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Ali, l'homme et sa légende
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 06 - 2020

Pendant longtemps, les chiites minoritaires des pays arabes ont été regardés comme une communauté, certes attachée à ses traditions religieuses et à ses rites, mais aussi très ouverte. Les chiites libanais en étaient la parfaite illustration, bien que partageant le pouvoir avec les Maronites et les musulmans sunnites, sur une base communautaire, mais avec des règles. Tant que ces règles étaient respectées par les Libanais eux-mêmes et surtout par les voisins arabes, et l'agressif voisin israélien, le Liban a été un pays prospère et un havre de paix pour tous. Le consensus arabe sur le Liban n'a pas résisté aux divisions et querelles interbaâthistes, comme avec l'Irak et la Syrie, ou avec la Palestine, comme cause et plus souvent prétextes. L'irruption du pouvoir des ayatollahs d'Iran, après la révolution khomeiniste d'Iran, et la création du Hezbollah, dit libanais, ont bouleversé l'ordre établi, avec la bénédiction des Syriens. Du temps de l'Iran impérial qui respectait plus ou moins l'ordre établi dans la région, mais qui pouvait se montrer menaçant, grâce à sa puissance de frappe, les pays arabes se tenaient cois. Le shah d'Iran leur avait même interdit d'utiliser l'appellation de «Golfe arabe», pour désigner le bras de mer, que nous avons appris à connaître sur la mappemonde sous le nom de «golfe Persique». Avec la chute de l'empire, les Américains ont choisi de miser sur l'Arabie Saoudite.
On sait qu'après leur révolution, les Iraniens ont contesté, avec plus de virulence encore, le contrôle des lieux saints de l'Islam, par la dynastie wahhabite des Al-Saoud, alliée des Etats-Unis. Avec la neutralisation de la «cause palestinienne», on n'est plus dans la traditionnelle querelle sunnites-chiites, mais dans une guerre entre deux intégrismes, que même le Covid-19 ne peut éteindre. Désormais ennemis héréditaires, en l'absence d'autres prétextes, le sunnisme wahhabite et le chiisme khomeyniste se battent aussi, l'un pour asseoir son emprise, l'autre pour étendre son influence. L'intégrisme sunnite, tout en glorifiant le sulfureux Mu'awya et son alliée Aïcha, coalisés contre Ali, vitupère contre les kharédjites, partisans d'Ali, entrés en sédition, mais sans le citer.(1) C'est un peu la gageure qu'a réussie le régime algérien en réussissant, par un coup de maître, à réhabiliter Messali, et de quelle manière, tout en maintenant ses partisans dans le rejet et l'opprobre. Dans cette situation, les sunnites chantent les louanges des coalisés qui ont eu raison de l'imam Ali, jamais nommément cité, parce qu'ayant été l'un des «califes bien guidés» mais implicitement dévalorisé. De leur côté, les chiites, qui ne se considèrent pas comme tenus au respect de tous les membres de l'entourage du Prophète, brûlent tous ceux que les sunnites adorent et idolâtrent Ali.
Tout comme les sunnites ont leurs iconoclastes et ont produit des penseurs pétris de rationalité, qui ne font confiance qu'aux faits, les chiites ont aussi des regards parfois très critiques sur leurs idoles. C'est le cas du cinéaste iranien, Mohamed Nouri Zad, qui a publié récemment un texte où il interpelle l'Imam Ali, et lui reproche d'avoir engagé des musulmans dans trois batailles inutiles, mais sanglantes. Comme encouragé par ce premier pamphlet qui promet une suite, un chroniqueur qui fait précéder son nom du «d» qui accompagne les «douktours», essaie de distinguer la personne de sa légende. Dans cet article, publié sur le site du magazine Shaffaf, tout comme le premier cité, Mohamed Al-Hachemi essaie de mériter son titre de «douktour» en mettant face à face l'imam et son double. Il commence d'abord par évoquer Ali, la légende, «qui habite dans la tête des chiites», telle que l'a confectionnée Al-Majlissi dans son œuvre monumentale, en 110 volumes, terminée en 1690.(2) D'abord, il est né à l'intérieur de la Kaâba, un honneur que n'a pas eu l'Envoyé de Dieu. Puis, il a été choisi comme successeur (calife) du Prophète. Le ciel et ses anges ont célébré la désignation d'Ali comme imam, et comme calife. Alors qu'une bande de Bédouins, réunie sur la placette des Beni-Saâda, a choisi Abou-Bakr, contre la volonté de Dieu et en accord avec la volonté des Bédouins.
Il avait des dons de Dieu extraordinaires, comme celui de se battre contre 35 guerriers et de les tuer, à la bataille de Badr, ou de soulever la porte de Khaibar qui pesait des tonnes. Il avait aussi combattu et vaincu les djinns, sans compter que le Prophète a entendu la voix d'Ali lors de son ascension, ainsi que les autres dons miraculeux, tel celui de connaître les mondes surnaturels. Il pouvait aussi replier la terre pour raccourcir les distances. Il y a aussi une croyance répandue selon laquelle Dieu sollicite l'avis de l'Imam Ali avant de donner la vie à un être humain, c'est ainsi qu'il est présent à la naissance et à la mort de l'individu. Dieu lui a donné aussi la prérogative de faire entrer ses partisans et ses fidèles au paradis, au jour du Jugement dernier.
Quant à l'homme dans l'Histoire, note encore Mohamed Al-Hachemi, il a été calife pendant plus de 5 ans, mais il n'a reçu l'allégeance que des Médinois, alors que les habitants de la Syrie (Al-Cham) ont refusé de lui faire allégeance. Il a transféré la capitale du califat de Médine à Kouffa (Irak), ce qui a eu pour effet de déstabiliser des structures administratives installées à Médine depuis 35 ans. Enfin, selon les évaluations de différents historiens, les guerres entre les musulmans, du fait des rivalités politiques, ont fait de 120 000 à 250 000 morts. Est-ce une raison pour disqualifier le règne de l'Imam Ali ? C'est la conclusion hâtive de l'auteur.
En voulant montrer l'incapacité des chiites à gouverner, tout au long de l'Histoire, et jusqu'à nos jours en Irak et en Iran, Mohamed Al-Hachemi a surtout pris le risque de heurter les sunnites.
A. H.
(1) Les auteurs des prêches enflammés contre les kharédjites, nom donné par Ali à ses partisans, déçus et dissidents, devraient se souvenir que c'est de cette «trahison» qu'est né le chiisme et avec lui le culte de l'Imam Ali.
(2) Il s'agit de Mohamed Baqer Al-Majlissi (1627-1699) qui a fait à peu près pour le chiisme ce que Boukhari et Mouslim ont fait pour le sunnisme, mais avec beaucoup plus de retard.


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