La lourde condamnation du journaliste Khaled Drareni à trois ans de prison ferme suscite toujours des réactions de désapprobation des partis politiques et des organisations de la société civile. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le Parti pour la laïcité et la démocratie (PLD) a dénoncé un simulacre de procès et une condamnation au mépris de l'exercice de la profession de journaliste. «Jugé sur la base d'accusations dont la véracité est à prouver, le journaliste Khaled Drareni a été condamné, le 10 août dernier, à 3 ans de prison ferme au mépris du droit élémentaire à l'exercice de son métier. Ce simulacre de procès est d'autant plus scandaleux qu'il cloue au pilori la raison d'être essentielle du journalisme : la liberté d'expression», a condamné le PLD dans un communiqué signé par son porte-parole Moulay Chentouf. Pour lui, ce procès et cette lourde condamnation sonnent «comme une provocation supplémentaire et une volonté d'en découdre avec le mouvement citoyen du 22 février». «Comme toutes les arrestations et les condamnations auxquelles le pouvoir a procédé, le jugement que vient de rendre le tribunal de Sidi-M'hamed a l'encontre du journaliste Khaled Drareni est frappé du sceau de l'arbitraire. Ce qui est en cause directement, c'est l'institution judiciaire qui, de fait, fonctionne à la «tête du client» en se soumettant aux injonctions de centres obscurs du pouvoir», ajoute le PLD qui constate que la justice en Algérie a toujours été lestée par des manœuvres politiciennes dont le seul objectif est de servir les intérêts des pouvoirs en place et leur stratégie de gouvernance. Le PLD, qui ne s'étonne pas pour autant « de ces atteintes graves aux libertés par ceux-là mêmes qui sont censés conduire les affaires de justice en toute impartialité et conformément aux lois», estime que « ce qui interpelle les citoyens et les citoyennes est que la justice algérienne ne vise pas les responsables du naufrage et de la ruine du pays». Et de s'interroger pourquoi ce sont les lampistes et pas les requins qui tombent dans les mailles de la justice et pourquoi l'ex-Président n'est pas jugé ? Pourquoi les responsables du terrorisme islamiste sont toujours dans l'angle mort de la justice et pourquoi ceux qui ont assassiné hommes, femmes et enfants, ceux qui ont passé au fil de la lame l'intelligence du pays ne sont pas jugés, s'interroge aussi le parti. «La situation en Algérie est si ubuesque que ceux qui sont responsables de l'assassinat de dizaines de journalistes durant les années 1990 comme Rachad aujourd'hui, ce sont eux qui montent au créneau pour exiger tapageusement... la libération de Khaled Drareni. Le monde à l'envers !», soutient encore le PLD. Rappelons que tous les partis de la mouvance démocratique, FFS, RCD, PT, entre autres, et les organisations de la société civile de la même tendance comme RAJ et la Laddh, ont tous dénoncé la condamnation du journaliste et exigé sa libération. Pour le PLD, « tant que la séparation des pouvoirs ne sera pas consacrée, et tant que la menace de l'épée de Damoclès pèsera sur la tête des juges, le tribunal fera dans la justice à géométrie variable et ne sera jamais le temple de l'objectivité et de l'impartialité». Il explique que «sans rupture avec l'islamisme politique et le système », l'instauration de l'Etat de droit, seul garant des libertés et des lois, ne pourra pas être arrachée. K. A.