Sujette à des règles très strictes dont le seul but est de préserver la ressource, la pêche au thon rouge «très recherché» continue de susciter des interrogations au moment où la campagne 2010 bat son plein. Les mesures d'interdiction de toute opération de pêche aux navires étrangers sont-elles réellement appliquées en haute mer ? Si l'on se fie aux déclarations du président du comité national des marins pêcheurs et poissonniers, Bellout Hocine, au Temps d'Algérie, les mesures sont strictement appliquées par tous les concernés, notamment les services des gardes-côtes, de la douane et de la police des mers. En effet, le texte précise que les opérations de pêche sont suivies et contrôlées à bord de chaque navire par deux contrôleurs observateurs représentant l'administration chargée des pêches et le service des gardes-côtes, outre l'obligation faite aux navires d'embarquer un observateur de la commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (ICCAT), conformément aux engagement internationaux de l'Algérie. Il n'en demeure pas moins que certains exploitants algériens qui affirment n'avoir pas encore reçu d'autorisation s'inquiètent de leur avenir et estiment que l'article 22 de l'arrêté qui stipule que «les opérations de pêche conjointe au thon rouge avec des navires battant pavillon étranger dans les eaux sous juridiction nationale sont interdites», n'est pas appliqué. Pour M. Bellout, «ce sont juste des gesticulateurs qui n'arrivent pas à fournir le dossier complet. Il y a 52 400 marins pêcheurs en Algérie et il se trouve parmi eux des spéculateurs», dit-il, non sans insister sur la nécessité de préserver cette ressource, massacrée selon lui par les armateurs étrangers qui disposent de moyens sophistiqués. «Il n y a que 4 vrais thoniers algériens» révèle-t-il, regrettant toutefois que les marins pêcheurs algériens n'aient pas encore acquis «les techniques de pointe». Le marin algérien ne peut pas se permettre, selon lui, un thonier dont le coût est de 75 milliards de centimes. Pour notre interlocuteur qui se félicite de la décision ministérielle et se dit prêt à collaborer avec la tutelle, le temps est venu de préserver cette ressource en voie d'extinction. Le quota de l'Algérie qui est de 1500 tonnes est déjà en soi une énorme quantité, selon M. Bellout, qui préconise l'interdiction sectorielle de la pêche au thon sur nos côtes. Il précise à ce sujet : «Nous demandons l'interdiction pendant deux ans de la pêche au thon par secteur (est, ouest et centre)». Ceci, précise-t-il, pour permettre à l'espèce de se développer. Le plateau algérien est massacré et vidé de son plancton et pas moins de 25 espèces de poisson sont en voie de d'extinction», s'alarme-t-il. Il n'omettra pas, dans ce sillage, de revenir sur le trafic qui caractérise «cette pêche miraculeuse» et la ressource surexploitée en Méditerranée par pas moins de 617 thoniers, «en plus du massacre écologique dont elle est victime».