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CONTRIBUTIONPresse alg�rienne : suspicion et paradoxes
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 11 - 2010


Par Ahmed Cheniki
La presse est, depuis l�av�nement du multipartisme, le centre d�int�r�t particulier des espaces politiques et m�diatiques. Ces derniers temps, quelques ouvrages traitant de cette question r�duisent souvent l�appareil m�diatique � des espaces politiques. Il est m�me arriv� � des universitaires alg�riens d�user, � partir de l��tranger, d�abusives g�n�ralisations et de rapides conclusions.
De trop nombreux universitaires, �sp�cialistes� de l�information dans certains d�partements de communication, ignorent compl�tement le fonctionnement de l�univers m�diatique en Alg�rie, utilisant souvent comme arguments des lieux communs et des formules st�r�otyp�es, � l�image de d�partements de communication manquant tragiquement de sp�cialistes et englu�s dans un sociologisme vulgaire. Certes, quelques noms, tr�s rares, proposent d�excellents travaux, � l�instar de Ahc�ne Djaballah, Gacem, Brahim Brahimi, Belkacem Mostefaoui, Rezagui et Ihaddaden. Le militantisme prend le dessus sur la formation universitaire. Ces discours peu fouill�s et marqu�s par une s�rieuse indigence sur le plan de la m�thode, ob�issant essentiellement � des besoins imm�diats, faussent le d�bat sur la presse en Alg�rie, encore peu connue et peu �tudi�e par les universitaires alg�riens et �trangers qui, souvent, se limitent, quand ils �voquent la presse, � des clich�s et � des st�r�otypes concourant � l�alt�ration de la communication. Un discours univoque marque le terrain et traduit une m�connaissance presque totale du fonctionnement de cet appareil travers� par de multiples contradictions et vivant une situation �quivoque, marqu�e du sceau de la suspicion par les partis et les gouvernants. On parle de plus en plus de la naissance de la presse priv�e qui serait l�apanage d�une g�n�ration spontan�e, ignorant les combats et les luttes anonymes de nombreux journalistes d�fendant, entre chapelles politiques diverses et propagande officielle, leur m�tier, en dehors des compromis et des calculs des espaces partisans et des interminables tentatives de r�cup�ration. La presse n�est nullement le lieu exclusif de journalistes partisans, mais comporte �galement de nombreuses plumes sans lien direct ou indirect avec les lieux politiques dominants ou d�opposition. On y trouve des fonctionnaires z�l�s, des opportunistes, des khobzistes, de v�ritables professionnels, des agents des services, des militants de partis� Les choses sont tr�s complexes. D�j� bien avant 1988, de nombreux journalistes ont connu la censure, l�interdiction d��crire, le licenciement et l�arbitraire. Un regard rapide de l�histoire de la presse depuis 1962 donnerait une certaine id�e de la complexit� du monde journalistique. Il est faux d�affirmer, comme semblent l�avancer certains universitaires et journalistes alg�riens et �trangers, que tous les journalistes reproduisaient le discours officiel qui, d�ailleurs, se caract�risait par de tr�s profondes ambigu�t�s. Plusieurs discours investissaient l�univers journalistique, comme d�ailleurs l�espace du pouvoir. Ces attitudes paresseuses et confortables posent le probl�me du manque de s�rieux de nombreuses recherches universitaires, pi�g�es par les jeux de confortables g�n�ralisations et de la reproduction de discours et de th�ses pr�alablement mis sur le march�. Une lecture de la presse montrerait la multiplicit� des ancrages id�ologiques et la pluralit� des styles journalistiques. Quelques exp�riences comme celles de R�volution Africaine (1963-1965 et 1985-1988), de La R�publique, d�Alg�rie-Actualit� (1978-1984) et d� Echaab (1975) ou d� El Moudjahid du temps de la direction de Abdelaziz Morsly ont quelque peu accord� un certain int�r�t � l��criture journalistique proprement dite rompant avec les scories de la glose politique. Certes, de nombreux journalistes �certains d�entre eux se sont d�ailleurs convertis dans l�opposition � fonctionnaient comme des porte-valises d�hommes du gouvernement. Ce n�est que vers les ann�es 1970 que les choses allaient commencer � changer avec l�arriv�e, dans la presse, de jeunes licenci�s qui, enfin, se mettaient � �crire lisiblement et � entreprendre une certaine r�volution dans le m�tier jusque-l� squatt� par des �anciens� d�barquant souvent par hasard dans ce m�tier. La contestation avait pignon sur couloirs des r�dactions. Les journalistes protestaient contre la ligne �ditoriale, d�savouaient leur direction comme lors des �v�nements de Tizi-Ouzou de 1980, de la publication de l�interview r�alis�e par un certain Lotfi Maherzi avec le tortionnaire Marcel Bigeard en 1984 et des �v�nements tragiques d�octobre 1988. Des journalistes qui avaient souffert des listes noires, des suspensions r�p�t�es, des licenciements et de la privation du logement revendiquaient ouvertement le droit � la parole et � l�information, au grand dam de leur direction et d�autres journalistes carri�ristes, souvent sans qualit�. Mais cette l�gitime revendication allait �tre court-circuit�e par des forces politiques, dans et en dehors du pouvoir qui faisaient entrer en jeu les calculs et les compromis politiques. C�est dans ce contexte que le Mouvement des journalistes alg�riens (MJA) qui, m�me noyaut�, constituant au d�but un lieu de prise de parole, �tait n�. Vite infiltr� et s�rieusement vid� de son contenu initial, il devenait tout simplement un lieu de rencontres de forces politiques o� s�affrontaient sans r�mission diverses sensibilit�s, marginalisant la parole professionnelle. Mouloud Hamrouche, alors � la Pr�sidence, avait saisi l�importance de ce mouvement qu�il se mit, lui aussi, � encourager timidement. Mais jamais, le MJA n�a �voqu�, ne serait-ce qu�une fois, l��ventuelle �mergence d�une presse priv�e dont il combattait violemment l�id�e avant que nombreux de ses dirigeants ne se voient devenir patrons et associ�s dans des entreprises de presse, soutenues au d�part par Hamrouche notamment qui voyait peut-�tre dans la presse un possible soutien � ses futures ambitions politiques. La circulaire de mars 1990 et la loi sur l�information du 3 avril 1990 permettaient � des collectifs de journalistes de cr�er leur propre journal. C�est ainsi que le Jeune ind�pendant, le Nouvel Hebdo, le Soir d�Alg�rie, El Watan, El Khabar et Alger-R�publicainvoient le jour. Ces journaux se composaient essentiellement d�associ�s venus du secteur public, sauf le Jeune ind�pendant et le Nouvel Hebdo, association d�un industriel Tahar Soufi, Kamel Belkacem et Abderrahmane Mahmoudi. Le Nouvel Hebdo dispara�tra apr�s un conflit entre Kamel Belkacem et Soufi. Mais durant cette p�riode du d�but de la presse priv�e qui s��tait autoproclam�e �ind�pendante�, la presse publique connaissait une v�ritable h�morragie et une grave instabilit�. D�ailleurs, de nombreux titres dispara�tront comme Alg�rie- Actualit� (qui fut dirig� par un incomp�tent notoire dont personne ne retient le nom apr�s la d�mission de Abdelkrim Djillali qui avait refus� de licencier SAS comme le lui avait demand� le ministre de la Communication de l��poque), Parcours Maghr�bins, Essalem et bien d�autres titres publics comme des journaux priv�s comme l�Hebdo Lib�r�, la Nation et de trop nombreux autres titres ne r�sistant pas aux pressions commerciales. Parcours Maghr�bins avait �t� plac� en enfer en pla�ant � sa t�te un inconnu, sans qualit�s, apr�s le d�part de Ahmed Benalam. Les organes de la presse publique sont souvent dirig�s par des noms trop peu cr�dibles. Les nouveaux titres priv�s �taient aid�s directement et indirectement par le gouvernement jusqu�� la premi�re moiti� des ann�es 1990, � tel point que certains journaux ne pouvaient pas �gratigner le gouvernement. D�ailleurs, quand le Nouvel Hebdo avait eu des probl�mes, un quotidien francophone aurait refus�, selon son directeur de r�daction, Abderrahmane Mahmoudi (cit� dans son dernier ouvrage) de publier un encart publicitaire, de peur de m�contenter Mouloud Hamrouche. L�ancien Premier ministre avait plac� ses proches � la t�te de la grande partie des m�dias publics et a tent� de s�duire les journaux priv�s. Les journaux allaient b�n�ficier de facilit�s bancaires, d�espaces publicitaires g�n�reux et de nombreux avantages qui allaient permettre � ce qu�on avait abusivement appel� �aventure intellectuelle� de d�coller et de se frayer un chemin dans l�espace m�diatique. Les titres se mettaient � s�attaquer aux Enamep (entreprises publiques de diffusion). Vite, des diffuseurs priv�s prenaient le relais. El Watan et El Khabar cr�ent leur propre soci�t� de diffusion, � Oran et � Constantine. Les journaux priv�s commen�aient � gagner le public marginalisant les journaux du secteur gouvernemental, souvent lieux de propagande et manquant de s�rieux, surtout apr�s le d�part de trop nombreux journalistes � la suite de la mise en application de la loi de 1990 qui permettait la constitution d�organes priv�s. Malgr� tout, les journaux priv�s occupaient une br�che et se permettaient de soulever certains probl�mes et de mettre � nu quelques dysfonctionnements. Au d�but, les choses t�tonnaient. Les uns et les autres reprenaient en fait la mani�re de faire des journaux publics de l��poque. Ils cherchaient aussi � reproduire des mod�les fran�ais comme pour El Watan qui avait cherch� � retrouver la sobri�t� du Monde ou le Matin, issu d�une scission avec Alger-R�publicain, reproduisant le sch�ma du quotidien fran�ais du m�me titre. Les journalistes d� El Khabar avaient surtout profit� de l�exp�rience d� El Massa qui favorisait le reportage et l�enqu�te � un certain moment de son histoire, choses que nous ne retrouvons plus dans El Khabar d�aujourd�hui ou des journaux sans consistance r�elle comme Echourouk. Mais la pluralit� des associ�s (certains journaux ont d�marr� avec une vingtaine d�associ�s-journalistes) est � l�origine de multiples crises � l�int�rieur de certaines r�dactions. La gestion anachronique de l�espace physique du journal est symptomatique d�une absence de vision de l�ensemble r�dactionnel. Le discours est biais�, neutralis� par une d�ficiente hi�rarchisation de l�information et une mise en espace donnant parfois de l�importance � des faits trop peu affirm�s, se transformant en un espace arch�ologique. La pauvret� des pages culturelles, quand elles existent, un fourretout, sans une occupation minutieuse de l�espace, est significative d�incoh�rences au niveau du discours �ditorial. Le choix de l�espace � occuper devrait
�tre important, en exigeant un nombre de signes pr�cis et une surface particuli�re correspondant � l�importance du texte et de l�info sans l��conomie g�n�rale du journal. L�espace m�diatique allait conna�tre une profusion de titres. Les uns ont bien r�sist� malgr� les bourrasques et les temp�tes commerciales tandis que d�autres sont morts tout simplement pour des raisons commerciales, m�me si certains titres, qui n�avaient pas pay� leurs dettes jusqu�� pr�sent aux imprimeurs, invoquaient les illusoires pressions politiques. Certes, des conflits et des accords ponctuels alternaient dans les relations presse priv�e-pouvoir. Des titres ont �t� suspendus, des journalistes sont condamn�s. Le quotidien �tait fait de flirts parfois bien entretenus et de coups de gueule sans lendemain. Ce qui est nouveau, c�est que le gouvernement avait de plus en plus peur des attaques de la presse priv�e qui devenait parfois une sorte de contre-pouvoir. C�est l�un des �l�ments positifs de cette �nouvelle� presse qui ose parfois perturber certaines r�alit�s. Mais souvent, on retrouvait les luttes partisanes � l�int�rieur de la r�daction et de l�espace du journal. Chacun, usant de qualificatifs, trop nombreux, et d�fendait sa chapelle politique. Des journalistes reprenaient parfois sans un regard critique des informations parvenues � la r�daction de sources proches d�un clan ou un autre clan du pouvoir ou de l�opposition. La rumeur faisait le reste. On a affaire � un journalisme de bureau o� parfois les pages nationales, par exemple, reproduisent le m�me article sous des signatures diff�rentes. Les journaux s�imitent, se reproduisent � tel point que le ratage est d�fini comme le fait de ne pas avoir donn� la m�me information qu�un autre journal. Il est � noter la reprise in extenso de d�p�che d�agences de presse �trang�res sans une interrogation de la source et sa mise en conformit� avec la �ligne �ditoriale�. Faire un journal � moindres frais, tel est le souci de nombreux �diteurs qui accordent peu d�importance � la qualit� professionnelle et � l�investigation. L�espace est souvent mal g�r�, ignorant les contingences spatiales, la hi�rarchisation de l�information et la configuration g�om�trique. Des journalistes interviennent quotidiennement, ce qui fragilise leur discours et rend peu cr�dible leur communication. On �crit sur tout en cherchant souvent, pour certains, � s�duire leurs proches, en usant d�expressions et d�un lexique singulier, inabordable pour la moyenne des lecteurs. Le style trop narratif pose probl�me, comme d�ailleurs cette absence flagrante de distance avec les faits, confondant commentaire, information, reportage, enqu�te� Les partis-pris, le manque de v�rification de l�information, la pr�cipitation, le trop-plein d�adjectifs qualificatifs et d�adverbes, les nombreux probl�mes techniques et linguistiques marquent une presse qui, dans de tr�s nombreux cas, ne d�passent pas la capitale faisant des �bureaux r�gionaux� et des correspondants souvent non pay�s, usant de leurs cartes de presse pour impressionner responsables et relations, des lieux de collecte de la publicit� ou de simples �remplisseurs� de pages peu s�rieuses s�appropriant un titre tr�s grave : �Alg�rie profonde � consid�r�e comme secondaire. De nombreux bureaux r�gionaux vivent mal cette situation. L�information de proximit� est souvent sacrifi�e au profit des jeux d�appareils comme si l�Alg�rie se r�duisait � quelques hommes �politiques�. C�est l�information � moindres frais. Seul un ou deux quotidiens poss�dent de v�ritables r�dactions r�gionales. Sans compter le probl�me de la publicit� qui rend le journal prisonnier de son bailleur de pubs. Qui osait et/ou qui ose critiquer Khalifa, certains concessionnaires automobiles, les op�rateurs de t�l�phonie mobile ou des compagnies a�riennes ? Il est plus confortable de s�attaquer au �pouvoir� politique qu�aux lieux du pouvoir �conomique. Mais ce qui pose probl�me, c�est la concentration d�un m�me titre entre les mains d�une m�me personne. Cette situation est dangereuse et porte pr�judice au droit � l�information du citoyen qui se retrouvera avec des organes de presse prisonniers du discours du �patron� de ces m�dias. L�Etat devrait trouver les moyens l�gislatifs pour �viter une telle concentration. Mais cette rencontre entre le monde industriel et la presse n�est pas sans d�g�ts. On se souvient des conflits Kamel Belkacem-Soufi ( le Nouvel Hebdo), Fattani-Rabrab ( Libert�), Aboud Hichem-Betchine ( El Acil) et bien d�autres affaires qui ont d�fray� la chronique. Il est m�me patent de retrouver des conflits d�int�r�ts entre la presse gouvernementale et les m�dias priv�s marqu�s par les tiraillements et les d�chirements. D�ailleurs, les attaques r�p�t�es de certains titres contre l�Anep (surtout quand ils n�ont pas sign� de convention avec cette r�gie) semblent absurdes et ob�issent � une logique d�int�r�ts. La question qui se pose, certes, avec acuit�, c�est cette propension illogique et non �conomique de nombreuses entreprises publiques de publier leurs pubs dans les journaux gouvernementaux tirant � quelques milliers d�exemplaires. De nombreux titres publics et priv�s ne donnent pas leurs tirages r�els, ce qui fausse le d�bat, surtout en l�absence d�un office de justification de la diffusion. Seul, pour le moment, El Watanl�a fait. Les jeux de la manipulation ne sont pas absents. M�me les ambassades s�int�ressent de plus en plus � la presse, multipliant invitations et visites dans des r�dactions trop investies par le travail au noir et les abusives g�n�ralisations, espaces de n�gation de l��criture journalistique. Derni�rement, Orascom avait invit� des journalistes � une visite au Caire, comme Aigle Azur qui multiplie les contacts et la r�duction des tarifs pour les journalistes. Ce qui pose s�rieusement probl�me au niveau de l��thique qui se porte mal � tel point qu�un journaliste d�un quotidien national d�fendait publiquement la justesse de pratiques �immorales� dans la presse. En principe, un journaliste ne devrait accepter aucune prise en charge. Il devrait b�n�ficier de frais de mission cons�quents qui le lib�reraient de l�enfermement dans les bras de celui qui l�h�berge. Il y a m�me des journalistes qui sont pay�s rubis sur l�ongle par des entreprises sur lesquels ils pondent des articles alors qu�ils exercent comme permanents dans des organes de presse priv�s ou publics. Des communiqu�s de soci�t�s sont parfois publi�s dans certains organes comme s�il s�agit de simples informations. La reprise des d�p�ches d�agence, parfois non trait�es, engendre de s�rieux malentendus culturels et politiques. La diffamation a pignon sur colonnes dans des quotidiens, marqu�es par l�invective et les affirmations p�remptoires prisonni�res parfois de pratiques singuli�res (mode imp�ratif, multiplication de qualificatifs, du pass� simple, des phrases longues et des paragraphes interminables, pr�sence de reportages et de personnages imaginaires avec en sus des �observateurs� et des �sources autoris�es� � la pelle, sentences religieuses et morales). Mais l��l�ment le plus important, c�est l�absence d�investissement des directions des journaux dans la formation de leurs journalistes souvent abandonn�s � eux-m�mes et d�un syndicat repr�sentatif des professionnels (permanents et collaborateurs). Peut-�tre demain, les nouveaux besoins des lecteurs imposeront l��mergence d�un journalisme s�rieux, professionnel. En dehors de ce regard trop conformiste, souvent militant, �traditionnel� d�une presse qui se compose encore de journalistes trop pi�g�s par les jeux des appareils, de l�institutionnel et du discours tranch�, r�gl�, �vitant tout questionnement, exhibant facilement les positions politiques et id�ologiques. Quand des journaux �d�noncent � ce qu�ils appellent le �pouvoir � (souvent non d�fini, mythique) alors que dans le rituel de leur fonctionnement ou dans la c�l�bration de leurs anniversaires, ils prennent comme lieux-r�f�rences les espaces �partisans � et les �universitaires� de l��tranger comme si la soci�t� alg�rienne ne les int�ressait pas. Dans un compte rendu sur le 20e anniversaire d� El-Khabar, c�est Ahmed Ouyahia qui constitue la parole centrale d�un texte o� il est question de gouvernants qui freineraient la presse. Trop contradictoire. La fascination du �pouvoir � est tr�s pr�gnante dans le non-dit d�une presse encore trop pi�g�e par les jeux du conformisme et d�une absence d�une logique �ditoriale coh�rente et cultiv�e. Heureusement, le web journalisme est d�j� � nos portes� Mais il faut reconna�tre que, malgr� toutes ces insuffisances, les journaux priv�s ont permis une relative ouverture du champ m�diatique.


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