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Place de la République
Publié dans Le Soir d'Algérie le 24 - 03 - 2019

Peut-être, davantage encore qu'en Algérie, est-il surprenant (agréablement surprenant, faut-il le préciser ?) de voir comment la communauté algérienne est soudée. Et de quelle manière elle peut être en communion avec les siens, au pays, en faisant écho à leurs combats !
Depuis ce mémorable 22 février, à Paris, tous les dimanches, la fameuse place de la République, connue pour ses rassemblements protestataires et révolutionnaires depuis deux siècles, reçoit la contestation enthousiaste des Algériens.
Estimée à 3 000 personnes au début, les rassemblements aujourd'hui semblent atteindre jusqu'à 15 000 Algériens et amis de l'Algérie de tous horizons politiques. Et cela va crescendo.
Le simple fait que les manifestants, dans un geste civique dont on les avait décrétés incapables, nettoient le lieu après le rassemblement efface d'un coup près d'un siècle de préjugés négatifs. Le sentiment dominant dans l'opinion française à l'égard de l'immigration algérienne, illustrée en son temps par les malheureux propos de Jacques Chirac, sur « les bruits et les odeurs », et l'on pourrait ajouter la saleté et la violence, a été quasiment passé au broyeur. On découvre soudain que ces hommes et femmes que l'on tenait pour d'incorrigibles « barbares » sont capables de manifester pacifiquement en faisant montre de respect, de responsabilité et de civisme au point de rendre comparativement plus aiguë la violence des dernières sorties des Gilets jaunes.
Peut-être même les Algériens, ravalés par des pouvoirs infâmes à l'auto-dépréciation, ont-ils été les premiers surpris par ce niveau de maturité, d'organisation et d'unité qui caractérisent le mouvement à la fois en Algérie et en France. Vu la fragmentation de l'immigration algérienne en France, il semblait jusqu'alors fatal de craindre l'impossibilité d'arriver à quelque rassemblement significatif que ce soit. Marquée par la véhémence des affrontements fratricides du passé entre le FLN et le MNA (la fameuse guerre dite des cafés avait fait, pendant la guerre de Libération, au moins 4 000 morts), puis après l'indépendance, par les tentatives de l'Amicale des Algériens en Europe d'imposer son hégémonisme quasi-policier aux groupes et partis d'opposition activant en France, l'immigration portait la douloureuse empreinte de la division et des luttes intestines.
Tous les schémas de fracture du pays se retrouvaient, dans l'immigration, aggravés par d'autres facteurs. En vérité, les quelque 760 000 ressortissants algériens vivant en France, auxquels s'ajoutent les quelques millions de binationaux, dont les enfants d'immigrés, ont toujours souffert de la superposition des fractures politiques internes à l'Algérie et celles de la France.
C'est pourquoi il a toujours été très compliqué d'organiser des manifestations unitaires. Elles butaient invariablement sur l'écueil des préalables posés par les états-majors des partis et groupes politiques.
Et puis voilà qu'un mouvement spontané, basé sur un désir de « dégagisme » par rapport au règne moribond d'un Président qui trône sur un système mortifère, recrée une unité que l'on pensait à jamais hypothéquée et réhabilite la fierté d'une appartenance nationale piétinée par des décennies d'impéritie.
Ce faisant, il redore le drapeau qui passait il y a quelques semaines pour quelque chose de terriblement ringard, juste bon à être brandi dans l'euphorie d'un « ouanetoutrisme » des stades.
Ce qui est frappant chez les jeunes immigrés qui prennent en charge ce mouvement, c'est la réappropriation de l'histoire de la libération du pays confisquée par les pouvoirs successifs de l'Algérie indépendante.
Un jeune m'a expliqué que les manifestations actuelles de la place de la République évoquent pour lui le récit que lui avait fait son grand-père des tragiques manifestions d'Octobre 1961, un moment unitaire, héroïque et de sacrifice de l'immigration algérienne en faveur de l'indépendance du pays et de la liberté.
A la différence près que les manifestations d'Octobre 1961 répondaient à un appel pugnace et émancipateur du FLN tandis que celles d'aujourd'hui sont spontanées et dirigées incidemment contre un autre FLN, falsifié celui-là, perverti par l'affairisme véreux qui a produit une oligarchie menant le pays dans le mur et même à la tragédie.
Autant que le peuple algérien dans son ensemble, l'immigration algérienne a été malmenée par le pouvoir interminable de Bouteflika.
Les derniers épisodes en date sont éloquents. Alors que les pontes du régime et des ministres achetaient des biens mirobolants en France avec un argent qui ne peut être que sale ou se faisaient prendre par la douane française avec des millions d'euros en liquidités, l'immigré a droit, lui, a une véritable extorsion par la pratique des prix les plus élevés au monde de billets d'avion. Et puis, le cynisme sans fin d'avoir dans son gouvernement des binationaux notoires à des postes clés et de fermer par une loi auto-mutilante aux binationaux la possibilité d'apporter leur contribution au développement en leur rendant impossible l'accès à certaines responsabilités.
Aucun pays au monde, qui dispose d'une diaspora qui a réussi dans les pays où ses membres se sont installés, ne s'est permis le luxe de se priver d'un apport si précieux.
Voilà pourquoi, les rassemblements enfin possibles Place de la République sont impressionnants. Ils montrent que le pouvoir a échoué, y compris dans tout ce qu'il a entrepris pour diviser et marginaliser l'immigration.
Elle est là, unie, belle, pugnace, à clamer haut et fort qu'elle a envie et besoin de renouveau pour le pays, donc pour elle, et qu'elle en sera.
A. M.


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