Par mohamed abdelaziz metallaoui, doctorant en architecture à l'université de paris 7 diderot, enseignant vacataire à l'université de annaba Le jardin de Prague, dont les appellations anciennes furent nombreuses : jardin des Condamnés, promenade d'Orléans, jardin communal, puis jardin Marengo, en référence à son créateur, jusqu'à ce qu'il fut baptisé jardin de Prague durant la période post-indépendance. Il se trouve au nord du plus ancien quartier de la ville d'Alger, la Casbah, dans la commune de Bab-El-Oued. Historiquement, le jardin se situait à côté de la porte de Bab-El-Oued, dite porte du Ruisseau, en dehors des anciennes fortifications ottomanes de la ville d'El-Djazaïr, créant ainsi la liaison avec le quartier de Bab-El-Oued qui sera bâti durant la colonisation française. Le jardin fut aménagé sur l'emplacement d'un ancien cimetière musulman adossé à la mosquée et zaouïa Sidi Abderrahmane Thaâlibi, lui-même aménagé sur les vestiges d'une nécropole romaine. La date de la création du jardin par les condamnés militaires du commandant Marengo installés juste à proximité de la prison du Fort-Neuf était très compliquée à préciser vu le nombre important de dates citées par les différentes sources (livres, cartes et plans), mais la référence sur laquelle nous nous sommes basés était la biographie du commandant Marengo établie par Louis Loyer de La Mettrie en 1854 (du vivant du commandant), retrouvée à la Bibliothèque nationale de France. Un ouvrage qui nous a permis d'y voir plus clair concernant l'histoire du jardin et de donner une date du début de son histoire. L'auteur du livre rapporte que c'est à partir de 1834 que les ateliers du Boulet militaire furent constitués par ordonnance royale avec à leur tête le commandant Marengo. Durant cette période de l'histoire, le manque de légumes et de fruits et leur cherté dans les marchés d'Alger en plus de la parcimonie du budget alloué par l'Etat français et réservé à l'alimentation des condamnés ont incité à la création d'un jardin potager non loin de la prison (Fort-Neuf), sur l'emplacement du cimetière de la zaouïa Abderrahmane et-Thaâlibi afin de subvenir à leurs besoins. Le premier obstacle rencontré par le commandant Marengo pour la réalisation de son projet fut le financement. Les premiers fonds étaient introuvables jusqu'à l'intervention du premier directeur des finances en Algérie, Léon Blondel, nommé le 9 septembre 1834, qui mit à la disposition du commandant une partie des revenus des mosquées. Une fois les fonds récoltés, les condamnés militaires débutèrent les travaux. L'on a alors commencé par déblayer et labourer le terrain du cimetière dont les pierres des tombes et des marabouts furent réservées (le terrain étant accidenté) pour l'édification des murs de soutènement, les rampes et les escaliers. Le tout avec un budget estimé par le génie militaire à plus de 800 000 francs. À partir de ces données, on peut avancer que c'est vers 1834 début 1835 que débuta l'histoire du jardin. Le jardin fut classé le 26 avril 1950 grâce à la loi du 2 mai 1930 sur la protection des monuments naturels et sites à caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque. Après l'indépendance de l'Algérie, le classement du jardin fut reconduit grâce à l'ordonnance 67-281 du 20 décembre 1967 au titre des monuments historiques comme site naturel. On se baladant dans le jardin, on peut apercevoir, en plus de la végétation luxuriante avec une palette très riche qui regroupe des arbres de nature différente : palmiers (Chamaerops humilis), Araucaria, Pinus pinea (pin parasol), Ficus retusa, Lantana camara, Yucca elephantipes, Phytolacca dioisa, Olea europa, Pittosporum tobira, Ligastrum indica, Hibiscus rosa sinensis, etc. 1. Le bassin, avec une élégante vasque en marbre blanc. Il faut savoir que cette fontaine existait déjà à Alger, à l'endroit où est actuellement la place des Martyrs, durant la période ottomane. 2. La colonne commémorative qui était dédiée aux soldats de l'armée française durant l'époque coloniale. 3. Un bignonier en marbre blanc. 4. A travers la clôture du jardin d'enfants El-Bahdja, un marabout avec une petite qoubba ouverte des quatre côtés qui faisait partie intégrante du jardin avant la construction du jardin d'enfants en 1930. Il s'agit du tombeau qu'un dey fit élever à son médecin et qui a été transporté dans le jardin après avoir était restauré durant la transformation de l'endroit en jardin public. Aujourd'hui, le jardin qui s'étend sur une superficie totale de 26 659,00 m2 et composé d'un terrain accidenté d'une pente moyenne de 17% est en pleins travaux de réhabilitation avec comme maître d'ouvrage l'Etablissement de développement des espaces verts d'Alger, une Epic créée par la wilaya d'Alger et issue de la restructuration des services publics de l'ex-CUC (Conseil urbain de coordination) de la wilaya d'Alger, et créé par arrêté du wali d'Alger n° 460/Drag/SAJC en date du 12 juin 1995, afin d'en faire de nouveau un espace de sociabilité et de repos.