La pêche du thon rouge continue à susciter les appétits de pêcheurs peu scrupuleux. C'est ce que révèle le Syndicat national des marins-pêcheurs, en affirmant que ce poisson est tombé dans les filets de certains professionnels bien avant le lancement officiel de la campagne de pêche. Le syndicat fustige également le non-respect de la chaîne de froid et des conditions d'hygiène, notamment sur les lieux de vente. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Lancée le 26 mai dernier, la période de pêche du thon rouge en Algérie semble avoir été entamée bien avant cette date. Selon le président du Syndicat national des marins-pêcheurs, Hocine Bellout, la pêche de ce poisson migrateur a commencé quelques semaines avant l'ouverture officielle de la campagne. «Dès les premiers jours du mois de Ramadhan, des pêcheurs sont revenus à quai avec des pièces de thon de 200 à 350 kilos. Ils n'en font qu'à leur tête alors que la période de pêche du thon est fixée par la loi internationale», assure-t-il. Ce poisson, très prisé par les consommateurs, a été proposé entre 500 et 700 dinars le kilo sur le marché de gros, pendant que les poissonniers, eux, l'écoulaient à 2200 dinars. « Un vrai racket !», s'indigne le syndicaliste. La détermination d'une période où la pêche du thon rouge est légale a pour but de préserver cette espèce de poisson en voie d'extinction. Le syndicat déplore, par ailleurs, la rareté des services vétérinaires, nécessaires pour le contrôle et le respect des conditions d'hygiène. «Chaque port de pêche doit avoir entre deux et trois médecins vétérinaires , mais seuls le port d'Alger et celui d'Oran disposent d'un vétérinaire chacun, et qui, malheureusement, font la loi», dit-il. Quant à la vente du thon, Hocine Bellout dénonce le non-respect de la chaîne de froid et ses conditions d'hygiène. Exposé dans des caisses en bois, pourtant interdites depuis 2012, ce poisson est souvent écoulé sur la voie publique. «Les caisses de thon sont exposées durant des heures au soleil et sans glace. Elles sont disposées sur les trottoirs et sous les balcons des habitations où elles reçoivent toutes les poussières et les gaz des moteurs de véhicules. Cette viande est coupée avec des sabres, des haches, des scies de menuisier ou de soudeur, ou simplement des barres en acier aiguisées», détaille-t-il. Le président du Syndicat national des marins-pêcheurs estime qu'il est temps de mettre fin à toute cette anarchie qui sévit dans le secteur de la pêche. «Il faut que les poissonneries soient dotées de présentoirs frigorifiques pour tous les produits de la mer : sardine, crevette, thon,... et que les vendeurs soient équipés de couteaux et de scies de boucherie», dit-il. Le président de la Chambre algérienne de la pêche et de l'aquaculture (CAPA), Benmira Karim Bani, précise, de son côté, que le quota de pêche de 1 650 tonnes de thon rouge, accordé à l'Algérie pour l'année 2020, sera pêché dans son intégralité. «Vingt-trois thoniers ont été mobilisés pour cette opération qui se poursuivra jusqu'au 1er juillet prochain. Le thon destiné à l'exportation est pêché vivant et vendu aux fermes d'engraissement en Espagne, Malte, Tunisie, ... où il sera nourri avec la grande sardine de l'Atlantique avant d'être orienté vers l'abattage», dit-il. Pour ce faire, il assure que des contrôleurs nationaux et des contrôleurs régionaux de l'ICCAT (Commission mondiale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique) embarquent sur les bateaux pour «vérifier les bulletins de capture et confirmer que le quota a été atteint». Outre les quantités pêchées dans la zone internationale de la pêche au thon rouge, «une autre quantité est réservée pour la pêche artisanale destinée au marché local», souligne-t-il. Ry. N.