Mais pardi ! À qui appartient l'Algérie ? Au peuple bien sûr. A tout le peuple Algérien sans exception. Cependant les concitoyens de ma génération c'est-à-dire : Les retraités ou du moins ceux à qui Allah a prêté encore vie doutent fort. Ils se demandent même, et en aparté si dans ce beau pays qu'est notre Algérie nous avons eu les mêmes chances d'égalité ? Oui, nous qui avions vécu les dernières années du colonialisme alors que nous n'étions qu'enfants. Nous qui, entre deux cours de classe ; avions fait les petits métiers durant cette époque, pour subvenir aux besoins de nos familles, et survivre. Nous qui avions participé avec enthousiasme aux manifestations sanglantes mais glorieuses du 11 décembre 1960. Et nous qui avions eu la chance et le privilège d'avoir vécu la liesse populaire indescriptible et inégalable de l'indépendance, et cet enivrement que procure le bonheur partagé et collectif du peuple en cette mémorable journée du 5 juillet 1962 ; et les lendemains qui suivirent. Des lendemains qui se dessinaient à l'horizon pleins de promesses et d'espoir. Un horizon que l'on croyait à portée de main. Car voir le drapeau flotter, le tenir dans ses petites mains, en courant librement, et tout en scandant : Tahya Djazair ! Nous suffisait amplement pour y croire et penser déjà à un avenir radieux. Un avenir prometteur dans un pays grand, beau et riche en soleil, en pétrole et surtout libre. Un pays à reconstruire et appartenant à tous ses enfants. Il fallait pour ça, juste retrousser les manches et travailler. Il fallait aussi avoir constamment l'amour du pays. Etre nationaliste et honnête citoyen. Tout le monde aura sa part. Et bien sûr la meilleure pour celui qui la mérite. En fonction de l'ampleur de ses efforts, de ses sacrifices, de ses compétences et de ses résultats. Mais dans cette longue et haletante compétition qu'est la vie de tous les jours. Tout le monde aura dès le départ, les mêmes égalités de chances. Les mêmes droits et les mêmes devoirs. C'est-à-dire, tout à fait l'inverse de ce dont la colonisation a privé nos parents, nos grands parents et nos aïeux. Et pour lesquels se sont sacrifiés les glorieux martyrs de la révolution Algérienne. Mais aujourd'hui que l'on a le dos courbé, la tête chenue et la bouche édentée. Aujourd'hui, que l'on survit « genoux à terre » et en retrait de la société. Peut-on dire que l'on a vécu ainsi dans ce vaste et beau pays qu'est le nôtre ? Peut-on d'abord affirmer que l'Algérie appartient à tous ses enfants ? Non, c'est un leurre d'y croire. Mis à part, un papier officiel qui justifie l'appartenance à ce pays vers lequel un simple policier d'une quelconque frontière d'un pays étranger peut éventuellement procéder à mon expulsion et à mon refoulement de son territoire. Oui, rien de concret et de matériel, ne prouve que j'ai une infime part dans cette vaste possession collective. Alors que les autres, ont comme par enchantement grâce aux combines, aux passe-droits, au tribalisme, à l'abus, et à la corruption des châteaux, des terrains, des biens et des sommes colossales. Par ailleurs, il est légitime de se demander : Est-ce que être instruit, éduqué, honnête et nationaliste suffit pour vivre décemment et se sentir quelque peu heureux dans notre vaste et beau pays indépendant ? La réponse est : ce n'est pas évident. Car même si l'enseignement est gratuit et la scolarisation obligatoire et à la portée de tous. Ce qui donne cette fausse impression d'égalité de chance. La réalité est tout autre. D'ailleurs, La fuite des cerveaux Algériens et en grand nombre, est l'une des conséquences directes du manque de considération, de la stagnation professionnelle, des injustices et des inégalités. Alors, ils s'exilent et partent construire et faire leur bonheur tout comme celui des pays développés de l'occident qui les accueillent les bras ouverts. Cela en est une preuve irréfutable. Comment peut-on avoir la même égalité de chance, lorsque l'on cite à titre d'exemple, deux cadres fraîchement formés. Deux ingénieurs ou licenciés de la même université, même filière, même promotion. Et pour lesquels, l'on constate que le recrutement dans certaines entreprises publiques relève de l'impossible pour le premier, qui faut-il le préciser; n'est qu'un simple citoyen candidat à l'emploi, même si la moyenne d'obtention de son diplôme est meilleure. Et même si ce diplôme est obtenu avec mention. Ce qui normalement lui accorde la priorité pour « un meilleur profil ». Alors que paradoxalement, il devient chose aisée pour le second qui est faut-il le dire, fils d'une grosse pointure qui a le bras long, et qui pèse dans « la nomenklatura » Algérienne. Par ailleurs, et en plus de l'inégalité des salaires perçus, il faut noter que le second a plus de chance de bénéficier de formation, alors que le premier ne pourra en bénéficier que rarement. De même concernant la promotion socioprofessionnelle, il est certain que le second sera promu avec une étonnante rapidité, non pas grâce à sa compétence et son mérite. Mais beaucoup plus à la puissance du clan auquel il appartient. Quant au premier, le diplômé issu de la couche défavorisée du peuple. Il pourra toujours rêver et ce, même s'il est compétent et le mérite amplement. Comment peut-on parler d'égalité de chance, lorsque vous cohabitez dans un appartement exigu, et dans lequel vous êtes né trente ou quarante années auparavant, avec des parents, des frères aînés mariés, des sœurs et des marmots, et que vos demandes de logement pour vivre décemment, sont classées sans suite. Et ce, pendant que les autres venant d'Algérie mais d'ailleurs et sans le sou ; obtiennent logement après logement. Terrain après terrain. Villa après villa. Est-ce là, une même égalité de chance. C'est plutôt ces fléaux comme la corruption, le clientélisme, les relations familiales et tribales, qui caractérisent le fonctionnement des institutions de la république. Il n'y a pas d'égalité de chance dans notre beau et vaste pays. Ni dans l'enseignement, ni dans la quête d'un logement pour vivre dans la décence. Ni dans l'emploi. Ni dans la réussite sociale. Cette inégalité de chance vous poursuivra même dans la vieillesse, lors de la jouissance de la retraite. A la fin de la vie active, et au crépuscule de la vie tout court. Lorsque vous avez tout donné à votre pays et à la société, vous constaterez que l'inégalité vous poursuivra jusqu'à la fin. Oui, ce n'est pas parce que la Caisse effectue mensuellement le virement de votre allocation de misère, que vous puissiez enfin aspirez à vivre le restant de votre vie paisiblement dans la décence. N'y comptez surtout pas. Car là aussi, il n'y a pas d'égalité dans la manière de calculer et d'attribuer l'allocation de retraite. Surtout si vous êtes un ancien retraité, et que la mort n'en veux pas encore de vous. Ah oui, dans ce cas, cela veut dire que vous êtes parti avant la distribution et le partage du gâteau organisé dans une atmosphère de fête par l'UGTA, qui a épouvanté les anciens pour partir en chômage ou en retraite avec des allocations indécentes. C'était une exigence du FMI parait-il. Mais le comble de cette inégalité c'est de constater que ceux qui ont trimé le moins en gagnant plus, sont ceux qui ont une allocation alléchante qui permet de vivre une retraite dorée. Il y a même certaines institutions publiques de la république qui garantissent à leurs retraités une allocation égale à 100 % de leur dernier salaire. C'est une sorte de « retraite plus » accordée à des retraités Algériens privilégiés. Il suffit juste d'avoir dès le départ, la chance et le bonheur d'être recommandé par quelqu'un de bien placé. D'être recruté au sein de ce type d'entreprise relevant d'une tutelle de souveraineté, et de faire carrière. Une chance qui n'est pas égale à celle des autres, il faut en convenir. Celle qui ne permet que d'avoir dans le meilleur des cas de 80 % d'un ancien salaire correspondant à l'époque où le baril de pétrole coûtait juste 9 $. Mais pourquoi est-on si ingrat envers cette respectable frange de la société ? Pourquoi déjà la retraite est irréversible pour des salariés communs. Pourquoi pousser les retraités en particulier les anciens survivants, partis antérieurement à l'année 2000 à vivre en rasant les murs. A vivre en se faisant tout petits dans la frustration et l'impuissance. Oui, ceux partis en étant poussés au départ avant cette année 2000, qui a vu le début de l'embellie et de la générosité de l'UGTA et des employeurs du secteur public envers les nouveaux candidats à la retraite. Pourquoi ne les a-t-on pas fait bénéficier de ces largesses qui s'apparentent à un partage de butin en leur absence. A cet effet, et normalement lorsque il y a augmentation du salaire de base des travailleurs en activité, l'Entreprise procède à la régularisation de ses retraités encore en vie. Elle augmente le ou les salaires de base du poste de travail occupés respectivement, durant les dernières années par les retraités concernés et procède de nouveau en refaisant les calculs ayant servi d'assiettes pour déterminer le montant de la pension de retraite valorisée. Cette façon de procéder, est plus juste et plus équitable envers cette frange de la société. Elle qui a supporté collectivement les conséquences de l'économie de guerre, en subissant les restrictions et l'austérité qui caractérisait la situation financière catastrophique durant de longues années. Elle a contribué à maintenir en activité l'économie en se sacrifiant. Elle doit être bénéficiaire de l'embellie financière et de l'évolution importante des salaires Quitte à ce que l'Entreprise verse à la CNR, une sorte de COD (Contribution à l'Ouverture de Droit) une cotisation calculé après augmentation du salaire de base ayant servi de calcul, lors du départ à la retraite, et relative aux années comprises entre la date de départ et la date d'application de l'augmentation. N'avons-nous pas droit à une retraite réelle pour se reposer et voir grandir nos petits enfants. Car comment peut-on vivre dans la sérénité, mais surtout dans la dignité avec des pensions de misère qui font vivre à genoux leurs allocataires. Pourquoi ne peut-on pas aspirer à vivre pleinement sa retraite. Pourquoi être obligé à chercher un petit job, pour joindre les deux bouts et mettre un peu de beurre dans les épinards. Comment oblige-t-on les anciens cadres et autres agents de maîtrise du secteur public qui ont remplacé par défi les cadres Français, soit à l'indépendance du pays, soit dès la nationalisation comme en 1971 pour les hydrocarbures, à trimer encore pour lutter contre l'indécence et l'ingratitude. Ne peut-on pas aujourd'hui, et dans ce cas pour une comparaison qui va à l'encontre du principe de cette « utopique égalité de chances », obliger les retraités qui ont gouvernés le pays, les anciens responsables de la fonction publique, des institutions de la république et ceux ayant des fonctions d'élus; à déclarer le montant de leur retraite, alors qu'ils cumulent en assurant des fonctions importantes dans les institutions de l'Etat. Il est certain, que ceux qui refusent de déclarer leur patrimoine au début de leur mandat, sont ceux qui refuseront de déclarer les montants de leur retraite respective. Malheureusement, il faut dire en conclusion, que cette situation perdure et les inégalités de chance, qui enfantent l'injustice et la hogra, sont à l'origine de ce grave et lamentable fléau qui caractérise notre jeunesse. Elle qui fait de la harga son crédo.