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Yasmina Khadra, le journaliste et le bûcher
L'AUTRE REGARD
Publié dans L'Expression le 16 - 11 - 2006

Polémique à propos de la critique journalistique et de la critique universitaire qui se rejoignent au niveau des jeux ludiques de l'écriture.
Le romancier, Yasmina Khadra, n'a pas manqué, dans une rencontre à l'occasion du Salon du livre, de poser, encore une fois, avec une certaine violence et quelque condescendance, le problème de la critique journalistique. Le propos de l'auteur de L'attentat mérite une halte d'autant plus que de nombreux quotidiens, trop fermés aux questions culturelles, ne réservent, sauf parfois de façon irrégulière, aucun espace aux livres et à la culture. Le dernier Salon a permis à beaucoup de monde de comprendre que de nombreux livres sont publiés en Algérie sans que la presse, comme dans les journaux normalement constitués dans d'autres sphères, ne daigne en rendre compte. Il faut reconnaître que, contrairement aux réactions superficielles et peu informées de certains journalistes et du directeur d'El Khabar, répondant à Yasmina Khadra, que cet auteur, comme d'autres (Djaout, Mimouni, Chouaki, Boudjedra...), n'ont investi la presse algérienne, qu'après que les médias français leur eurent ouvert leurs colonnes. Publiés en Algérie, ces auteurs n'avaient pas connu le tapage médiatique qu'ils auraient peut-être dû connaitre. Ainsi, le journal algérien reproduit les appréciations faites sur les textes à l'étranger ou réagit par rapport à cette critique. Le travail de lecture est sérieusement marqué par la médiation étrangère. C'est cette absence d'autonomie qui marque le discours journalistique (dans tous les domaines d'activité) et qui l'oriente. Le plus grave, c'est que des journaux au tirage important (El Khabar, très irrégulier, Le Quotidien d'Oran, Le Soir d'Algérie, Liberté et Le Matin avant sa fermeture) n'ont pas de pages culturelles. Seuls L'Expression, La Tribune, Echourouk, El Fedjr, El Bilad, Algérie news, Akher Saâ et quelques autres, consacrent, tant bien que mal un espace à ce type d'informations. Il est très peu aisé de parler de la critique journalistique en Algérie où il n'a presque pas existé de journaux littéraires et de revues universitaires, souvent aléatoires. Les revues universitaires s'occupant du champ littéraire et artistique à l'université depuis l'indépendance sont trop peu fréquentes. Certes, des revues culturelles généralistes comme, Novembre, Amel, Ettaqafa, El Moudjahid Ettaqafi ou Joussour ou certaines publications aléatoires comme Ettab'yin ou El Kitab ou Arts et Culture ont vu le jour et ont consacré des pages à la littérature, mais il n'en demeure pas moins que le regard porté restait superficiel dans la mesure où les revues fonctionnaient comme des espaces hétéroclites sans grands objectifs ni démarche éditoriale claire. C'est la presse ordinaire qui va donc s'occuper essentiellement de la critique littéraire.
Des remarques s'imposent d'elles-mêmes: souvent, nous avons affaire à des critiques de types universitaire ou spécialisé dans des quotidiens qui, en principe, fonctionnent comme des espaces instantanés et des lieux où l'immédiateté est de rigueur. Nous sommes en présence de textes qui évoquent des oeuvres passées, occultant toute cette nouvelle production éditée ces derniers temps. Comme si la fonction du quotidien d'information était de déterrer continuellement les morts ou de se muer en un espace archéologique. Le contexte lacunaire et anomique d'une société et d'une université quelque peu en panne va pousser, au départ, certains journaux à créer des suppléments culturels et d'autres à ouvrir leurs pages culturelles aux contributions des universitaires. Ce qui rend cet espace extrêmement ambigu à tel point que critique journalistique et critique universitaire se côtoient étrangement dans un espace, en principe, peu ouvert à l'austérité et à l'aridité du langage universitaire algérien. Cette absence de ligne éditoriale va amener le journal à une série de confusions au niveau des prérogatives et de la fonction du quotidien ou de l'hebdomadaire généraliste dont la fonction est tout à fait différente de la revue universitaire.
La critique qui est l'espace privilégié où se cristallise la subjectivité de l'individu n'a pas d'appareil scientifique, l'une et l'autre des deux critiques emploient des outils d'interprétation et des démarches différentes et convoquent des publics radicalement distincts. Certes, dans les deux cas, critique journalistique et critique universitaire se rejoignent au niveau des jeux ludiques de l'écriture. La relation avec le texte littéraire est d'abord de l'ordre de l'émotionnel et de l'affectif. Cette introduction met en avant l'idée de plaisir dans notre relation avec l'oeuvre littéraire.
Les organes de presse se substituent dans plusieurs cas au paysage universitaire. D'ailleurs, de nombreux universitaires interviennent dans les pages culturelles des journaux daignant ouvrir une rubrique culturelle considérée souvent comme la poubelle du journal. Les «contributions» des universitaires qu'aucune indication ne distingue des autres articles reproduisent souvent des grilles et des termes techniques que ne comprendrait pas la grande masse des lecteurs à tel point qu'on s'interroge sur les objectifs de l'universitaire qui a l'illusion qu'en utilisant des termes barbares, son texte serait teinté de scientificité et du journal qui ne fait finalement que du remplissage, sachant à l'avance que ce texte ne serait lu que par une petite minorité.
Quand des rubriques culturelles existent, l'espace littéraire occupe une place trop peu importante. D'ailleurs, le problème des journaux, c'est l'absence totale d'une conception de la rédaction, donc du public. Les organes de presse algériens, surtout depuis 1990, marginalisent la rubrique culturelle considérée comme la dernière roue de la charrette. La rubrique culturelle devient un fourre-tout. La programmation n'est pas rationnelle. Les comptes rendus de livres sont souvent faits à l'initiative du journaliste. Des maisons d'éditions algériennes, certes, trop peu nombreuses, éditent, essais, romans, mais la presse n'en parle pas, préférant souvent singer ce qui se dit ailleurs. Peut-être aussi, les éditeurs négligent le travail de promotion de leurs livres. Souvent, les articles sur les livres sont écrits par des journalistes ayant une licence en lettres françaises ou de langue arabe. Ce qui ne facilite pas les choses d'autant plus que, souvent, ils reprennent les mêmes termes techniques que leurs anciens enseignants, méconnaissant ainsi le fonctionnement particulier de l'écriture journalistique qui se distingue du style universitaire, trop peu alerte et souvent austère. Un compte rendu d'une agence, d'un quotidien, d'un hebdomadaire, d'un mensuel ou d'une revue universitaire n'obéit nullement aux mêmes règles. Si le journaliste dans l'agence ou le quotidien est obligé de répondre aux cinq ou six questions rituelles selon les écoles et de respecter le jeu pyramidal normal ou renversé, l'article de l'hebdo, plus analytique et plus synthétique, permet certaines libertés. Jusqu'à présent, trop peu d'articles respectent ces règles élémentaires. L'absence de maîtrise des techniques de l'écriture journalistique pose sérieusement problème.
Le travail ne se fait pas rationnellement. Les livres, objet de la critique, peuvent être anciens, c'est-à-dire n'obéissant pas aux impératifs de l'actualité, comme d'ailleurs, les entretiens ou les études. En principe, le journal se conjugue avec l'instantanéité et l'immédiateté. En Algérie, les articles traitant de littérature n'ouvrent pas le journal et doivent être déposés souvent plus de 48 heures avant leur publication. La matière littéraire ne fait jamais la «une» d'un quotidien ou d'un hebdomadaire, sauf si elle est marquée par le politique et si elle avait fait la «une» auparavant dans des médias étrangers. Elle se trouve presque dissimulée dans des pages «broyées» par la rubrique sportive. Les textes se caractérisent souvent par des jugements de valeur, des phrases toutes faites ou des formules tellement poétiques qu'on oublie l'essentiel: l'information. On a aussi affaire à des critiques-juges qui ne s'embarrassent pas de formules policières, type «livre bien écrit» ou «poème manquant de force», notamment dans des rubriques où on juge des textes adressés par des lecteurs et d'une multitude d'expressions adjectivales surinvestissant davantage le discours déjà empreint d'une subjectivité latente. Yasmina Khadra a bien raison de réagir aux critiques, marquées par un certain discours moral et moralisateur. Mais les auteurs devraient aussi accepter les critiques. Liberté de création, liberté de critique, l'une ne va pas sans l'autre.
Mais avant 1988, quelques journaux avaient leurs suppléments culturels. On peut citer le cas d'Echaab et d'El Moudjahid. Le travail, dans ces conditions, est beaucoup plus sérieux. Des signatures de renom avaient pignon sur colonnes. On ne peut oublier les expériences d'Algérie-Actualité et de Révolution Africaine qui avaient des critiques littéraires attitrés et qui donnaient la possibilité à deux ou trois journalistes de lire le même texte. Ainsi, avait-on affaire à une lecture plurielle. Algérie-Actualité a vraisemblablement fabriqué la meilleure rubrique culturelle depuis l'indépendance avec des journalistes maîtrisant souvent les deux langues et ouverts à la littérature algérienne d'expressions arabe et française.
Souvent émaillés de jugements de valeur, les critiques privilégient les aspects moraux en fonction du discours idéologique dominant. Nous avons souvent affaire à une critique à fleur de peau qui répond rarement aux questionnements et aux attentes du lecteur: récit, parcours des personnages, auteur, édition...Certes, des journalistes, trop peu nombreux, arrivent à apporter des critiques où les informations élémentaires sont données. Notre regard sur la presse montre que le travail d'avant 1988, malgré le peu de journaux existant à l'époque, était mieux construit. Les analyses et les comptes rendus littéraires étaient plus fréquents. Chaque journal avait son «critique» attitré. Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui où, souvent, les journaux reproduisent les schémas et les événements littéraires développés en France ou en Egypte. Ainsi, les livres d'Algériens édités à l'étranger sont mieux pris en charge que les ouvrages parus en Algérie. Yasmina Khadra, Sansal ou Mosteghanemi ont même pu occuper la «une» de quelques journaux parce qu'ils ont été édités à l'étranger et mieux couverts ailleurs.
C'est une critique médiatisée, c'est-à-dire, espace de reproduction du discours de l'Autre, s'inscrivant dans sa logique. La question de l'altérité est toujours d'actualité. D'ailleurs, on reprend même les préoccupations exclusivement thématiques du journal français ou proche-oriental.


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