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Rezki Kouffi, adieu l'artiste !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 12 - 2021

Du temps de mon adolescence, le football se jouait pour les couleurs. Les joueurs étaient du cru, pour la majorité. Il y avait de la transparence et de l'authenticité dans le Championnat national. Sur le terrain en tuf, faut-il le préciser, ça tapait la balle avec franchise et sans chichi, sans pose artificielle ni geste de trop. Le joueur, en ce temps-là, avait l'art du ballon dès sa naissance ; c'est de l'ordre de l'inné, pourrais-je dire. Déjà, le foot se pratiquait dans les rues, placettes et autres terrains vagues. Souvent pieds nus, ou chaussés d'une seule basket (parce qu'il arrive qu'on se partage une paire de tennis), on arrivait déjà à remarquer les meilleurs joueurs qui, souvent, portaient les surnoms de leurs aînés.
En ce temps-là, il n'y avait pas d'école ou de centre de formation. Le foot était comme un don, qui s'améliore au fil du temps. On était bon. Ou pas. Je ne voyais pas de demi-mesure, à l'époque. On parlait du brillant, celui qui surclassait ses camarades sur le terrain ; il y avait le sobre, celui qui abattait le travail sans rechigner, qui pour alimenter l'attaque en ballon, qui pour casser les attaques adverses. Naturellement, il y avait le buteur, la coqueluche de tous, principalement des supporters. La rue était formatrice, curieusement.
Chaque région avait son équipe fétiche. Je vais en citer
quelques-unes ; c'est bon pour la mémoire et le souvenir. Car les empoignades footballistiques d'antan étaient homériques. Il y avait le MCO, à l'Ouest, l'ESG, le MOC et l'ESS, à l'Est. Au Centre, il y avait le CRB, l'USMA, le MCA, le NAHD, etc. Bien sûr, il y avait la JSK, cette équipe que j'ai supportée à l'orée de mon adolescence. Naturellement, il n'y avait pas que celles-ci. Il en faut des équipes pour former un championnat. Je les cite comme un repère. Je précise qu'il y a bien des ouvrages pour les chercheurs et autres curieux. Je cite l'ouvrage de Mustapha Rafaï, JSK, Itinéraire, de la création à la réforme, éd. Ziryab.
Je me permets de citer certains joueurs qui firent l'admiration de nombre de supporters algériens. Le plus grand, me semble-t-il, fut sans conteste Lalmas (dit El Kebch). Il y avait Aouedj, Bachi, Bachta. Il y avait Seridi, Hachouf. Bernaoui. Krokro. Fendi. Salhi. Amirouche. Rouaï. Bernaoui. Amrous. Meziani. Bessol. Berroudji. Boulfelfel. Et tant d'autres. Naturellement, je cite de mémoire.
En ce temps-là, le foot était propre. Pauvre. Mais digne. Je tiens ce témoignage de Mustapha Rafaï, ancien demi-offensif de charme de la vénérable Jeunesse sportive de Kabylie : «En catégorie jeune, lors des déplacements, le déjeuner se composait de l'octroi de 200 francs (monnaie de l'époque), pratiquement 2 dinars actuels, pour l'achat d'un en-cas composé d'une baguette de pain, un fromage et une "mechta" de sardines. (Une mechta, c'est moi qui précise, représente en gros cinq à six sardines). En équipe sénior, à partir de 1965, la prime était de 50 dinars pour un match gagné à domicile, et 100 dinars pour une victoire à l'extérieur.»
C'est dire que le football, ce sport roi, était avant tout une passion. Rien d'autre ! Chaque équipe défendait ses couleurs ; un peu à l'image des matchs entre quartiers. Il y avait une éthique. Une morale. Le stade était en tuf. Les vestiaires modestes. Les douches quelconques. Le match fini, chaque joueur reprenait ses responsabilités domestiques, professionnelles. Mustapha Rafaï, qui a bien connu cette période, nous dit : «On a tous fait nos débuts dans les quartiers, comme Aïn Hallouf, Lalla Saïda, la prairie à Zellal, le terrain des Pères blancs. Le regretté Rabah Stambouli lança la première équipe scolaire (Ecole Jean-Maire) ; nous étions jeunes ; il y avait Ali Dekli, Ali Ziane, Saïd Bouacem, Mustapha Dali, Smaïl Karamani, Mustapha et Abderrahmane Arbani, Djaffar Osmani, Smaïl Baïdi, moi-même, et bien sûr, le regretté Rezki Kouffi.»
Le titre est clair. Je veux parler de la disparition d'un talentueux avant-centre de la JSK, Rezki Kouffi. Mais je voulais, en introduction, situer le football, du temps où ce digne fils de Tizi brillait de mille feux sur tous les terrains nationaux. Rezki était le benjamin d'une fratrie de cinq footballeurs, Saïd (milieu de terrain), Rabah (attaquant), Mohamed (défenseur) qui tomba au champ d'honneur, Ali (gardien de but). Je me rappelle bien de cet avant-centre qui, s'il a la balle, arrive à filer droit vers le but adverse, en renversant deux ou trois défenseurs, comme si le ballon était collé à ses pieds, et arrive à tromper le gardien.
Il faut dire qu'il était talentueux. Attaquant racé, de grande perspicacité, Rezki Kouffi a marqué l'histoire de la JSK par son jeu, son sens du but et son humilité totale. Bien sûr, la mémoire collective de la Kabylie retiendra qu'il a marqué le but de la victoire contre le WAB (Boufarik), en 1969, véritable bête noire de la JSK, qui consacra l'accession de son équipe en nationale. Faut-il rappeler qu'elle est la seule équipe à n'avoir jamais rétrogradé depuis, malgré tous les creux de vague qu'elle a connus depuis quelques années.
Les anciens se souviennent ; Rezki Kouffi était cadet deuxième année quand il fut appelé à jouer en équipe première. Justement, lors de son premier match contre l'OMSE (Bologhine, actuellement), il marqua les buts de la victoire de la JSK, en déplacement ce jour-là à Alger. Depuis, il avait gagné ses galons pour être l'inamovible avant-centre de l'équipe kabyle. Adolescent, je faisais le mur du stade, malgré la présence vigilante du service d'ordre, pour voir mes idoles, le temps d'un match. Dès lors, je n'avais d'yeux que pour Boualem Khalfi, au drible déroutant, Mustapha Rafaï, le technicien avisé du milieu, et, bien sûr, Rezki Kouffi, le bien-nommé, qui vient de nous quitter, ce 26 novembre 2021. À côté d'autres référents de la vie sociétale à Tizi, Rezki Kouffi a été pour moi comme un miroir ; car, comme le dit si bien le docteur Boudarene, «Kouffi Rezki, talentueux dans un stade, brave homme en société.»
Si ça ne tenait qu'à moi, je sais que ce n'est pas le cas malheureusement, la placette de l'ancien marché couvert de Tizi, station privilégiée de Rezki Kouffi, prendrait son nom, «placette Rezki Kouffi». Du reste, cette place est orpheline de son occupant. Ceci est un souhait. Et un rêve. Tout le reste relève désormais de la mémoire de chacun.
Y. M.


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