Ferhat Aït-Ali Brahim. Il savait depuis le début de son aventure au sein du gouvernement qu'il n'allait pas se faire que des amis. Pour tout dire, il aurait été nommé à la gestion de n'importe quel portefeuille au sein de l'équipe Djerad, son ouïe en aurait pris pour son compte tant il incarnait l'une des voix les plus véhémentes à l'encontre du personnel politique qu'il a accusé à un certain moment d'avoir «tout accaparé, chacun ce qu'il pouvait, depuis 1962». Alors, faire partie intégrante, aujourd'hui, du pouvoir et qui plus est se voir confier le très tourmenté secteur de l'industrie, avec la gestion d'un dossier aussi «miné» que celui de l'automobile qui brasse des milliards en monnaies étrangères, là il devait sans doute s'attendre à toutes les inimitiés dans une Algérie troublée où, désormais, n'importe quel sujet soulève un tollé et les polémiques les plus invraisemblables, tellement tout est à réinventer, donc passible de susciter les débats les plus passionnés, jusqu'à dépasser, et de loin, les limites de la diffamation. De l'époque d'avant qu'il soit investi du premier rôle dans la lourde mission de donner à l'industrie algérienne la place qui doit être la sienne dans la nouvelle Algérie, Ferhat Aït-Ali Brahim a laissé des analyses économiques d'une finesse aussi rare que hautement appréciée ainsi que des déclarations qui résonnent encore fort, tellement fort que beaucoup, sur les réseaux sociaux plus particulièrement, trouvent un malin plaisir à les ressortir, les exhiber comme si c'étaient des pièces à conviction d'un crime qu'il aurait commis, lui l'auteur de véritables envolées du genre de celles qu'il adressait aux acteurs du dossier «suspect de l'industrie automobile», comme il l'appelait, et à travers lesquelles déclarations il s'attaquait vertement à ceux qu'il nommait les parrains de «l'entreprise de prédation» qui a écumé le pays jusqu'à un temps encore récent, à travers, notamment donc, des hommes d'affaires fabriqués de toutes pièces pour en faire les précurseurs d'une prétendue industrie automobile algérienne alors qu'ils ne versaient que dans un vulgaire montage de kits. Des sorties qui défendaient le bien public en somme, toujours avec une argumentation qui balayait toute espèce de doute, et avec une passion qui lui valut une popularité telle que beaucoup de personnalités de divers horizons avaient matière à cultiver l'envie. De tout cela, jusqu'à la semaine dernière, il ne reste plus beaucoup si l'on suit les tas de commentaires qui fleurissent sur tous les supports médiatiques. Même des élus des deux Chambres du Parlement n'ont pu s'empêcher de joindre leurs voix à celles qui, par exemple, voient d'un très mauvais œil la mise entre parenthèses de l'autorisation des véhicules de moins de 3 ans, la même autorisation qui trouvait grâce à ses yeux il y a quelques années mais que l'ancien pouvoir avait écartée pour déblayer le terrain aux fameux «précurseurs» de l'industrie automobile algérienne. La sortie, à la Pyrrhus, de la première vague des 4 autorisations d'installation de concessionnaires, le refus d'accorder des agréments à des concessionnaires multimarques, et l'insistante décision de surseoir à l'importation des véhicules d'occasion, tout cela fait qu'aujourd'hui, le ministre de l'Industrie passe pour la tête de gondole du gouvernement, il focalise les colères jusqu'à faire oublier d'autres membres du gouvernement qui, pourtant, ne s'en sortent pas tel qu'il se devrait, voire qui ne font qu'enfoncer leurs secteurs respectifs. Mais, il faut dire que l'automobile, comme partout ailleurs dans le monde, au même titre que quelques autres secteurs, a le don de détourner des débats autrement plus essentiels. Surtout dans un pays pratiquement en chantier. Azedine M.