Ils veulent être la locomotive du mouvement populaire du 22 février qui objecte de consacrer le changement de système, et ils viennent de le prouver admirablement, hier, à l'occasion de leur neuvième mardi de la colère contre le système en place. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Eux, ce sont les étudiants qui, comme leurs aïeux de l'Ugema (Union générale des étudiants musulmans algériens), qui ont, le 19 mai 1956, décidé de quitter les bancs des campus pour rejoindre le maquis, sont résolus à ne pas rater le train de l'Histoire en cours. Plus que cela, ils ambitionnent d'en incarner la locomotive. D'où leur décision de geler les cours à travers tous les campus du pays à l'effet de joindre leurs voix au sursaut citoyen. Une résolution prise à leur retour des vacances de printemps, la semaine écoulée sous le générique «étudiants révolutionnaires, oui à la souveraineté populaire». Hier mardi, au niveau de toutes les wilayas du pays, ils étaient par milliers du rendez-vous. A Alger, l'impressionnant dispositif sécuritaire déployé notamment à hauteur des deux places emblématiques de la capitale, Maurice-Audin et la Grande-Poste, n'a pas été pour dissuader les étudiants, nombreux à affluer des divers campus, à tenir leur rendez-vous hebdomadaire. «Etudiants de la révolution qui n'ont pas eu peur des balles et chars, étudiants du mouvement populaire déterminés à faire déguerpir la bande au pouvoir», pouvions-nous lire sur une banderole portée par une dizaine d'étudiant(es). Tout un message on ne peut plus clair qui renseigne sur l'engagement sans faille des étudiants à faire triompher les idéaux du mouvement populaire né le 22 février en cours. «Nous sommes en grève illimitée jusqu'à ce que tout le système dégage», «Désolés Gaïd Salah, le peuple est éveillé et n'est pas dupe. Que tout le monde dégage», lit-on sur deux autres pancartes brandies par deux jeunes étudiants. Les manifestants ont également usé d'ironie et se sont adaptés, chacun selon sa spécialité, aux développements intervenus. «Diagnostic ; névrose. Traitement : extraction», brandit une étudiante en chirurgie dentaire. Autre slogan qui prouve l'inefficience des manœuvres et autres chantages à la sécurité et à la stabilité du pays. «Stabilité et sécurité = non aux intimidations et à la terreur.» M. K.
