Un grand hommage a été rendu vendredi par la Fondation Cheikh Abdelkrim Dali à Fadhéla Dziria (1917- 1970), grande Dame de la chanson algéroise hawzi et aroubi, à travers un concert qui a réuni des chanteuses de renom, accompagnées par l'orchestre de la fondation. Devant un public nombreux, à l'Opéra d'Alger Boualem-Bessaïh, le concert a réuni sur scène les chanteuses Nardjess, Nadia Benyoucef, Lamia Madini, Imène Sahir et Hasna Hini, accompagnées par une trentaine d'instrumentistes, dont 13 musiciennes, de l'orchestre de la Fondation Cheikh Abdelkrim Dali, dirigés par le maestro Naguib Kateb. Après la projection d'un documentaire sur la vie de la grande cantatrice algéroise, les cinq chanteuses ont interprété durant plus de trois heures, une vingtaine de chansons du riche répertoire rendu célèbre par Fadhéla Dziria dont «Ana Touiyri», «Ya belaredj», «Dakhli M'sam'âï», «Houni Kanou», «Assafi âla ma mada», «Rachiq el qad», «Sabri Qalil», et «Had el wahch aâliya». Le spectacle présenté dans un décor de «qaâda algéroise», a été très apprécié par le public qui, à son tour, a rendu hommage à l'œuvre et à la mémoire de Fadhéla Dziria, par des applaudissements et des youyous nourris. Fadhéla Dziria, de son vrai nom Fadhéla Madani, est née le 25 juin 1917 à Alger. Elle a commencé très jeune à imiter Cheikha Yamna Bent el Hadj el Mahdi et Meriem Fekkaï El Bessekria, en animant, dès les années 1930, les soirées du mois de Ramadhan. Mohamed Lahbib Hachelaf et Haddad El Djilali, deux grands noms de la Radio algérienne, l'ont découverte lors de l'émission, «Min koul fène chouiya» et l'aidèrent à faire ses premiers pas dans la chanson. Partie en 1935 à Paris, la jeune artiste chante dans les quartiers à forte concentration maghrébine et rencontre Abdelhamid Ababsa, qui l'aida lui aussi dans l'apprentissage musical. A son retour en Algérie, elle anime des cérémonies et des fêtes, avant de rencontrer Mustapha Skandrani et Mustapha Kechkoul, deux artistes qui vont l'aider à trouver sa voie et opter définitivement pour le registre de la chanson algéroise, ce qui la mène à intégrer le groupe de Meriem. En 1949 et après «Rachiq el qad», Fadhéla Dziria enregistre «Mel Hbibi Malou», une chanson qui fait très vite son succès et pousse Mahieddine Bachtarzi à l'engager comme chanteuse afin d'animer ses tournées, puis à la distribuer dans des rôles au théâtre, avec Keltoum, Rachid Ksentini et Mohammed Touri, notamment. Les chansons «Ana Touiyri» et «Houni Kanou» vont encore lui apporter le grand succès. Durant la Guerre de Libération nationale, Fadhéla Dziria, avec sa sœur Goucem, se met à collecter des fonds, pour aider à financer la lutte armée pour l'indépendance de l'Algérie. Arrêtée, elle sera jetée à la prison de Barberousse à Alger. A sa sortie de prison, elle forme son propre ensemble de musique avec Goucem à la derbouka, Reinette l'Oranaise au violon et sa nièce Assia au piano et à l'orgue. Entrant dans le cadre de la célébration du 105e anniversaire de la naissance de Cheikh Abdelkrim Dali, l'hommage à Fadhéla Dziria vient après ceux, à Cheikha Tetma en 2011, à Cheikha Yamna Bent el Hadj el Mahdi en 2013 et à Meriem Fekkaï en 2019. Fadhéla Dziria est décédée le 6 octobre 1970 à Alger. Kader B.