Le monde est désormais un village, ainsi en a décidé ce siècle de la vitesse, de l'instantané. Internet balise tout. Démasque tout, jusqu'au moindre recoin de notre intimité que l'on croyait blindée par notre Moi. Un terme nouveau s'est emparé de la planète entière : les réseaux sociaux. Ainsi voguent Facebook et son pendant Messenger, Viber, Snapchat, Instagram et que sais-je encore. Le tout est de savoir naviguer entre les fake news, l'info en or massif, l'intox et tous les bobards qui font le bonheur des âmes en peine, des solitaires de naissance, l'asocial en immersion soutenue dans son smartphone: les neurones en feu, le sourire béat, figé. Emportés par un déficit d'affection qu'impliquent les moments de solitude, nous effleurons d'un doigt un émoticône pour un «j'aime» ou inscrivons quelques mots dans la barre des commentaires. Dans notre esprit, le vis-à-vis est juste là, quelque part, pas trop loin. Erreur, comme un électron fou, notre SMS va rebondir autour du globe plus que l'on ne peut soupçonner. Sa diffusion est instantanée, universelle, fait aussi bien que le coronavirus. Aucun obstacle ne peut le ralentir si ce n'est les caprices du modérateur. Un baromètre d'empathie : le nombre de followers. C'est à croire que l'humanité a enfin trouvé le moyen de partager sa fraternité aux quatre coins du monde. Mais sous ces transports d'amitié prodiguée avec générosité, c'est à qui passera pour le bienfaiteur. En fait, la bataille fait rage entre les promoteurs de ces nouveaux canaux de communication, les TIC. C'est à qui tirera la toile à soi. Sans ménagement aucun. Là, un nouveau géant émerge, il compte bien – en termes de marché – prendre sa part. Mieux, avoir son droit de cité. La Chine de Mao propose et impose ses produits «mad in China», dans tous les domaines de la vie. Huawei est comme à la parade pour faire entrer le monde dans la 5e génération de téléphonie et les services. C'est l'OPA mondiale. Chaque client potentiel est un cauchemar pour les situations acquises. Toutefois, ce début de siècle, s'il porte la marque des nouvelles inventions technologiques, ne se démarque pas pour autant des précédentes confrontations idéologiques. Et alors l'on crie au «dumping», la «menace chinoise» cette dernière décennie. Guerre commerciale, politique de «containment», les coalisés se serrent les coudes et font front face à l'empire du Milieu, lequel ne s'en émeut guère et part à l'assaut des étoiles. Il fait fi de l'ostracisme coutumier envers ses projets d'exploration de l'espace. Vendredi, la Chine, nous signale-t-on, a envoyé un nouveau groupe de satellites de télédétection en orbite depuis le centre de lancement de satellites de Xichang, dans la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine). Cela après le succès du robot «Zhurong» qui a réussi à se poser sur Mars et a même envoyé des selfies ! L'événement a été presque ignoré comparativement à toute la publicité faite autour du rover américain, «Perseverance». C'est dire que la Chine aujourd'hui ce n'est plus seulement les restaurants exotiques. Ce pays-continent tisse sa toile chaque fois un peu plus. Alain Peyrefitte nous avait prévenus : «Quand la Chine s'éveillera... le monde tremblera.» C'était en 1973, date de la parution du livre éponyme. Oui, le monde en devenir est à l'image de la Chine : un Chinatown. B.T. [email protected]