Aucune nouvelle de l'enquête ouverte il y a bientôt trois années par les services du ministère de l'Agriculture au sujet de la viande putréfiée. Tout juste quelques hypothèses non confirmées. L'Organisation algérienne de protection du consommateur réclame la publication du bulletin d'analyses. Le ministère de l'Agriculture fait la sourde oreille. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - La commission d'enquête installée pour faire la lumière sur la putréfaction de la viande de mouton aura connu le même sort que les précédentes en n'aboutissant toujours pas à des résultats. Trois années après les faits, l'opinion publique est toujours dans l'attente d'explications au sujet de la putréfaction de carcasses entières sacrifiées à l'occasion de l'Aïd el-Adha. Le président de l'Apoce réclame la publication du bulletin des analyses des échantillons prélevés en 2016. Mustapha Zebdi explique qu'à l'époque, le ministère de l'Agriculture avait publié des résultats préliminaires mettant en cause des compléments alimentaires mais depuis «c'est le silence radio», déplore-t-il. L'opinion publique, dit-il, est en droit de réclamer la vérité et de la connaître. Zebdi estime que des enquêtes poussées méritent d'être faites pour déterminer avec exactitude les agents incriminés. L'Apoce, dit-il, avait été reçue par les deux ex-directeurs des services vétérinaires au sein du ministère de l'Agricultures. C'est même l'organisation qui avait fourni les échantillons au ministère pour analyse. Les faits remontent à 2016. Dans de nombreuses wilayas, les citoyens n'ont eu d'autre choix que celui de se débarrasser d'une viande virant au vert et dégageant de mauvaises odeurs. Ce qui n'était au début que des cas isolés est vite devenu un véritable phénomène avec la multiplication des cas signalés un peu partout. Le ministère de l'Agriculture n'a eu d'autre alternative que d'ouvrir une enquête. Le ministre de l'époque s'était engagé à faire toute la lumière sur une affaire qui avait suscité étonnement puis colère. En septembre de l'année dernière, le ministère de l'Agriculture s'engageait à publier les résultats. Le directeur des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture de l'époque expliquait que son département avait lancé une enquête en collaboration avec la Gendarmerie nationale et qu'il ne fallait pas attendre plus de quelques jours pour avoir les résultats. Des analyses moléculaires des échantillons avaient été envoyées aux laboratoires de la Gendarmerie nationale pour déterminer les causes de la putréfaction de la viande. Quant au Laboratoire central vétérinaire, qui relève du ministère de l'Agriculture, il avait été chargé, de son côté, des analyses biologiques. Depuis, aucun rapport n'a été rendu public. L'opinion publique a dû se contenter de quelques explications approximatives. Les additifs alimentaires, les hormones et les vaccins administrés au cheptel avaient été mis en cause. Une hypothèse que les analyses ne sont pas venues appuyer. Pire encore, au regard de l'ampleur des dégâts, le ministre de l'époque avait évoqué la mise en place d'un système permettant la traçabilité du cheptel et la réorganisation du circuit devant aboutir à l'identification du vendeur par l'acheteur. Le ministre a quitté son poste sans jamais concrétiser ce projet. Trois ans plus tard, c'est le retour à la case départ. L'Organisation de la protection du consommateur continue d'exiger le rapport. Son président réclame également la mise en place d'un système obligeant les maquignons et les revendeurs à délivrer un reçu à tout acheteur de sorte à pouvoir remonter la filière en cas de survenue de problèmes identiques à ceux des années précédentes. Du côté du ministère de l'Agriculture, aucune mesure n'a été prise. N. I.