403 familles de l'ex-Figuier, présentement El Kerma, à la périphérie Est de la ville de Boumerdès, n'oublieront pas de sitôt la Journée internationale de la femme version 2018. Les mères de famille qui ont poussé de longs et nombreux youyous stridents l'ont fait parce qu'elles étaient heureuses. Elles vivaient, en ce jour du 8 mars, un heureux évènement leur permettant de rebâtir leurs foyers respectifs sous un abri digne et solide. Ces familles viennent de quitter l'enfer des chalets pour une habitation en dur dans des bâtiments neufs. Cassant l'habitude du 8 mars devenu avec le temps une célébration folklorique, un rituel politico-administratif immuable «fait de de discours insipides suivis de promesses jamais tenues, de bises données sans affection, d'offrande de roses fanées ou en plastique et des youyous commandés», assène, pour sa part, une féministe de la région. La wilaya de Boumerdès a fêté, cette année, la Journée mondiale de la femme à l'algérienne avec un peu d'anarchie, des pleurs de déception, des cris de réclamation étouffés par la clameur des gens heureux et des coups de colère du wali. Il faut dire que, ce jeudi, Mohamed Ali Seridi, le chef de la daïra de Boumerdès, a réussi son coup. Il a tiré la commune de Boumerdès de sa léthargie quotidienne pour la placer sous les feux de la rampe en invitant le wali Abderrahmane Madani Fouatih à présider la cérémonie de distribution de 403 logements sociaux et l'opération de démolition d'autant de chalets. La visite du wali a été clôturée sous un chapiteau qui s'est avéré exigu pour contenir les invités, en grande majorité des femmes, venus recevoir les clés de leurs nouvelles habitations. Selon le chef de la daïra, 27 recours ont été introduits : «Je peux vous assurer qu'ils seront méticuleusement étudiés et que, par ailleurs, aucun citoyen ne sera lésé dans ce programme de relogement des familles issues des chalets», nous dira-t-il, au milieu d'un brouhaha. Aux occupants des quelques bidonvilles, mitoyens des chalets, certaines baraques ont été implantées pour des motifs électoralistes avec la complicité de certains élus de la mandature communale 2007-2012, le wali répondait inlassablement : «Aujourd'hui, c'est pour démolir les chalets. L'opération de relogement des familles occupant les constructions illicites, car je considère que les bidonvilles sont des constructions illicites, suivra. Chaque chose en son temps.» Pour que les chalets des familles qui se sont vu attribuer un logement neuf soient effectivement détruits, le wali a responsabilisé un ou deux directeurs exécutifs par site – il y en avait 4 – pour suivre de près le démantèlement de ces habitations en préfabriqué bâties en 2003. Il y a lieu de rappeler qu'une autre opération de relogement de 600 familles toujours dans la commune de Boumerdès est prévue pour le 16 avril prochain. L'information nous a été confirmée par le chef de la daïra Mohamed Ali Seridi. Ces 600 plus 403 logements font partie d'un programme de 3 000 unités destinées, selon un responsable de l'OPGI, exclusivement à la commune de Boumerdès. Dans sa déclaration aux médias, le wali, visiblement satisfait du déroulement de cette 23e opération spécial-chalets, programme en exécution depuis décembre 2016, dira que 17 hectares de terrains urbanisés seront récupérés. Sauf une portion qui fait partie de la ZET (zone d'expansion touristique), le reste sera affecté au secteur de l'habitat collectif ou à l'implantation des équipements publics. Le wali fixe, par ailleurs, une date butoir au 5 juillet 2018 pour la clôture de ce programme. D'ici cette date, un total de 11 500 chalets seront démantelés. Abachi L.