Le gouvernement taliban attendu pour ces jours-ci, n'a pas encore été composé, d'où le retard dans son annonce. Les nouveaux maîtres de Kaboul semblent, après le départ des troupes occidentales, confronté à une situation politique interne inextricable. Les différentes tendances islamistes ne donnent pas l'impression d'accepter les talibans au pouvoir, à moins que ces derniers ne leur cèdent des postes à un haut niveau de l'Etat – à reconstruire. Dans ce climat d'incertitude, le secrétaire d'Etat américain aux affaires étrangères, Anthony Blinken, est au Qatar sachant que c'est à Doha que se sont déroulées les négociations pour le départ des troupes occidentales. Son but, nouer le dialogue avec les talibans et rétablir ainsi les canaux diplomatiques entre les belligérants d'hier. Dans la capitale qatarie où il restera ce lundi jusqu'à mercredi, il n'a pas prévu de rencontrer personnellement des représentants des nouveaux maîtres islamistes de Kaboul, dit-on, même si un tel dialogue n'est pas totalement exclu à l'avenir. Antony Blinken a néanmoins assuré que les Etats-Unis, qui ont achevé leur retrait total d'Afghanistan en début de semaine et ont replié leurs diplomates à Doha, maintenaient des «canaux de communication» avec les talibans. Néanmoins, il doit s'entretenir avec les dirigeants qataris, qui conservent des liens étroits avec les ex-rebelles afghans au pouvoir depuis la mi-août, et qui, à ce titre, jouent depuis de longs mois les facilitateurs dans les échanges entre les Américains et les talibans. Antony Blinken a expliqué qu'il exprimerait sa «profonde gratitude» au Qatar pour son rôle dans l'évacuation d'étrangers d'Afghanistan, ainsi que d'Afghans susceptibles de subir des représailles des talibans. Signe de l'importance de ce partenaire, le ministre américain de la Défense Lloyd Austin sera aussi à Doha en début de semaine, dans le cadre d'une tournée dans le Golfe qui le mènera aussi à Bahreïn, au Koweït et en Arabie Saoudite, a annoncé vendredi le Pentagone. À suivre par ailleurs, la situation susceptible de déraper en affrontements armés violents dans les régions chiites opposées aux talibans notamment dans la vallée du Panchir. R. I.