Des milliers de citoyens sont sortis à nouveau, hier, pour réitérer leurs revendications de changement radical du système politique et exprimer en même temps le rejet des élections législatives du 12 juin prochain, estimant que ces élections n'apporteront pas une solution à la crise que traverse le pays. Karim Aimeur – Alger (Le Soir) - La capitale a renoué, hier, avec les grandes manifestations de rue qui sont devenues une véritable démonstration de force populaire contre les choix du système politique dont ils exigent le changement radical. Sous un dispositif sécuritaire impressionnant, des milliers de citoyens ont manifesté pacifiquement au rythme de slogans réclamant le départ du système, l'instauration d'une Algérie libre et démocratique et d'un Etat civil, la liberté de la presse et l'indépendance de la justice et l'édification d'institutions légitimes. Les manifestants, arborant l'emblème national, l'emblème amazigh présent en force et des pancartes, qui ont envahi le centre-ville dans l'après-midi, ont exprimé également le rejet des élections législatives du 12 juin prochain. « Les élections ne sont pas la solution », proclame un manifestant dans une pancarte, alors que la foule scandait : « Y a pas d'élections avec les bandes .» À la tête du cortège descendant la rue Didouche-Mourad vers la Grande-Poste, en passant par la place Audin, les manifestants ont fait vibrer la ville avec le mot d'ordre « Algérie libre et démocratique ». Sur les pancartes brandies par ces derniers, on pouvait lire « Primauté de l'intérieur sur l'extérieur», « Une Algérie ni orientale ni occidentale », « l'union pour construire l'Etat de droit, de la justice et de l'égalité sociale » ou encore « le problème est dans la légitimité ». Au moment où le président du RCD, Mohcine Belabbas, et ses accompagnateurs étaient arrivés à la place Audin, les manifestants qui l'entouraient se sont mis à lancer des slogans appelant au respect de la volonté populaire et à une transition démocratique. Présent à la marche, Me Mostefa Bouchachi a déclaré aux médias que les Algériens rejettent les élections législatives parce que les conditions de leur tenue ne sont pas réunies, qualifiant ce rendez-vous de fuite en avant du régime. Il a soutenu que les Algériens ne sont pas sortis le 22 février 2019 pour réclamer des élections, mais pour exiger le changement radical du système politique. « Les Algériens sont déterminés à poursuivre cette révolution pacifique. On aurait souhaité que le système entende la voie du peuple qui veut un réel changement et non un recyclage du système autoritaire », a-t-il dit, appelant à préserver le pacifisme et l'unité du mouvement. Figure connue du mouvement populaire, Karim Tabbou a affirmé, de son côté, que le Hirak se poursuivra malgré les manœuvres du pouvoir car, « les objectifs pour lesquels le peuple est sorti ne sont pas réalisés, et que l'Etat de droit n'est pas encore atteint ». Il a appelé à la reconstruction du pays afin que les droits de chacun soient garantis et respectés. K. A.