Pas de critiques mais plutôt beaucoup d'autosatisfaction ni encore moins l'intention de « jeter le bébé avec l'eau du bain ». Le président de la République persiste à dire que le système de santé était l'un des « meilleurs » en Afrique, qu'il s'agisse de gratuité des soins ou d'accès à ces derniers. Abdelmadjid Tebboune s'engage néanmoins à mettre en œuvre les recommandations issues des assises de la santé. Il promet de réviser, avant la fin de l'année en cours, les statuts des professionnels de la santé, estimant qu'il était « temps de répondre à leurs revendications légitimes ». Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Critiqué autant par les professionnels que par les usagers, le système de santé trouve grâce aux yeux du président de la République qui affirmait, hier, à la fin des travaux des assises de la santé, que l'Algérie disposait du « meilleur » système de santé en Afrique, balayant d'un revers de main tous les reproches qui lui sont faits et les justifiant par les trop grandes attentes des citoyens. Pour Abdelmadjid Tebboune, il ne faut surtout pas « jeter le bébé avec l'eau du bain », estimant que le système de santé revenait de loin, puisque après l'indépendance, « avoir de l'aspirine était un luxe » et qu'« aujourd'hui, on a l'impression que le système est dépassé, alors que nous sommes les précurseurs de la vaccination obligatoire dans le tiers-monde, et que c'est les attentes des citoyens qui sont grandes ». En dépit des conséquences de la pandémie de Covid-19, dit-il, le système de santé avait « fait ce qu'il fallait ». Transition toute faite pour annoncer une bonne nouvelle à l'ensemble des travailleurs du secteur : avant la fin de l'année en cours, les statuts des différents corps seront révisés en profondeur pour répondre aux attentes liées aux incidences financières et à la gestion des carrières. « Il est temps de le faire », assure le président de la République qui ajoute avoir voulu le faire plus tôt au regard des sacrifices consentis par les travailleurs de la santé, mais également la légitimité des revendications, mais d'autres priorités ont différé cette révision. Pas de calendrier néanmoins pour la mise en œuvre de la réforme du système de santé, même si le chef de l'Etat s'est engagé, hier, à prendre en compte les recommandations élaborées par les participants aux assises, en procédant « graduellement en fonction des capacités financières du pays », avec l'objectif de « passer à une autre étape pour se rapprocher de l'Europe de l'Ouest en matière de santé ». Le président de la République reconnaît l'existence de problèmes en matière de maintenance, de formation, mais également de gaspillage notamment de médicaments, mais dit rejeter les thèses de ceux qui guettent l'effondrement du système de santé ou « ceux qui sont venus d'une autre planète » et qui parlent de pénuries et évitent d'évoquer les aspects positifs, à l'image de l'espérance de vie des Algériens qui a fait un bond. Ce qu'ont recommandé les participants Les participants aux huit ateliers prévus lors des deux jours de rencontres ont élaboré une série de recommandations qui serviront de feuille de route à la prochaine réforme. Au plan de la gestion, ils ont jugé urgent de mettre fin à la centralisation de la gestion, de mettre en place de nouveaux modes de financement, une nouvelle carte sanitaire, mais également des mécanismes de contrôle et des textes régissant les marchés publics spécifiques au secteur. Sur le plan de la gestion de la ressource humaine, les participants ont évoqué la révision du service civil, la mise en place d'une fonction publique spécifique à la santé, l'actualisation des listes des maladies professionnelles, la mise en place de mesures incitatives pour inciter les médecins à exercer dans le Sud et les Hauts-Plateaux, le droit à la retraite anticipée, la révision des programmes de formation, ainsi que la création d'une école de management de santé. Le financement du système de santé a, lui aussi, besoin de réformes, puisque les participants ont évoqué la nécessaire diversification des ressources, la contractualisation, la création d'un fonds pour la gestion des crises sanitaires, ainsi que l'instauration de nouveaux mécanismes pour diversifier les ressources, comme les taxes sur la pollution. Il est également question de numérisation de la gestion des médicaments et des équipements, mais surtout de sa décentralisation, du renforcement des contrôles et de la restructuration des pharmacies hospitalières, tout en veillant à une plus grande humanisation du système en renforçant le rôle du médecin généraliste, en donnant plus d'importance à la télémédecine et en adoptant le dossier électronique des patients. Des recommandations devant servir de feuille de route pour la réforme promise. N. I.