laquelle est envisagé l'avenir du pays par l'ensemble des partis ayant adhéré à la démarche du régime, à savoir remettre en selle le pouvoir politique en place. Ceux qui ont voté pour les partis représentés à l'APN savent-ils quels sont les objectifs de ces derniers? Ceux qui n'ont pas voté savent-il exactement pourquoi ils ont boycotté? Rien ne le dit. Aucun débat opposant ce parti-ci à ce parti-là n'a eu lieu. Aucun forum. On mijote le destin de la nation algérienne en cachette et on appelle cela une « tactique », une « stratégie », « une initiative politique ». Malheureusement, les intellectuels, même les plus en vue d'entre eux, ne font que se positionner pour ou contre ce qui se fait, refusant de poser les vraies questions, celles qui sont à même de remobiliser la société autour d'un projet de société global et cohérent. La remobilisation de la société se fait à travers l'ouverture d'un débat national sur toutes les questions et l'association de la société à ceux-ci. Ces débats, c'est aux intellectuels de se mobiliser pour qu'ils soient ouverts. Dénoncer, dénigrer et prendre des positions est une attitude primaire en matière d'intelligence sociale. Les élites algériennes n'ont pas le droit, encore une fois, de se tromper de combat.
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[1] Il s'agit de Lahouari Addi qui, dans un article intitulé « ces intellectuels qu'on assassine », publié dans la revue Esprit en 1995, affirme presque que les intellectuels assassinés durant la première moitié de la décennie noire l'ont été parce qu'ils étaient francophones, oubliant ainsi que bien d'autres, arabophones, ont été liquidés. Je pense ici particulièrement à Bekhti Benaouda, rachida Hammadi et Yefsah Smail.
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