Le monde du pétrole, plus que tout autre peut-être, n'en finit pas d'obéir au moindre détail de ce qui fait l'actualité de la pandémie et de ses répercussions sur l'économie mondiale. Les avancées annoncées par les laboratoires au sujet du vaccin et la «conscience» affichée par l'Opep et ses alliés dans le cadre d'Opep+ pour venir à bout du déséquilibre du marché ont dopé le prix du baril pour atteindre un niveau tel qu'il n'en a pas vu depuis huit mois. Au fur et à mesure qu'approche la réunion ministérielle des pays impliqués dans Opep+ qui se reverront dans trois jours afin de décider des suites à donner à leur accord destiné à réduire leur production afin de stabiliser le marché, le prix des deux barils de référence s'est offert une remontée qui ouvre de nouvelles perspectives en parallèle aux informations en provenance des big pharmas sur les vaccins anti-Covid, d'une part, et les informations que beaucoup n'attendaient pas sur la situation des stocks américains, en baisse de 800 000 barils, annoncée en milieu d'après-midi de mercredi dernier par l'EIA, l'Agence américaine d'information sur l'énergie, d'autre part. Des informations qui se sont incrustées dans le marché, plus sensible que jamais, pour voir le Brent afficher, en fin de séance de mercredi à Londres, 48,61 dollars alors que le WTI américain était cédé à 45,71 dollars. Plus encore, à un moment de la séance du même mercredi, sur le marché londonien, le baril de Brent a même franchi la barre des 50 dollars. Une évolution du marché qui a de quoi stimuler les signataires de l'accord Opep+ dans la perspective de la réunion du début de semaine. Selon l'accord en vigueur, les coupes de production actuelles sont de 7,7 millions de barils, elles devraient être ramenées, à compter du 1er janvier, à 5,8 millions de barils. Il se dit que cette baisse de 5,8 millions pourrait ne pas intervenir au moment prévu puisque la plupart des membres de l'Entente Opep et alliés seraient d'accord pour laisser la coupe de 7,7 millions de barils courir entre trois et six mois supplémentaires. Des leaders parmi les signataires de l'accord sont prêts à faire le forcing pour amener tous les membres à adopter la proposition d'allonger les coupes de 7,7 millions de barils par jour au-delà du 31 décembre, leaders parmi lesquels les Russes qui font face à une difficile conjoncture interne, l'Etat ayant prévu un budget déficitaire jusqu'en 2023, ses finances ayant accusé, cette année, le coup de la pandémie et de la conséquente crise pétrolière, après des années de consolidation budgétaire et un surplus en 2019. La Chambre basse du Parlement russe a, en effet, adopté, jeudi, un budget 2021-2023 déficitaire sur les trois années de, respectivement, 2.750 milliards de roubles, soit 2,4% du PIB (30 milliards d'euros au taux actuel), 1.250 milliards (1% du PIB) et 1.410 milliards (1,1% du PIB). Une proposition (le maintien de la coupe de production de 7,7 millions de barils par jour) qui, entre autres, devrait gagner sans la moindre difficulté le OK de l'Algérie qui s'attend à des mois autrement plus pénibles sur le plan du budget et qui, doit-on le rappeler, a tablé sur un prix moyen du baril de pétrole à 40 dollars dans le projet de loi de finances 2021. Un prix moyen qui, selon plusieurs prédictions, devrait être sujet à une remontée, à compter de janvier prochain, si l'on croit les perspectives de Bank of America, la plus grande banque américaine en termes de dépôt et de capitalisation boursière, dont les perspectives annoncent que le baril de Brent pourrait atteindre 60 dollars l'été prochain avec l'assouplissement des restrictions de voyage et prenant en compte un optimisme croissant autour des vaccins Covid-19. L'assouplissement des restrictions entraînera une augmentation de la demande de pétrole et cela stimulera les prix car cela créera un déficit de 1,6 million de bpj d'ici la mi-2021, a déclaré la banque, selon une information rapportée par Bloomberg. De quoi redonner de l'espoir à de nombreux producteurs, dont l'Algérie, même si le pays est en train de rencontrer des difficultés dans la production malgré les coupes édictées par les accords Opep et Opep+. Azedine Maktour