De Tunis, Mohamed Kettou Mercredi prochain, le 6e président de la République tunisienne entrera, officiellement, en fonction. Ce sera au cours d'une cérémonie officielle qui se tiendra au siège de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) qu'il prêtera serment avant d'entrer au palais de Carthage. Son élection par un score fleuve (plus de 76%) a surpris tous les observateurs. Par son ampleur, ce score, assimilé à un plébiscite, a suscité des doutes chez les fans de son rival, Nabil Karoui, qui avait perdu tout espoir au bout du débat télévisé organisé deux jours avant le deuxième tour du scrutin du 13 octobre. Ce soir-là, Saïed l'a copieusement dominé. Cela explique-t-il le score enregistré par un candidat sans programme clair et qui n'a pas mené une campagne électorale au sens classique ? C'était juste des rencontres au hasard, avec des citoyens de conditions diverses, parfois à la faveur d'un café siroté avec des jeunes. Ce sont, effectivement, ces jeunes qui l'ont propulsé à la présidence. Ce sont des jeunes, particulièrement d'anciens étudiants de cet universitaire qui enseignait le droit constitutionnel et qui s'étaient portés volontaires pour organiser et mener la campagne électorale en sa faveur. Ce que lui reconnaissent tous les Tunisiens, y compris ses détracteurs, c'est sa probité qui fait de lui «monsieur propre». Serait- ce suffisant pour aspirer à la magistrature suprême ? C'est du moins sa conviction à lui qui n'a de cesse de marteler qu'il respectera à la lettre l'application de la Loi, quelles que soient les pressions. Ainsi, il a montré qu' il prévoit déjà la difficulté de la tâche qui l'attend dans un pays qui a grand besoin d'un homme honnête et scrupuleux pour sortir d'une situation politique, économique et sociale désastreuse. C'est, en fait, un vote-sanction auquel ont accouru les électeurs déçus depuis le départ du défunt Ben Ali, par les querelles entretenues par les nombreux partis politiques dont le seul souci était de s'assurer le plus grand nombre de postes ministériels dans les gouvernements successifs, sans honorer leurs engagements électoraux. Les jeunes, dont plus de 15% sont au chômage, ne l'entendent plus de cette oreille. Ils ont changé leur fusil d'épaule en optant pour un Président qui n'a aucune assise politique qui le soutiendrait. C'est, semble-t-il, leur dernière carte qu'ils assimilent à une nouvelle révolution. Révolution contre le système en place. M. K.