Pour les six photographes amateurs et professionnels, qui ont pris part ce samedi, au niveau du siège de la LADDH, à une exposition de photos prises depuis le début du Hirak, ceci n'a à aucun moment constitué un tremplin pour se faire connaître. A leur manière, ils participent avec le souci de montrer ce que les participants au Hirak renvoient comme sentiment, sensation et message. Ainsi, à travers les 36 clichés exposés, le public venu nombreux a pu voir le Hirak de l'intérieur et «à quel point il véhicule autant de force, de sensibilité et d'humanisme». Pour les photographes qui participent à l'exposition qui durera jusqu'au 9 septembre, le choix s'est porté, nous explique l'une des photographes, sur un coup de cœur de chacun sur l'une des photos qu'il a prise durant les vendredis du hirak. De même qu'un choix de photos représentatives de ce qu'il cherchait lui-même durant le hirak. En général, les photographes sont attirés par des photos prises de loin, ils zooment là où on peut voir la foule, d'autres prennent des clichés plus rapprochés. Tandis que d'autres se sont focalisés sur les banderoles du hirak avec les slogans brandis par les manifestants, considérant que c'est un autre élément important du hirak. Le choix de seulement 6 photos pour chacun des photographes n'a pas dû être facile et leur participation en tant que photographes amateur et professionnel, leur a certainement permis de constater l'évolution du mouvement à travers leurs appareils. Cinq parmi les photographes présents durant l'exposition nous livrent leurs sentiments. Pour Nora Zaïr, photographe professionnelle, à son actif des expositions personnelles et collectives, le choix a été dicté par l'émotion «on a pris des milliers de clichés depuis six mois. Chaque vendredi, j'ai un dossier de 400 à 450 photos, imaginez le nombre accumulé, et que nous devons conserver. C'est la mémoire du hirak des Algériens. Personnellement, j'ai dû choisir parmi les 6 photos de l'exposition celles qui dégagent de l'émotion et qui expriment les situations qui m'ont touchée. J'estime qu'il y a plus d'émotion, de conscience politique, le hirak a mûri». Pour Driss Mouffok, journaliste et photographe amateur «choisir 6 photos sur la totalité des photos prises tout au long du hirak, ça a été très difficile. Une première sélection s'est élevée à 120 photos c'était dur. Etant journaliste, je m'intéresse énormément aux portraits et aux expressions faciales. Depuis le début du hirak à ce jour, mon regard en tant que photographe a évolué, au départ les revendications étaient le refus du 5e mandat, puis cela a évolué avec des prises de conscience et le hirak est passé de l'état festif à l'état purement revendicatif». De son côté, le photographe amateur Aït Amira Ali dira : «pour ma part, le choix des six photos s'est porté sur l'idée de la révolution du sourire. J'ai voulu mettre d'abord en avant les enfants pour qui le hirak a commencé pour leur avenir, alors j'ai choisi des photos où ils figurent. Egalement des photos avec le drapeau algérien et les deux autres aléatoires. Depuis le mois d'août, on assiste à un hirak porté par le noyau dur celui des infatigables. On a, certes, perdu en nombre mais gagné en qualité, un niveau de conscience et des enjeux plus élevés». La journaliste et photographe amateur, Jamila Loukil, estime que de par sa profession «on est souvent au contact des gens, je considère que l'humain est au centre de tout. Les hommes et les femmes c'est ce qui importe. Mon choix, depuis le départ, c'est d'essayer de prendre des photos au plus près de la population qui participe au hirak. Ce qui m'a intéressé, c'est de montrer des visages de cette population totalement anonymes complètement transfigurés. L'émotion qu'ils avaient de participer, de retrouver la liberté, crier leurs revendications et dépasser leur peur et enfin de se considérer citoyens, êtres humains à part entière». Pour Amine Hannane, photographe amateur, «le choix étant difficile, nous avons essayé de se compléter dans nos choix afin qu'il y ait une certaine continuité dans cette exposition. Une manière de raconter les 6 mois du hirak. Pour ma part, assister à ce hirak, c'est quelque chose qu'on n'avait jamais vécu, du jamais vu. J'ai 31 ans, ce sont là pour moi des évènements uniques historiques et émouvants. Pour nous les photographes, c'est une opportunité de concevoir un projet sur le sujet, on profite de chaque vendredi pour s'améliorer, avoir un travail artistique et réaliser aussi de la photo-journalisme. On essaye de garder ces clichés historiques». Le souhait commun entre ces photographes, c'est que ces témoignages à travers l'image puissent un jour constituer une documentation pour les archives historiques. Des sortes de matériaux de documentation qui seront uniques pour les générations futures, pour les chercheurs, qui pourront se baser sur ces photos prises au cœur du mouvement. Pour le bureau d'Oran de la LAADH, organisateur de l'évènement, il y a une réflexion afin de déplacer l'exposition dans d'autres espaces au niveau de la wilaya d'Oran. Une exposition dans le but de «fixer à travers la photo certaines images, une sorte de documentaire-reporter sur le hirak qui est destiné pour d'autres générations. Montrer le hirak dans sa diversité, le montrer à travers des photographes différents et avoir des lectures différentes». Amel Bentolba