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Qu'est-ce qu'un complément alimentaire ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 12 - 2019


Par le Dr Mohamed Taher Zerouala
Tout le monde s'accorde à dire qu'un complément alimentaire est un aliment synthétisé dans un laboratoire destiné à fournir un complément nutritionnel manquant dans la ration alimentaire d'un individu. Ce manque peut occasionner des troubles physiologiques qui ne relèvent pas nécessairement d'une prescription médicale.
Ces produits synthétisés ne doivent être distribués que dans une structure appropriée, agréée par les pouvoirs publics, telle que la pharmacie ou la parapharmacie. Ils peuvent se présenter sous différentes formes : pilules, ampoules buvables, plantes ou des préparations de plantes… Ils sont destinés spécifiquement à la prévention ou au soulagement de certaines maladies ou à des désordres liés à l'âge. Ils ne doivent jamais se substituer au médicament prescrit par le médecin, ni accompagner ce médicament sans autorisation du médecin. L'automédication est tout à fait déconseillée, car il y a risque de méconnaître l'indication du complément alimentaire et, surtout, de le consommer sans modération. Il est indispensable de demander conseil à votre pharmacien avant tout achat. En général, les compléments alimentaires comprennent des vitamines ou des sels minéraux dont la liste est régie par des autorisations quant à leur fabrication. Nous assistons actuellement à une explosion des marques de fabrication à travers le monde et, aussi, dans notre pays.
Ces produits n'ont pas parfois l'efficacité espérée et peuvent être des placebos. Le placebo est une substance inactive qui n'a aucune efficacité, contrairement aux vertus du produit affichées par le fabricant. Citons les vitamines et les sels minéraux autorisés : les vitamines du groupe B12, B1, B6, B9 …, les vitamines C, D, E, K. Les sels minéraux calcium, cuivre, fer, fluor, iode, magnésium, manganèse, potassium, sodium, zinc…
Ces produits font souvent l'objet d'une publicité pléthorique à travers certains médias qui énoncent qu'ils préviennent, traitent ou guérissent certaines maladies. La publicité ne doit pas suggérer le remplacement d'une alimentation riche et équilibrée. J'évoque particulièrement certaines chaînes de télévision qui doivent être rappelées à l'ordre par les responsables de l'audiovisuel. Dans leurs promotions publicitaires, elles ne recommandent jamais au consommateur de faire attention à l'utilisation abusive du complément alimentaire. On retrouve également toute une série de compléments alimentaires destinés à la repousse des cheveux, pour grossir ou, au contraire, pour maigrir. Certains compléments sont utilisés aussi pour une meilleure performance physique et pour transformer le corps des athlètes en augmentant la masse musculaire. Dans ce dernier cas, il faut s'assurer de l'origine géographique du produit et ne l'utiliser que s'il est commercialisé lui-même dans son pays d'origine. Il y a risque de contrefaçon, ce qui est assez répandu. D'autres produits sont utilisés pour accompagner une grossesse, notamment pour atténuer certains signes tels que les nausées, les vomissements. La femme enceinte s'éloignerait des médicaments qu'elle croit nocifs pour l'évolution de sa grossesse et opterait pour des compléments alimentaires dits naturels. La mode est aux antioxydants. Tentons d'expliquer pédagogiquement le mode d'action des antioxydants. Ils s'opposent aux réactions toxiques dans l'organisme qui peuvent se traduire par des maladies ou le vieillissement produits par ce qu'on appelle les radicaux libres. Les antioxydants luttent contre ces radicaux libres à l'origine de troubles cardio-vasculaires, endocriniens (diabète, maladies thyroïdiennes), cancers, stress… vieillissement. Plus simplement, les radicaux libres peuvent tuer la cellule et favoriser le développement du cancer et du vieillissement. Les antioxydants que l'on évoque en toute circonstance sont les alliés de notre organisme pour préserver notre santé en neutralisant les radicaux libres. Les laboratoires font de cette théorie leur cheval de bataille. Ils valorisent leurs produits, leurs compléments alimentaires, en mettant en évidence des antioxydants dans la composition de leurs préparations. Celles-ci favoriseraient les défenses naturelles de l'organisme, augmenteraient le tonus, s'opposeraient au vieillissement de l'os, accroîtraient la circulation du sang, apporteraient des graisses insaturées, donc le bon cholestérol protecteur cardio- vasculaire, amélioreraient la mémoire, assureraient un bon transit gastro-intestinal, préviendraient le cancer de la prostate, équilibreraient les femmes ménopausées physiologiquement et psychiquement, augmenteraient la fertilité féminine et masculine, et s'opposeraient au stress… Les laboratoires fabriquent aussi des préparations à usage local. Elles préviendraient la calvitie, la sécheresse de la peau qui entraînerait l'apparition précoce des rides, signes de vieillissement…L'utilisation de ces produits ne semble pas dangereuse a priori, ce sont des produits dits naturels.
Certes, sur le marché, il y a des compléments alimentaires qui paraissent intéressants et pourraient être efficaces. Dans leur composition, le nombre d'ingrédients est limité. Parfois limité à un seul, ce qui faciliterait le contrôle de leur action. Le dosage de leur ingrédient doit être correct, sinon ce serait un placebo ! Le médecin se méfie de la multitude des ingrédients qui entrent dans la composition d'un même complément alimentaire. Les dosages de ces ingrédients sont alors infimes, donc dénués d'action, et ce serait un placebo ! D'autre part, l'expérience montre que certains compléments alimentaires très en vogue, tels les oméga-3 dont l'action serait favorablement multiple, pour ne citer que ceux-là, peuvent entraîner des effets secondaires et peuvent également être contre-indiqués dans certaines pathologies. Ainsi, l'utilisation des compléments alimentaires a ses règles : les conseils du pharmacien, voire du médecin sont incontournables. Il faut éviter l'automédication. Les compléments alimentaires doivent être achetés en pharmacie ou en parapharmacie. Jamais chez l'herboriste, ni dans les magasins de cosmétiques. Les premiers compléments alimentaires ont fait leur apparition en Occident. Ils ont suscité un grand engouement dans la population qui voulait s'éloigner des médicaments assimilés à des drogues. Mais les compléments alimentaires sont victimes d'une publicité qui dépasse la mesure. Des laboratoires véreux saisissent l'occasion pour fourguer leurs produits à des pays émergents tels que le nôtre, en s'appuyant sur des importateurs qui sont loin d'être professionnels. De plus, leurs prix dépassent l'entendement. Les pouvoirs publics doivent prendre des mesures drastiques pour interdire des produits inutiles.
Où trouve-t-on les antioxydants naturellement ?
DANS LES ALIMENTS. Une alimentation équilibrée riche en fruits et légumes de saison est un complément alimentaire naturel. Il faut varier sa nourriture et faire de l'activité physique. Les pays qui ont préservé aussi leur alimentation traditionnelle, comme certains pays de la Méditerranée dont la nourriture est très riche en antioxydants, jouissent d'un capital santé important. Nous qui sommes de l'autre côté de la Méditerranée avons abandonné nos habitudes alimentaires traditionnelles pour nous adonner aux sucres industriels, aux matières grasses, aux plats cuisinés qui font exploser des maladies qui étaient sporadiques et qui sont devenues endémiques. Fruits et légumes ont un effet protecteur contre les cancers, les maladies cardiovasculaires et le diabète. De même que les poissons et les légumineuses comme les lentilles, les haricots blancs, les fèves, les petits pois, les haricots verts. Les légumineuses apportent des protéines au même titre que la viande. Fruits, légumes, poissons, légumineuses et céréales apportent vitamines et sels minéraux indispensables. Faut-il éviter les compléments alimentaires ? Faut-il les soumettre aux mêmes exigences que les médicaments ? Certains peuvent même s'avérer dangereux renfermant des ingrédients qui ne sont pas anodins.
Espérons que les lois vont évoluer pour soumettre ces produits à une autorisation individuelle pour leur mise sur le marché. Il y va de notre santé.
M-T. Z.


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