Une totale anarchie s'est installée depuis plusieurs années à travers les différents axes routiers de la wilaya qui sont pratiquement chaque jour fermés sans susciter la moindre intervention des autorités compétentes pour mettre un terme à ces récurrentes manifestations musclées de blocage de routes qui empoisonnent le quotidien de la population dans ses déplacements. La wilaya de Béjaïa, qui peine à s'engager sur les rails du développement économique, détient, néanmoins, le triste record des fermetures de routes à l'échelle nationale. À chaque mouvement de protestation, le même lot de revendications citoyennes est mis en avant par ses initiateurs contre le mépris des pouvoirs publics à répondre favorablement à leurs préoccupations. En ce début de la nouvelle année, pas moins de trois actions de fermeture de routes sont enregistrées à travers la wilaya. Même la voie ferrée n'est pas épargnée comme moyen de pression sur les autorités concernées. Devant ces opérations, les usagers se retrouvent, dans leurs déplacements, les otages de conflits dont ils ne sont aucunement responsables. Les malades, les travailleurs et tous les autres automobilistes de passage à travers la wilaya sont durement pénalisés. Etouffées économiquement par ces blocages de routes, de nombreuses entreprises installées à Béjaïa ont plié bagage, et ont pris le chemin vers les wilayas limitrophes plus apaisées. Après la fermeture de la RN 43 reliant le chef-lieu de wilaya à l'est du pays par des demandeurs de logements contestant l'affichage d'une liste de pré-bénéficiaires à Melbou, le blocage de la voie ferrée au niveau d'Ilmaten et le chemin de wilaya 22 menant vers Semaoun par le personnel de la polyclinique de la localité réclamant l'amélioration des conditions de travail. Hier dans la matinée, ce fut des transporteurs de voyageurs assurant la desserte Sidi-Ayad vers Sidi-Aïch qui ont obstrué la RN 26 à la circulation automobile à l'entrée de la ville de Sidi-Aïch. Les protestataires réclament du maire de Sidi-Aïch une autre solution à leur problème lié à l'arrêt de stationnement affecté aux transporteurs de voyageurs de la commune de Sidi-Ayad. Ils estiment que le nouvel arrêt qui leur a été affecté par le maire de Sidi-Aïch « ne convient pas » aux transporteurs de voyageurs vers la commune de Sidi-Ayad. Pour le maire de Sidi-Aïch, la nouvelle gare routière aménagée pour recevoir les transporteurs assurant la desserte vers, entre autres, Seddouk, Takrietz, Akbou et Sidi-Ayad, dispose tout au contraire de toutes les commodités pour assurer la meilleure prestation aux voyageurs. « La ville de Sidi-Aïch, par sa situation d'ancien chef-lieu de la grande daïra de Sidi-Aïch, composée d'une dizaine de communes, étouffe par le nombre important de bus et autres fourgons s'élevant à 460 véhicules. Notre commune s'attelle à regrouper les différents transporteurs dans certains endroits aménagés en gares routières pour désengorger notre ville. Tout le monde peut constater que pratiquement à chaque coin de rue, il y a un stationnement réservé aux fourgons. Notre ville est saturée par le nombre de stationnements de bus assurant les voyages vers les différentes communes de l'ancienne daïra de Sidi-Aïch et même les autres localités à l'image d'El-Kseur, Akbou, Ouzellaguene. La seule solution pour désengorger notre ville consiste en l'aménagement de nouveaux sites pour regrouper ces transporteurs en leur assurant toutes les commodités. Il faut savoir aussi que ces transporteurs de Sidi-Ayad qui refusent de rejoindre ce nouveau site de stationnement ont été déboutés par la chambre administratif de Béjaïa suite à une plainte déposée contre notre APC », nous a déclaré en substance Abaour Chafik, le P/APC de Sidi-Aïch. Il est à rappeler que ces transporteurs de la ligne Sidi-Ayad/Sidi-Aïch sont en grève depuis plusieurs mois. Il convient de signaler également qu'une véritable pagaille a été observée dans la matinée de mercredi sur cet axe routier reliant le chef-lieu de wilaya et le centre du pays, en passant par la vallée de la Soummam, suite à son blocage par ces contestataires, provoquant ainsi un énorme embouteillage. « Vous dénoncez une injustice à votre encontre mais par cette action de blocage de la route vous êtes en train de faire subir une autre injustice à d'autres citoyens innocents. Je comprends votre colère mais pourquoi ce sont toujours d'autres petits citoyens comme vous qui sont pénalisés ? Pourquoi ne pas fermer le bureau du wali, du chef de daïra ou de l'autorité responsable de vos problèmes ?» explose un automobiliste bloqué face aux grévistes. Le blocus a été finalement levé en milieu de journée. Par ailleurs, à Toudja, l'affichage d'une liste de pré-bénéficiaires de logements a également mis le feu aux poudres, provoquant un mécontentement parmi les autres demandeurs dont les noms n'y figurent pas. Se sentant « lésés », les candidats non retenus ont procédé à la fermeture du siège de leur APC pour exiger « une révision de la liste ». A. Kersani
