Comment apprivoiser au mieux une colère, en attendant le changement tant espéré par la majorité ? À chaque évènement nouveau, dont on n'arrive pas tout à fait à décrypter les réels enjeux, on se surprend à espérer que c'est, peut-être, là, le signe que la situation est sur la voie d'une mutation positive. C'est vrai qu'à les entendre plaider leur cause, on réalise, à la banalité de leurs arguments, qu'ils sont prêts, tous comme ils sont, à nous vendre une innocence que personne n'aurait eu l'intelligence de percevoir. Et les coupables, alors ? Qui sont-ils ? Où sont-ils ? Et pourquoi n'ont-ils toujours pas été appréhendés ? À moins que personne ne le soit et que tout ce qui se passe ne soit le reflet d'une vaste imposture ? L'un des ex-puissants membres de la camorra nationale raconte, avec l'absolue conviction, que son jeu fera mouche, comment et pourquoi il a été injustement limogé par le frère de l'ex-chef de l'Etat qui ne l'aimait pas. Quant à lui faire avouer où il a planqué le magot que son ex-fonction lui a permis d'accumuler, on en conclut qu'à l'allure où vont les résistances, la justice a encore beaucoup à faire. Hamel, l'ex-DGSN, dont on disait pis que pendre lorsqu'il disposait, encore, d'une force de frappe terrifiante, n'aurait donc pas été démis de ses fonctions parce que le travail colossal qu'il abattait, au profit du pays, compromettait l'avenir de la issaba, mais juste parce que sa tête ne revenait pas à plus puissant que lui. Je déteste le mot issaba mais il n'en demeure pas moins le mieux approprié pour définir les mafieux qui ont servi le système et se sont construit, au passage, un empire à la mesure de leurs ambitions. Comment oublier que toutes ces fortunes se sont montées sur le dos d'une Algérie qui mettra longtemps à s'en relever ? Ce serait donc Saïd Bouteflika qui lui aurait cherché des poux dans la tête sans qu'il l'ait le moins du monde mérité. Au passage, et parce qu'ils pensent adopter la meilleure ligne de défense, tous ces individus qui ont fait de l'arbitraire un modèle de gestion personnel, durant tout le temps où ils ont été aux commandes, attendent de la sentence qu'elle soit clémente. M. B.