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Président-muezzin, pourquoi pas ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 06 - 04 - 2020

Cela fait au moins dix séismes, vingt tempêtes, une centaine de sautes de vent, et des millions de diabètes, que des apprentis sorciers jouent, sur nos scènes, les coryphées, et les deus ex machina. Tantôt prédicateur, assaisonnant la tectonique des plaques avec des textes religieux, tantôt faiseur de miracles, le sieur Bonatiro n'existerait pas sans ce terreau providentiel, de l'ignorance. Dans un pays où des millions de naïfs, ou d'opportunistes, sont prêts à tout gober, pourvu que le sandwich soit confectionné avec des mets religieux, il y a plus que de la place pour ce genre. Ce monsieur est l'exemple type de ce que peut donner la science lorsqu'elle échoue à trouver des solutions que seule la religion peut suggérer, parce faites essentiellement d'irrationalités. Il n'a rien inventé, faute d'avoir vraiment cherché, mais il s'est laissé tenter par des terres déjà labourées, inspirées par le concordisme monothéiste et les illuminations récentes du wahhabisme. À défaut de la célébrité que rapportent les brevets d'invention, le scientifique de formation a voulu éprouver des solutions improbables, en pensant sans doute qu'avec un peu de «roqia»(1)... Bonatiro aurait pu faire une carrière honorable d'astrophysicien, et dominer son monde du haut de l'observatoire qu'il a dirigé pendant des années, au-dessus du Village Céleste. Mais il a fini par être tristement célèbre, comme un vulgaire charlatan.
C'est à croire d'ailleurs que les charlatans de toutes tendances sont destinés à proliférer, et à prospérer, dans ce pays éveillé et averti contre la bêtise qui fait le bonheur des petits malins. Par la grâce de l'autosuggestion, il y aurait même des diabétiques qui ont affirmé avoir été guéris par le fameux complément alimentaire «RHB» ou «Divine miséricorde» de triste mémoire. C'est sans doute sur cet effet qu'a compté Loth Bonatiro en essayant de se refaire une santé, si j'ose dire, par le biais d'un supposé remède miraculeux contre le redouté et mortel coronavirus. Mais s'il sait habilement jouer de la religion et faire vibrer la corde de la piété chez ses concitoyens, l'inventeur en mal de brevets sait plaider sa cause puisqu'il a été reçu en haut lieu. Encore heureux qu'il ait pris soin de préciser que si son remède n'était pas bon, il était prêt à aller en prison, tout en n'ignorant pas d'ailleurs que tous les imposteurs n'y sont pas logés. Il sait aussi que s'il fallait incarcérer tous les bonimenteurs et marchands de piété qui ont sévi, et sévissent encore, avant et après le nouveau coronavirus, il faudrait encore plus de prisons. Il faudra aussi faire de la place pour tous ceux qui auront contribué à propager la maladie en ne respectant pas les règles de confinement, ou en incitant autrui à ne pas s'y conformer. Des religieux n'ont pas hésité à le faire, et c'est dans leur nature.
Alors que des obscurantistes en appelaient à des rassemblements propices à la propagation du virus, des médecins musulmans l'ont combattu, et très souvent en le payant de leur propre vie.(2)
Pendant ce temps, des pseudosavants et experts rivalisaient d'ardeur religieuse en tentant de convaincre les gens que la pandémie est un châtiment divin, dont le seul remède est la prière. C'est sans doute pour répondre à ces derniers que notre confrère égyptien Sabri Abdelhafidh a lancé cet avertissement étonnant : «N'implorez pas Dieu contre le virus, il ne vous répondra pas.» Pour se prémunir contre les réactions violentes et les accusations de blasphème, il cite à l'appui de son injonction des versets qui émettent un certain nombre de conditions pour qu'un vœu soit exaucé. Outre la croyance en Dieu et la soumission à Ses lois, il évoque la nécessité de compter d'abord sur soi-même, ainsi que le principe de précaution, qu'il illustre par l'exemple de la bataille d'Ohoud.
Comme pour le coronavirus, la défaite a eu pour cause une erreur humaine : le Prophète a disposé des archers pour protéger les arrières de son armée, mais ces derniers ont abandonné leurs postes (croyant la victoire acquise). C'est ainsi que Khaled Ibn Al-Walid, qui était alors l'un des chefs de l'armée ennemie, a pu faire une percée et gagner la bataille au cours de laquelle le Prophète fut blessé.
À propos d'implorations, revoilà notre confrère égyptien Salim Azzouz qui revient, c'est le cas de le dire, et avec son humour habituel, sur la fameuse imploration du dernier discours de Sissi. Selon lui, le président égyptien a sans doute l'ambition de supplanter le célèbre cheikh Charaoui Goma, dans le «dou'a» traditionnel qui suit l'appel à la prière sur les chaînes de télévisions égyptiennes. C'est ainsi que c'est désormais l'imploration du Président Sissi, en prélude à son discours d'il y a une dizaine de jours, qui est présente après les appels habituels à la prière. «Puisqu'il tient autant à marquer sa présence, lui qui est si souvent absent, et pour ne pas se faire oublier, pourquoi ne pas se charger aussi des appels à la prière de la journée ?» lance perfidement Salim Azzouz. Puisqu'ils veulent être à la fois des chefs politiques et des guides spirituels, pourquoi ne pas ajouter à leurs nombreux titres celui de muezzin ?
A. H.
(1) Ils ont réussi à l'imposer chez nous, au point que des journalistes parlent de «médecin-raqi», comme on parlerait de médecin-cardiologue, ou de médecin-diabétologue. Aujourd'hui, les wahhabistes mettent en garde contre la «roqia» et contre ses pratiquants, qualifiés de charlatans. Une vidéo attribuée à l'un des imams de Médine illustre cette volte-face et proclame que la «roqia» n'est pas légitime, et que la fonction de «raqi» n'existe nulle part en Islam. Voyons !
(2) Les médias arabes rapportent le cas de cinq médecins musulmans qui sont morts en Grande-Bretagne, en soignant des malades atteints du coronavirus. Il s'agit d'un Egyptien, d'un Irakien, de deux Soudanais et d'un Nigérian. En attendant qu'un de ces journaux parle des médecins algériens qui sont en première ligne, en France et en Italie.


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