Abdellah CHEBBAH Jan, 2020 Une révolution prend généralement naissance à partir d'un groupuscule de personnes qui constitue un noyau déclencheur. Ces personnes éprouvent et partagent les mêmes sentiments et les mêmes idées pour lesquels ils veulent se révolter. Un travail pédagogique et minutieux commence à se faire autour d'une population pour éclairer les consciences sur la cause. Si cette dernière y adhère en nombre, le déclenchement est ainsi entamé avec des représentants à sa tête qui, parfois, finissent au pouvoir et ainsi, imposer leur vision. Le hirak Algérien n'est pas du tout dans ce cas de figure. Il a été déclenché spontanément par tout le peuple Algérien. Il est sorti au même moment dans la rue pour dénoncer le mépris, l'arrogance et la haine envers un peuple et manifester son rejet du cinquième mandat d'un président moribond qui ne s'est pas adressé à son peuple depuis plus de cinq années et ignoré la presse locale pendant vingt années. Entre-temps un pouvoir occulte et opaque dilapidait les richesses du pays sous sa gouverne. Et, depuis 49 semaines, les manifestations pacifiques des vendredis et des mardis n'ont pas cessé, sans essoufflement ni trêve. Actuellement, une frange du peuple Algérien bute sur la représentativité du Hirak pensant peut-être inviter les nouveaux tenants du pouvoir à la table de négociation. Certains la souhaitent pour parler en son nom auprès d'un pouvoir qui refuse le dialogue et les revendications de ce peuple par la répression et la séquestration automatique. Ce pouvoir lui-même refuse tout leader qui drainerait des foules vers un consensus. Une question triviale s'impose alors à tout Algérien sensé: comment assurer l'unanimité des désignés? Le problème est dans l'ambivalence et le choix des candidats qui risquent de déclencher un désaccord éternel. Le feu Président Boudiaf, Allah yerahmou, avait lui-même trouver difficile de constituer un gouvernement. Il lui était pratiquement impossible de trouver des personnes intègres et honnêtes. Il y a une crise de confiance entre les Algériens, ce qui les rendent septiques. La société est infestée de caméléons prêts à changer de couleur au moindre mouvement. La raison primordiale est que ce peuple ne vise aucune personnalité politique ou parti ou autre mais revendique un changement de système de gouvernance adapté au siècle. Il veut : 1. Un état de droit bâti sur une justice indépendante, honnête, juste et loyale ou nul ne sera au dessus de la loi. 2. Des libertés et des droits de la personne. 3. Une égalité des chances pour les deux sexes. 4. Une place privilégiée pour la femme. 5. Un suffrage universel propre et honnête ou des candidats sont élus par le peuple. 6. Une répartition équitable des richesses. 7. Des responsables honnêtes et intègres dont leur seul et unique soucis est le bien public. 8. Une presse et une télévision indépendantes qui informent, analysent et débattent. 9. Une école sans confession ouverte aux savoirs et aux sciences qui instruit et éduque. 10. Une université performante qui innove. 11. Un système de sécurité et de protection de l'individu basé sur le vivre ensemble. 12. Une armée jeune qui aura pour mission la souveraineté et la sécurité du pays et du peuple. 13. Un système d'imputabilité. 14. Des entreprises innovatrices performantes productrices de richesse et d'emplois à l'avant garde du développement. 15. Une économie diversifiée et florissante. 16. Des administrations modernes et fluides. 17. Un système bancaire attrayant sans lourdeur. 18. Et surtout une alternance au pouvoir. Voilà quelques raisons qui ne permettront pas aux opportunistes, aux incompétents et aux bandits de s'introduire. Le peuple rêve d'une telle Algérie. Pour cela le système tout entier doit changer et le régime doit partir. Condition sine qua none pour que le hirak s'arrête.