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La victoire selon ce qu'on en fait
Publié dans Le Soir d'Algérie le 11 - 10 - 2021

La semaine dernière, j'avais brièvement évoqué le retour en grâce et au premier plan des deux frères Djamal et Ala Moubarak qui ont obtenu par voie de justice le déblocage de l'argent de leur père. Je parle d'argent et non pas de fortune parce qu'on ne sait pas exactement ce que le père Hosni avait sur ses comptes, mais il est certain que ses deux rejetons en avaient acquis aussi. On a encore reparlé de Hosni Moubarak cette semaine, et c'était à l'occasion du pèlerinage de sa famille, sa veuve Suzanne en tête, sur sa tombe du Caire, et la visite n'est pas passée inaperçue. Et pour cause, l'Egypte célébrait le jour de la Victoire, celle de la guerre d'Octobre 1973 à laquelle les noms de Sadate, le «héros absolu», et Moubarak, son adjoint, sont liés à jamais. Pour nous, les Algériens, cette victoire et celles qui ont suivi n'ont toujours pas eu le même sens ni le même goût, mais il est incontestable qu'il s'est agi d'une victoire de l'Egypte sur elle-même. La victoire vue d'ici, c'est celle du franchissement de la ligne Bar-Lev, et le triomphe du génie militaire d'une armée et d'un de ses chefs les plus prestigieux, le général Sadeddine Chazli.(1) Que le Président Sadate et son «légataire universel» Moubarak aient tiré tous les bénéfices de cette «victoire» en dit long sur les objectifs de cette guerre qui s'affichent sous nos yeux.
Il y a un ancien proverbe du pays profond qui disait que «le bœuf a labouré, mais c'est l'âne qui a moissonné», ceci dit avec tout le respect dû aux moissonneurs et à ceux qui ont manié la faucille. Aujourd'hui, rares sont ceux qui contestent, comme l'a fait Chazli et il l'a payé de l'exil et de l'oubli, que Sadate est l'artisan de la victoire et que l'Egypte lui doit la récupération du Sinaï. Les historiens évalueront plus tard ce que les Israéliens lui doivent, mais on en a une idée en regardant ce qui se passe aujourd'hui dans la région, et où vont les marrons sortis du four. Une image frappante a surgi sur mon écran lors d'une recherche sur l'histoire des barrages sur le Nil, d'Ibn Al-Haytham(2) à Abiy Ahmed,(3) et on peut la retrouver facilement en archives. On était le 13 mai 1964, Gamal Abdenasser inaugurait la mise en eau du haut barrage d'Assouan, construit avec l'apport financier et technique de l'URSS, d'où la présence de Nikita Khrouchtchev. Sur la photo officielle, chargée de symboles, on voit le premier secrétaire du PC de l'Union soviétique, avec à sa droite Gamal Abdenasser, et à la droite de Nasser, son vice-président. C'était Anouar Sadate, et sur la photographie, on le voit regarder de l'autre côté, comme indifférent, comme s'il pensait à autre chose alors qu'il vivait un moment historique.
Quant à Nasser, «l'Idole des peuples», tel que chanté par l'immortel Hafez, la dernière fois que l'Egypte post-nassérienne a dit du bien de lui, c'était lors de l'inauguration du Haut Barrage par Sadate, en 1971. C'était presque normal d'encenser son prédécesseur qui venait de décéder quelques mois plus tôt, et dont l'ombre et les fidèles étaient encore au cœur du système, mais à titre précaire. Avec «l'Infitah», Sadate allait inaugurer le règne des «gros chats», dans un climat de piétisme ostentatoire qui servait de paravent à toutes les malversations financières et à la rapine. Le «Président-croyant» renforçait son pouvoir en s'appuyant sur le mouvement des Frères musulmans, dont il avait été un compagnon de route, et sur les monarchies pétrolières. L'histoire officielle le proclame "Artisan de la guerre et de la paix", puisqu'il a permis à l'humanité de vivre la plus grande bataille de chars de tous les temps, après celle de Qadesh (4). De Nasser qui a réorganisé l'armée égyptienne, tout en menant une guerre d'usure contre Israël, on ne dit plus grand-chose sinon que les profanateurs de tombes n'ont pas encore désarmé. Cette année, les attaques post-mortem contre Nasser ont été aussi discrètes que l'évocation du 51ème anniversaire de sa mort que sa famille a commémoré quelques jours auparavant.
Quoi qu'il en soit et malgré les censures conjoncturelles, Nasser fait déjà partie de l'histoire de l'Egypte, et sa popularité est restée inentamée, et on ne peut pas dire autant de ses deux héritiers. Que dira-t-on alors de l'actuel Raïs Abdelfattah Al-Sissi ? À voir son âge actuel et son espérance de vie subséquemment, on peut voir qu'il dispose encore d'une belle réserve d'éloges devant lui. L'annonce qu'il a faite le 11 septembre dernier du lancement d'une stratégie des droits de l'Homme en Egypte a réveillé quelques-uns de ses thuriféraires, plongés dans une douce somnolence. On perdrait son temps à lire la prose des flagorneurs qui n'a pas changé depuis Ramsès II, mais l'un de nos confrères égyptiens, qui n'a pas sa langue dans son porte-monnaie, a réagi. Il s'agit d'Ibrahim Aissa qui a estimé, dans sa dernière chronique sur une télévision satellite, que la récente initiative de Sissi allait avoir des retombées positives pour l'Egypte. Pour lui, l'engagement du Président égyptien pour le respect des droits de l'Homme, une science quasiment inconnue en Egypte, va revaloriser l'image du pays, jusqu'ici assez sombre. Ibrahim Aissa en veut pour preuve un article très élogieux que lui a consacré le Washington Post (à ne pas confondre avec son presque homonyme), le premier du genre depuis 2011.
On s'en voudrait de tempérer son optimisme, mais le chroniqueur devrait lire l'information que voici: l'un des hauts magistrats égyptiens a annoncé le lancement d'une «stratégie» de numérisation du parquet général en Egypte dans la perspective du projet stratégique dit de «L'Egypte 2030». Comme nous ne sommes qu'en 2021, les détenus qui s'attendaient à être élargis dans le cadre de la «stratégie des droits de l'Homme» devront patienter encore un peu.
A. H.
1) Saadeddine Chazli (1922-2011) est le chef d'état-major de l'armée égyptienne qui a conduit l'offensive militaire sur la ligne Bar-Lev et dans le Sinaï, puis il avait ordonné à ses troupes d'avancer dans le Sinaï. L'objectif était d'occuper les cols stratégiques de Mitla et de Gidi, afin de barrer la route aux renforts israéliens, mais Sadate, qui regardait déjà vers Camp David, en a décidé autrement.
2) Ibn Al-Haytham a été chargé par l'émir fatimide Al-Hakem Bi Amri Allah de construire le premier barrage sur le Nil, il se rendit sur le terrain où il constata que les moyens techniques de l'époque rendaient l'ouvrage impossible. Craignant de se faire trucider par le bouillant «calife», il simula la folie jusqu'à la mort de l'émir tyrannique.
3) Abiy Ahmed, le Premier ministre éthiopien, est devenu chef de guerre après avoir reçu en 2019 le prix Nobel de la paix.
4) Cette bataille de chars opposa en 1274 av. J.-C. l'armée égyptienne de Ramsès II à l'armée hittite. Pour les férus d'égyptologie, je conseille le foisonnant roman de Norman Mailer La Nuit des Temps.


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