Pouvez-vous nous rappeler les conditions dans lesquelles ce projet a été imposé aux habitants d'El-Kantara ? En réalité, notre association n'a eu vent de la décision de réaliser cet ouvrage que vers la fin du mois de novembre 2012, au moment où les responsables locaux en ont été tenus informés des mois plus tôt. Mais cela ne nous a pas empêchés de déclencher immédiatement des actions de protestation. Nous avons d'abord commencé par alerter les habitants d'El-Kantara et ensuite l'opinion publique nationale sur la gravité du problème. Nous avons adressé des courriers aux directions du tourisme et des travaux publics de la wilaya de Biskra, dans lesquels nous demandions des informations et des éclaircissements, mais rien ne semblait, au début, perturber l'évolution de ce projet, rejeté unanimement. Votre résistance a quand même fini par faire changer d'avis les responsables ... Cela n'est intervenu qu'après élargissement de notre mouvement de contestation et le ralliement à notre cause d'un nombre impressionnant de personnalités de divers horizons et aussi la presse nationale dans ses différentes formes, écrite, parlée et télévisuelle. Des initiatives importantes ont été lancées comme la création d'un site internet, appelé www.lesgorges.wordpress.com, par Abdallah Hamdane et qui a offert à notre action une audience nationale et internationale inespérée. Et effectivement, le 15 janvier 2013, une décision a été prise pour changer de variante et abandonner le passage sur le pont romain. Cette seconde proposition technique accuse un énorme retard et a déjà causé des dégâts irrémédiables au site naturel et à la palmeraie... Comme vous le soulignez, l'entêtement et l'obstination de certains entraînent, en effet, un ralentissement des travaux depuis 8 années, alors qu'ils devaient se terminer dans un délai de 20 mois. Des milliers de tonnes de ciment et de ferraille ont été engloutis dans cet ouvrage inutile qui a énormément altéré le site des gorges et du pont romain. Finalement, ce projet finira par aboutir ? Oui, hélas. 8 années après, le projet s'approche laborieusement de sa fin, en dépit des lettres, des pétitions et des multiples réclamations des citoyens et associations en vue de changer le tracé du projet ou arrêter les travaux. La bêtise humaine en a décidé autrement. Propos recueillis par B. B.