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Après la forfaiture au Parlement, la promesse des écrivains au Sila
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 10 - 2018

Encore heureux que le rendez-vous avec les livres et leur lecture conserve encore un certain intérêt. Car, au-delà du plaisir de s'abandonner à la féconde imagination de nos romanciers, les Algériens cherchent désormais dans la «chose» imprimée de nouvelles raisons pour aimer à nouveau cette terre natale où, justement, la déraison politique a fait des ravages.
Le récent feuilleton d'un parlementarisme mis à nu, à travers l'orchestration d'un coup de force, illustre justement la nature délictueuse d'une certaine classe politique. Celle qui sera sûrement le sujet de certains opus d'analystes et probablement aussi le «personnage» central de quelques fictions la décrivant dans ses basses œuvres. Par ailleurs, en cette saison des livres, propice aux révélations de nouveaux talents, il y a tout de même une place aux célébrations même si celles-ci doivent se contenter des modestes colonnes d'une chronique.
Or, au cœur du doute qui affecte le pays, de quel intercesseur a-t-elle besoin la littérature algérienne pour revivifier le moral d'un peuple injustement blessé ? Sans hésitation, l'on pense évidemment à Kateb Yacine dont la commémoration du décès coïncidera avec l'ouverture du Sila. Peu importe le qualificatif à accoler à cet exercice du souvenir, il suffit juste de préciser que son immortalité allait être consacrée le 28 octobre 1989, jour de son décès.
Indiscutable géniteur du mythe étoilé qu'est Nedjma, mais aussi le dépositaire de la parole du Cadavre encerclé et de surcroît le notaire de l'héritage attribué aux «ancêtres», ne fut-il pas de son vivant la vigie des lettres nationales et, dans le même temps, la mauvaise conscience des pouvoirs politiques ? Poète de la douleur d'une patrie perdue, il deviendra, dans un «pays enfin retrouvé», le procureur de toutes les impostures. Homme libre, on l'accusa de tous les torts accolés habituellement aux libertaires sauf celui d'être un antipatriote. En vérité, il n'était qu'un écorché vif comme le sont les authentiques poètes qui n'aimaient guère marcher au pas préférant leur propre rythme, voire le tempo de leur respiration, autant dire de leur… inspiration aux heures de l'écriture. A sa poésie, essentiellement appréciée par un lectorat de qualité, se rajoute néanmoins sa dramaturgie laquelle connut une très large diffusion. Inévitablement identifié à travers ce double versant littéraire, l'on oublia souvent ses exercices de journaliste ou plutôt de polémiste féroce qui lui attira de nombreux «malentendus» avec le régime de Boumediène. Auprès des biographes attitrés, seule sa filiation à Alger Républicain semblait leur suffire, passant injustement sous silence ses brillantes contributions parues dans l'hebdo français Témoignage chrétien et dans Afrique Action. En avril 1959, il donnera à lire un texte d'une rare vigueur que le périodique français publiera et qui sera à l'origine d'une violente controverse avec les puissants courants politiques favorables à la colonisation. Mettant en exergue la signification de la date du 1er Novembre 1954, il écrivait ceci : «… La déflagration s'est enfin produite et elle n'a pas tout aboli. Bien au contraire elle ouvre, au-delà des ruines, de nouveaux horizons. Explorer ces abîmes, scruter ces horizons c'est là l'œuvre exaltante de l'écrivain algérien. S'il écrit en français il n'est pas, pour autant, coupé de sa langue maternelle. Sa situation entre deux lignes de feu l'oblige à inventer, à improviser, à innover, à retrouver sa voix perdue dans le fracas des armes et à s'offrir en cible parmi les frères ennemis (…). Au contraire, il avance comme un visionnaire. Il sent en lui la déchirure et, cependant, il entrevoit déjà la confluence. Il sait aveuglément que l'Algérie est un creuset où s'élabore une nation sans pareille qui préfigure dans ses charniers toute une humanité à venir. Les yeux fermés s'il peut imaginer dans les replis de l'Aurès, sur les hauteurs du Djurdjura, de crête en crête, de village en village, toute une infinité de républiques biens plus réelles que celle qui régente les crimes coloniaux. Les missionnaires d'empire venus en Algérie au nom de Rome, de l'Islam ou de la France n'ont pas manqué de caresser ce rêve : intégrer l'Algérie à leurs systèmes contradictoires. Et que s'est-il
passé ? Il s'est passé que nous avons assimilé nos assimilateurs ! Ma génération et celles encore plus ardentes qui ont pris place au combat, le plus souvent à l'âge tendre, ne seront jamais mûres pour «l'interaction des âmes», ce sénile euphémisme de pieux théoriciens en uniformes (…) «Enfin, si l'écrivain est «l'ingénieur des âmes», ma mission est de vous dire, messieurs les missionnaires, qu'il n'y a rien en nous à intégrer. Tout ce qui reste et Algérie après toutes les agressions c'est l'ironique intégrité de nos montagnes» (fin de citation). Auteur, malgré lui, d'un véritable manifeste de l'écrivain engagé, Kateb Yacine était réellement inspiré par le souffle épique du combat patriotique dont nulle trace n'a subsisté de nos jours. En cherchant bien, à présent, est-il possible de trouver un exposé similaire ayant à la fois la même force et autant d'amplitude dans l'argumentaire tout en étant destiné à éclairer l'actuelle République afin d'en finir avec cette malédiction nationale qui a réduit la citoyenneté à un simulacre de votes truqués et de faux élus tout juste capables d'exercer leur magistère en usant d'arguments «frappants»? Sait-on jamais, il suffit de continuer à croire en la singularité des écrivains qui demeurent les «ingénieurs des âmes» quels que soient les époques et leurs crépuscules.
B. H.


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