Dans le combat contre l'épidémie de coronavirus comme dans les mesures d'assouplissement censées sanctionner des améliorations en la matière, chaque étape importante dans les décisions a connu son lot d'incongruités. Enfin, disons des incongruités pour ne pas les appeler autrement. En l'occurrence, la bizarrerie - même celle-ci on la désigne ainsi par excès de prudence - qui a le plus marqué les esprits concerne le commerce des boissons alcoolisées. En Kabylie particulièrement, tout le monde est maintenant édifié : le maintien de la fermeture des établissements destinés à cette activité n'a plus rien à voir avec les considérations de sécurité sanitaire. Les autorités qui ont décidé ou inspiré cette décision auraient pu au moins faire semblant de défendre la chose en opposant quelques arguments même légers, à ce «choix». Après tout, des arguments à portée de main, ce n'est pas ce qui manque. Ils peuvent même aller en... importer, puisque y compris dans des pays qui n'ont aucune raison de fermer des bistrots pour d'autres raisons que la précaution sanitaire, il y a eu quelques polémiques exemplaires sur la question. Mais voilà, ils n'y ont même pas pensé. Sans doute parce que nos gouvernants, Algérie nouvelle ou ancienne, se sentent rarement obligés de s'expliquer. Ensuite, l'argument sanitaire, ici plus qu'ailleurs, ne tient pas la route. Quand on compare les espaces, ce n'est pas du tout évident que le bar ou le resto soit plus dangereux que la supérette. Ne parlons même pas des vendeurs d'alcool à... emporter restés fermés pour laisser libre cours aux ventes clandestines au nez et à la barbe des services de sécurité. Depuis hier, les cafés et restaurants sont à nouveau autorisés à rouvrir. En y pensant, on se rend compte que c'est tout de même un grand moment de la vie, au vu de ce que nous avons connu depuis de longs mois maintenant. Toutes les études, tous les sondages, tous les... micro-trottoirs opérés dans le monde l'ont révélé : à la question de savoir ce qui a manqué le plus aux femmes et aux hommes du monde depuis les contraintes imposées par la pandémie, la majorité ont répondu : le restaurant en famille ou avec les amis. A la question de savoir quelle est la première chose qu'ils feront après un confinement, la réponse est quasiment la même : sortir et s'attabler quelque part... de préférence en terrasse ! Au premier jour de réouverture des cafés et restaurants d'Alger, la... police est sortie pour signifier aux cafetiers de la rue Didouche et de la Grande-Poste qu'ils doivent dégager leurs tables et chaises des terrasses ! Vous y comprenez quelque chose ? Ne cherchez surtout pas dans le rayon des mesures sanitaires, vous n'y trouverez rien, bien au contraire ! S. L.