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Retour à Djerba
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 11 - 2018

Quand j'embarque dans le bac qui quitte calmement l'embarcadère de Djorf, pour voguer vers l'île de Djerba, je me déleste des quelques bagages encombrants que je traîne depuis le pays de l'incohérence pour ne garder que l'essentiel. Et l'essentiel est la vie, la vraie vie, simple et paisible, des gens humbles, ceux qui se lèvent tôt pour gagner leur pain à la sueur de leur front et qui ne rêvent, quand ils rentrent chez eux éreintés, que de nourriture saine et d'une bonne couche. Redécouvrir bêtement cela, - loin du tumultueux cours des enchères politico-religieuses -, au milieu de l'immensité bleue qui ceint cette terre des extrêmes, donne à ces choses lointaines un caractère d'inutilité et de stérile agitation... Dans ce baisser de rideau aux dimensions de l'infini qui clôt une journée de labeur et de sueur, la mer danse en rouge et or, comme le ciel derrière la petite falaise. Plus bas, dorment quelques barques squelettiques qui attendront le lendemain pour emporter d'autres rêves de pêche miraculeuse vers l'horizon.
Le bac se détache du continent et s'aligne sur la ligne de départ. Cette heure est celle de la grande affluence : travailleurs de retour au foyer, touristes ayant visité Médenine, Guellala ou Zarzis rentrent massivement à Djerba. Les trois bacs qui font la traversée ne suffisent pas à contenir cette foule de piétons et les nombreux véhicules qui doivent attendre jusqu'à une heure pour embarquer.
Le ciel s'assombrit et la mer, déjà bien foncée, prend la couleur de la nuit. Les lumières de l'île clignotent au lointain. La traversée dure vingt à trente minutes. Toute notre vie est une traversée. Nous l'oublions souvent. Nous quittons une rive pour tenter d'atteindre une autre. Nous quittons l'ignorance pour les lumières du savoir. Nous quittons la pauvreté pour l'opulence. Nous quittons la solitude pour la vie en groupe. Nous quittons le célibat pour la vie en famille. Derrière nous, la rive que nous laissons est toujours plus sèche, moins prometteuse que celle qui nous attend. C'est le sens du voyage, c'est le sens de la vie. Notre trajectoire est d'aller toujours vers le meilleur et pas le contraire... Et là-bas, derrière les steppes et les montagnes, mon pays est tombé sur la tête depuis qu'il fait la traversée en sens contraire. Depuis qu'il va de la lumière vers l'obscurantisme...
Le bac glisse dans l'eau tranquille en laissant, derrière lui, des sillons écumant de blancheur où tournoie une nuée de mouettes qui croient probablement avoir affaire à l'un de ces gros chalutiers qui laissent filer quelques poissons de la pêche du jour... En admirant ce beau tableau fait d'éléments naturels, je m'oublie quelques instants en essayant de rassembler les pièces d'un puzzle qui plonge ses racines dans cette terre amazighe brûlée par tant de conquêtes mais toujours debout au milieu de l'océan.
Et, immanquablement, le visage d'Ulysse resurgit au milieu des vagues pour me replonger dans mes lectures d'adolescence, quand nos esprits vagabondaient dans les mystérieuses légendes tissées par Homère. J'y revois le cyclope qui me faisait une peur bleue. J'y retrouve ce redoutable chant des sirènes qui me donnait froid au dos et tant d'autres aventures ayant marqué des générations à travers le monde. Ulysse est omniprésent à Djerba. Du nom de la radio privée locale à ceux de nombreux établissements et associations, on le retrouve partout. Et même si quelques érudits remettent en cause la version du passage d'Ulysse ici — du moins telle qu'imaginée par Homère — en la situant plus au nord, vers l'île de Kerkennah, toute une littérature d'autres historiens affirme que Djerba est bien l'île des Lotophages du célèbre conte.
La douceur de vivre qu'on retrouve à Djerba a dû certainement enivrer les compagnons d'Ulysse qui renoncèrent au voyage, préférant rester sur place. Mais, selon le récit, ce serait plutôt une plante qui aurait agi sur les cerveaux des marins récalcitrants. Le fameux lotos qui a donné le nom de «Lotophages» aux hôtes d'Ulysse et ses compagnons. Cette plante a la propriété de faire tout oublier à ceux qui la mangent. Tout, c'est-à-dire qui ils sont, d'où ils viennent, etc. Les anciens Djerbiens qui vivaient à l'époque d'Homère en consommaient beaucoup et dans leur généreuse offrande aux marins d'Ulysse, il n'y avait aucune animosité, ni volonté de nuire. Témoignage du héros : «Mais, à peine en chemin, mes envoyés se lient avec les Lotophages qui, loin de méditer le meurtre de nos gens, leur servent du lotos. Or, sitôt que l'un d'eux goûte à ces fruits de miel, il ne veut plus rentrer, ni donner de nouvelles.»
Et c'est par la force qu'Ulysse ramena ses copains à bord de son embarcation. Oui, il y a toujours une force qui s'exerce sur ceux qui visitent ces lieux. Moi, par exemple : il y a une force qui m'attire vers l'île des Lotophages et je jure que je n'ai jamais goûté à une quelconque plante suspecte ici... Je sais seulement que les vents du large et un peu de ce soleil magique, mi-saharien, mi-marin, qui pousse très haut les palmiers, suffisent à allumer la flamme de la passion qui m'attire ici. C'est bête, j'ai perdu tant d'années à ne pas gambader sur les plages infinies de l'île aux Lotophages...
M. F.
P. S. : le prince héritier saoudien est bel et bien le commanditaire du meurtre du journaliste Khashoggi: ce ne sont plus les conclusions du premier article consacré à cette affaire mais le verdict de la CIA ! Trump louvoie et continue de protéger Mohamed Ben Salman. Le Président américain reste doublement prisonnier et de son instinct d'affairiste sans scrupules et de son alignement bête sur les thèses sionistes de son gendre. C'est triste pour les valeurs de liberté et de justice auxquelles croient tant d'Américains !


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