Au sein de la fratrie des Morceli, la pratique du sport n'a pas été un simple hobby. Abderrahmane, Ali en passant par le maître du 1 500 m, Noureddine, sont les témoins d'un attachement familial au sport, une discipline l'athlétisme, qui a fait des Morceli des personnages-clés du MSN. Et il semble bien que la «transition», certes difficile, est possible. Pas forcément dans les épreuves de courses. Fils de champion est un statut difficile à assumer. Difficile surtout de faire mieux que son géniteur qui a plané sur son «monde» des années durant, fermant le bec à beaucoup de ses détracteurs, sportivement s'entend. Abdelghani Morceli est l'unique fils (Aïcha est l'autre enfant née du couple) de l'union consentie par le champion olympique de Barcelone, Noureddine et l'athlète suissesse Patricia Bieri. Malgré un divorce consommé après cinq années de mariage, les liens familiaux n'ont jamais été coupés depuis 2002. Soit exactement 3 ans après la naissance de Abdelghani (appelé aussi Abdurani) qui a vu le jour le 24 juin 1999. Un enfant qui a grandi au sein de la famille de sa maman, en Suisse. Là où il a tout découvert. En sport surtout. Rapide et endurant, Abdurani se fait remarquer dans une autre discipline que ses parents (son grand-père maternel est coach de marathon). Il préfère éviter les courses de couloirs et des pistes pour des foulées en long et en large des aires de jeu à onze. Le fils du champion d'athlétisme est, comme pas mal d'enfants de cette planète, tombé sous le charme du football. En étant toujours aux avant-postes, comme son père. En effet, le frêle Abdelghani a débuté comme attaquant au SC Cham, club de promotion, puis a «muté» au milieu quand il ira poursuivre sa formation chez les U14 et les U15 de Zugerland Team. Une formation qui fera de lui un... ailier droit quand il reprendra du service chez les U18 de Cham II. Mais pourquoi ce choix d'une carrière sportive ailleurs qu'en athlétisme. Abdelghani Morceli expliquera en 2018 sur le site de la ligue régionale de football en Suisse (regiofussball.ch) qu'il a tout simplement réalisé un rêve d'enfance. «Enfant, je rêvais de devenir footballeur professionnel. Depuis que je suis capable de penser de manière réaliste, je rêve de marquer des buts pour la première équipe du SC Cham II», a-t-il déclaré. Pour autant, il n'oublie pas qu'il a bien profité de la «génétique» tellement sa vitesse et son endurance ont marqué ses entraîneurs en jeunes. «J'ai toujours eu la capacité de courir et d'avoir de l'endurance. Je suis né avec ces compétences, pour ainsi dire.» À telle enseigne que ses adversaires se perdent à lui courir derrière sans l'attraper. «Je dois encore apprendre à accepter personnellement de moins bonnes performances. Je suis mon plus grand critique. Je suis extrêmement ennuyé quand après un match — gagné ou perdu — le sentiment me frappe de ne pas avoir atteint mon maximum», avoue l'athlète qui a vraiment le sang algérien. Un gagneur comme son légendaire père. Celui qui rêve de devenir professeur d'histoire ou de sport ne verrait pas mal une réussite dans une carrière de footballeur. Ses états de service plaident pour lui. Capitaine chez les juniors de Cham II SC, Abdelghani Morceli a été promu en seniors alors qu'il n'avait que 17 ans. Grâce à ses qualités intrinsèques, il enchaînera les bonnes prestations et les performances comme buteur. Lors de la saison 2018-2019, il inscrira 10 buts avant de se blesser pour quelque temps. À son retour à la compétition, au début de cette année, il reprendra son cycle plein d'efficacité en signant trois nouveaux buts consécutifs avant que la saison ne soit interrompue à cause de la pandémie du coronavirus. Un arrêt qui l'oblige à ranger ses crampons momentanément, le temps que l'activité footballistique soit relancée dans le championnat de la Ligue promotionnelle, troisième palier dans la hiérarchie du football en Suisse. À 21 ans, l'étoile Abdelghani Morceli n'a pas encore illuminé les stades du football. Pour son père, l'histoire ne fait que commencer... Et le souffle des Morceli est toujours long. M. B.