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Vérités sur le grenouillage boulitique partisan en Tunisie.
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 20 - 12 - 2014

Tunisie : après son départ d'Ennahdha, Hamadi Jebali s'explique
Thierry Brésillon
Journaliste
Publié le 19/12/2014 à 11h55
http://blogs.rue89.nouvelobs.com/tunisie-libre
Hamadi Jebali, à son domicile à Sousse, le 17 décembre 2014 (Thierry Brésillon)
Hamadi Jebali a annoncé le 11 décembre sa démission du mouvement Ennahdha, à un moment où le parti est dans une phase critique, arrivé deuxième aux élections législatives, absent de la compétition présidentielle et engagé dans des tractations avec une formation politique qui se présente comme son adversaire idéologique.
Avec lui, le mouvement perd une de ses figures majeures. Premier ministre du gouvernement de coalition après la victoire électorale d'Ennahdha en octobre 2011, il avait opté pour une approche conciliante avec les cadres dans l'ancienne administration.
Dès la fin janvier 2013, il s'était affranchi des instances du parti et il avait défendu l'entrée dans le gouvernement de ministres non politiques, avant de proposer, au soir de l'assassinat de Chokri Belaïd, le 6 février 2013, la formation d'un gouvernement de technocrates.Une position farouchement refusée par la direction du parti. Il avait cédé la place à Ali Larayedh le 14 mars.
Il s'est expliqué longuement sur les raisons de son choix et son projet dans un long entretien accordé à Rue89.
Vous êtes une figure historique du parti, vous démissionnez dans un moment clé de la vie politique tunisienne. Comment faut-il interpréter votre départ ?
Hamadi Jebali, à son domicile à Sousse, le 17 décembre 2014 (Thierry Brésillon)
Je me suis engagé en 1972 dans ce qui allait devenir le parti Ennahdha pour une finalité : une Tunisie démocratique où les libertés d'opinion et d'organisation sont respectées. J'ai adhéré à cette finalité, et non à une structure. Or, aujourd'hui cet objectif est menacé par le déséquilibre des forces en raison des erreurs stratégiques de la direction d'Ennahdha.
C'est une erreur fatale de ne pas avoir présenté de candidat à la présidentielle. Plusieurs mois avant les élections, le parti disposait de résultats de sondages : sur dix, neuf donnaient à Nidaa Tounes une avance considérable. Pourquoi la direction d'Ennahdha, en sachant qu'elle allait perdre aux législatives, n'a-t-elle pas présenté de candidat à la présidentielle ? Elle aurait ainsi disposé d'un poids politique, même en cas de défaite. Ne pas se présenter à la présidentielle était un cadeau gratuit à Nidaa Tounes.
Elle a sans doute eu peur qu'un président islamiste provoque un scénario égyptien. Mais cela ne se serait pas produit. Car même l'Algérie veut un équilibre des pouvoirs en Tunisie et veut la participation d'Ennahdha pour garantir la stabilité du pays. C'est l'absence d'Ennahdha désormais qui fait peur, aux Algériens, ou aux Américains...
Ces choix ont produit leurs résultats électoraux. Dans quelle situation se trouve Ennahdha à présent ?
Ennahdha a rassemblé quasiment un million de voix aux législatives. Elle a laissé son électorat libre de choisir au second tour de la présidentielle et 73% des électeurs d'Ennahdha ont voté Marzouki. Sans renforcer la position du parti. Maintenant, le parti est divisé, il a perdu de son audience et même certains de ses adhérents. Il y a d'un côté la position des sympathisants et des militants et de l'autre celle de la direction. C'est grave.
La direction est dans une logique d'intégration au pouvoir. Mais Ennahdha va intégrer le gouvernement dans une position de faiblesse. C'est ce que cherche Béji Caïd Essebsi. Il l'a dit, il va régner seul. Le parti Ennahdha va se trouver à sa merci. Comment Ennahdha peut-il être un facteur d'équilibre dans ces conditions ? Comment va-t-elle peser face à la position dominante de Nidaa Tounes ?
Béji Caid Essebsi déclare qu'il va garantir la sécurité des islamistes, mais on ne fait pas de la politique avec les bonnes intentions de l'adversaire. Il faut un équilibre des forces réelles. Avec 69 députés, Ennahdha n'a rien. Il est confiné dans un piège avec à peine un tiers des sièges à l'Assemblée. Il est en train de perdre sa position dans la société et dans la scène politique. On sacrifie l'engagement de générations de militants pour arriver à un point où l'on dépend des bonnes intentions de Béji Caïd Essebsi.
Quel est le danger de ce déséquilibre ?
Maintenant tous les pouvoirs sont dans les mains de Béji Caïd Essebsi. Avec une majorité au Parlement, un Premier ministre et un président du même parti, alors on aura une hégémonie complète. Même si le Premier ministre est indépendant, c'est lui qui va le choisir.
Or ses antécédents, ses discours, ses actes montrent qu'il est loin d'être un démocrate. Il s'appuie sur les mêmes forces que l'ancien régime : l'argent sale, l'appareil sécuritaire, qui était l'outil de répression de Ben Ali, la magistrature au service de Ben Ali, toujours en place et qu'on n'a pas su corriger, et les médias, aujourd'hui en grande majorité alignés contre Moncef Marzouki. Les craintes d'une régression démocratique sont fondées. En France, il y a des garde-fous partout. Mais ici, nous sommes dans une période de construction de la démocratie.
Dans cette situation, quelle serait l'alternative pour Ennahdha ?
Je ne suis plus en position de donner des conseils, mais il ne faudrait pas se précipiter pour entrer au gouvernement. Il ne faut entrer qu'en posant des conditions. Sur sa composition, notamment le choix du Premier ministre, sur son programme : quelle politique sociale, budgétaire, économique, diplomatique ? Pour quelles réformes structurelles ? Je vois des gens de l'extrême droite à l'extrême gauche soutenir Béji Caïd Essebsi, mais quel programme les rassemble ?
Le débat entre conciliation et confrontation est récurrent dans l'histoire d'Ennahdha. La base militante reproche encore à Rached Ghannouchi sa stratégie conciliante avec Ben Ali entre 1988 et 1989, qui n'a pas empêché la répression à partir de 1990. Votre démission s'inscrit-elle dans la continuité de ce débat interne ?
Je ne suis pas contre la politique de conciliation. L'hebdomadaire Jeune Afrique a titré sur mon virage à droite. C'est faux. Ce sont les gens de Nidaa Tounes qui ont voulu me présenter comme un partisan de la confrontation.
En réalité, c'est pour sauver cette politique de consensus, de partenariat et d'ouverture que j'ai demandé à Ennahdha d'avoir une position de force permettant de garantir un équilibre.
Je ne suis pas pour la politique de la table rase, soi-disant révolutionnaire. Pour moi la révolution est une action très profonde, dans notre mentalité, dans la société. C'est une action graduelle dans la durée.
Je milite pour une véritable politique de consensus pour sauver ce choix démocratique. Or, nous sommes maintenant dans une situation de déséquilibre des forces qui va jouer contre la démocratie et le respect des libertés.
Quelle est votre position pour le second tour de l'élection présidentielle ?
Hamadi Jebali, à son domicile à Sousse, le 17 décembre 2014 (Thierry Brésillon)
Lorsque j'étais Premier ministre, j'étais souvent en opposition avec Moncef Marzouki sur la gestion de l'Etat. S'il est à Carthage, il sera toujours en lutte avec l'Assemblée et le gouvernement. Ce sera une posture difficile pour la gestion de l'Etat.
Mais je suis encore plus opposé à Béji Caid Essebsi. Ce ne sont pas seulement ses actes personnels qui posent problème, mais un système qui a fait la preuve de sa faillite démocratique. Ce sont des gens qui ont gouverné avec Bourguiba et avec Ben Ali, et qui, jusqu'à présent, n'ont jamais présenté une lecture critique de leur politique et de l'Histoire. Je ne vois pas comment je pourrais apporter à Béji Caïd Essebsi un soutien, même sous condition.
Pour Moncef Marzkoui, c'est un problème personnel avec sa méthode, qu'on peut critiquer, mais aussi corriger. Mais il ne serait pas dans une position d'hégémonie. Donc en conclusion, je dirais qu'entre deux maux, il faut choisir le moindre. Et c'est Moncef Marzouki.
Quel est votre projet ? Vous décrivez Ennahdha dans une position très difficile. N'est-ce pas injuste de partir maintenant ?
Au contraire, partir maintenant, c'est offrir une alternative, un refuge à ceux qui refusent cette situation. Dans l'immédiat, après les élections, je vais militer pour préserver les libertés, pour le respect de la Constitution. Sous toutes les formes, en regroupant les défenseurs de ces libertés. Après, dans quelques mois, une année, je ferai certainement quelque chose pour rassembler bien au-delà d'Ennahdha, pour occuper une place dans l'espace politique, avec d'autres forces et d'autres chefs.
Vous pensez à un parti politique ? Sera-t-il fondé sur une référence islamique ?
Mon projet est de créer un parti fondé sur des valeurs démocratiques civiles et sans référence à l'islam. Nous n'avons pas besoin de l'appellation de parti islamique. Cette lutte idéologique divise la société tunisienne alors que ses besoins sont ailleurs. C'est la fracture sociale qui est à l'origine de la révolution tunisienne. On voit le problème du Sud tunisien qui a voté massivement et qu'on taxe maintenant d'ignorance et d'extrémisme... Ces gens sont humiliés, dans la misère, et le Sud est une porte ouverte sur la Libye en pleine guerre civile. Cela va poser un grand problème.
La question est de savoir si l'on est dans la camp de la liberté ou pas. Moncef Marzouki, lui, n'a pas construit son projet sur la base de ce clivage idéologique et religieux.
Malheureusement, aujourd'hui ce sont les gens de Nidaa Tounes et du Front populaire qui définissent le débat comme une lutte entre deux projets de société. Entre l'islam politique d'un côté et, de l'autre, les démocrates, les modernistes, en se présentant au monde occidental comme le défenseur de ses valeurs, comme Ben Ali autrefois.
Cette question de la sécularisation n'est-elle pas aussi débattue au sein d'Ennahdha ?
C'est vrai, au sein d'Ennahdha, cette question est posée en profondeur et le prochain congrès pourrait contribuer à y répondre. Est-ce qu'ils peuvent trancher ? Je ne sais pas. Mais même s'il opère cette révision majeure, ce qui serait une bonne chose, je n'y serai pas. Il ne pourra pas atteindre ce degré de liberté par rapport à son héritage. Je préfère conserver une pleine liberté de parole et d'action.
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