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Une situation dramatique qui prend de l'ampleur
Violence verbale et physique contre les personnes âgées
Publié dans Le Soir d'Algérie le 26 - 11 - 2019

La violence contre les personnes âgées est une réalité et n'est plus un sujet tabou. Cela existe depuis la nuit des temps, et n'est malheureusement pas un phénomène nouveau. Et dans toutes les sociétés de par le monde. Sauf que ce phénomène marginal prend de l'ampleur. L'Algérie n'en est pas épargnée.

389 personnes âgées victimes de violences, de janvier 2015 à décembre 2018 ont été admises au niveau d' un seul établissement hospitalier à savoir le service de médecine légale du Centre hospitalo-universitaire de Beni Messous (Alger). Un chiffre des plus alarmants ! Ce qui donne un ratio de 100 personnes âgées violontées par an, pour la seule wilaya d'Alger !
Cette étude rétrospective réalisée par les médecins légistes Doubali, Haroual, Amokrane et Bessaha, a été révélée lors du congrès de médecine légale, organisé au CHU de Tizi-Ouzou.
Les médecins légistes notent que 2,71% de ces victimes sont âgées de moins de 65 ans et le reste soit 97,29% ont plus de 65 ans. La violence la plus répandue et admise dans ce service concerne les coups et blessures volontaires et représente 84,57% des cas. Les 15,43% restants ont subi des coups et blessures involontaires.
Les auteurs de ces violences font partie du premier cercle familial, en l'occurrence un ascendant (fils ou petit-fils), toxicomane.
Les psychologues notent que dans la plupart des cas, les victimes restent silencieuses face à ces violences par peur et par honte. Elles ne signalent que très rarement ce qu'elles subissent ou alors que lorsque les marques de violence et les blessures sont visibles.
Une psychologue travaillant au niveau de la Direction de l'Action Sociale note que la maltraitance peut se présenter sous différentes formes, dont physique (coup, blessures, contraintes physiques) morale et psychologique (injures, violation de la vie privée, chantage, privation d'affection ou de visites), médicamenteuse (excès de neuroleptiques, absence de traitement adapté) financière (vol, extorsion, héritage forcé), et la négligence active (enfermement) ou passive (absence d'aide à l'alimentation).
L'Omerta
« C'est une question considérée comme une affaire d'ordre privé. Personne de son propre chef ne peut intervenir même s'il a un soupçon de mauvais traitement. Les bourreaux, si nous pouvons les appeler ainsi, dans certains cas ne considèrent même pas qu'il s'agit làde violence. Le stress quotidien, le manque d'aide, et bien d' autres facteurs sont à l'origine de cette montée de violence. Les parents ne peuvent parler, en cas de violence avérée, que dans certaines situations. Ils ont peur de prendre en charge la personne âgée. Ce qui crée un cercle vicieux et, donc, une sorte d'omerta », explique ce même psychologue.
Les médecins légistes Doubali, Haroual, Amokrane et Bessaha ont, ainsi, insisté sur l'importance de repérer ces cas, car les victimes ne parlent pratiquement jamais, notamment lorsque la maltraitance est exercée par la famille. « Une meilleure prise en charge médicale des personnes âgées ne peut être garantie qu'à travers une collaboration intersectorielle et interdisciplinaire, afin d'assurer une meilleure qualité de vie à nos aînés et les professionnels de la santé jouent un rôle très important dans la lutte contre cette maltraitance, à travers le dépistage et le traitement des victimes », ont observé les médecins légistes.
De pression quotidienne à
une violence quotidienne
La famille qui prend en charge une personne âgée subit une pression permanente qu'elle soit mentale, physique et financière. Et prendre une décision de la mettre dans une maison de retraite est des plus difficiles. « Dans la culture algérienne, mettre un parent dans une maison de retraite est ressenti comme un abondant du parent. Ainsi, une dénomination moins culpabilisante pour les proches est importante, telle que centre d'accueil pour les personnes âgées dépendantes. Car le sentiment d'abondant s'accompagne souvent d'une culpabilité qui, forcément, engendre une violence, sous toutes ses formes. Soit intrinsèque (envers soi-même) ou extrinsèque (à l'égard de l'autre).
Cette situation a été déjà vécue dans les années cinquante dans les pays européens où des proches refusaient de mettre leurs parents dans des maisons de retraite, parce qu'ils éprouvaient ce sentiment d'abondant et en l'occurrence la culpabilité. Dans le même ordre d'idées, la loi qui pénalise les proches qui abandonnent leur parent renforce cette culpabilité. Souvent, ces proches sont impuissants devant les comportements d'un parent âgé dément (autonomie, les capacités cognitives, etc., qui s'atrophie avec l'âge).
En outre, un aménagement du lieu, des outils (des couches à 1500 da (2 par jour), un lit adapté, etc.) et un accompagnement au quotidien. D'où la nécessité d'une prise en charge digne, dans un lieu médicalisé qui serait encadré par une équipe pluridisciplinaire compétente.
Le nombre des maisons de retraites en Algérie sont très réduites. Elles se trouvent souvent dans les grandes villes (Alger, Constantine, Oran, etc.). De plus, elles sont destinées aux personnes âgées abandonnées. Un débat public sera porteur d'un éventuel changement du regard de la société à l'égard de ces milieux médicalisés. », note Yazid Haddar, Neuropsychologue.
Double discrimination : Agée et femme
A ce sujet, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) avait recommandé de « considérer la personne âgée comme étant un acteur prépondérant dans notre société et par voie de conséquence, bannir les stéréotypes et les causes menant à sa maltraitance ».
Il a souligné que les femmes sont « plus nombreuses » que les hommes à faire l'objet de « multiples formes de discrimination ».
« Il s'agit là d'une double discrimination, sur la base du sexe et de l'âge, à laquelle viendraient s'ajouter d'autres motifs de discrimination tel que le handicap physique », note-t-il.
Le CNDH a relevé l'existence en Algérie d'un dispositif juridique et réglementaire définissant les droits de cette catégorie de la population et assurant sa prise en charge et sa protection, citant en priorité la constitution qui énonce (72 alinéa 6) que « la famille et l'Etat protègent les personnes âgées ».
Le Code pénal pénalise, en outre, le parricide ainsi que le délaissement et l'exposition au danger de ces personnes vulnérables alors que la loi du 29 décembre 2010 stipule leur « préservation » et leur « protection » au niveau de la famille et dans tous les domaines de la vie sociale.
« Non à l'oubli…. Oui à
la fidélité » ! Un slogan qui sonne creux !
Près de six mois que la campagne nationale de sensibilisation contre la maltraitance des personnes âgées (2019-2020) a été lancée par le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme. Le but étant de sensibiliser la société à la meilleure manière de traiter, d'accompagner les personnes âgées et de consolider les relations entre grands-parents et petits-enfants, à l'effet de préserver le tissu familial. Son slogan : « Non à l'oubli ... Oui à la fidélité - la protection des personnes âgées, responsabilité de tous » Une initiative fort louable mais qui semble n'avoir eu le moindre résultat.
Hormis quelques journées organisées, il n'y a pas eu une réelle médiatisation et sensibilisation avec des spots radiophoniques et visuels chocs.
Sarah Raymouche


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