Les membres de la famille Hazem luttent depuis plus de 20 ann�es contre le d�pe�age de Haouch el Ka�da, une ferme agricole situ�e dans la commune de Bordj El Bahri. Aucune des d�cisions de justice rendues en leur faveur n�a �t� respect�e et appliqu�e. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Que reste-t-il de Haouch el Ka�da? La ferme acquise au d�but des ann�es 1960 par la famille Hazem n�est, aujourd�hui, qu�un vaste terrain en chantier. Vingt hectares de terre agricole rong�s par le b�ton et la b�tise humaine. �C�est une guerre que nous menons depuis des ann�es contre une v�ritable mafia qui veut s�accaparer nos biens�, explique Hafid Hazem. Aux c�t�s de son oncle et de ses cousins, le jeune homme a pass� la moiti� de sa vie � tenter de sauver la terre de sa famille. Vainement. Les ennuis des Hazem commencent durant les ann�es 1990 lorsque l�APC de Bordj El-Bahri d�cide de morceler une parcelle de 10 hectares en lots de terrain. Ils seront ensuite distribu�s dans la plus totale ill�galit�. Aucune d�cision de justice ne sera respect�e. Les dix autres hectares ne tarderont pas � subir le m�me sort. C�est l�Office de promotion et de gestion immobili�re (OPGI) de Dar El Be�da qui engage la premi�re offensive. L�organisme public lance la construction de 300 logements en contrebas de la propri�t�. �Aux termes d�une longue proc�dure, le Conseil d�Etat a ordonn� l�arr�t d�finitif des travaux. Mais cette d�cision de la plus haute juridiction administrative du pays n�a jamais �t� respect�e. Les responsables de l�OPGI de Dar El Be�da ont agi comme s�ils �taient au-dessus de toutes les lois de la R�publique. Les appartements ont finalement �t� distribu�s, comme si de rien n��tait�, souligne Hafid Hazem. A la m�me p�riode, quelques hectares plus haut, la wilaya d�Alger se lance dans la construction d�une grande salle omnisports. La famille Hazem r�agit aussit�t en saisissant le tribunal de Rouiba. En seconde instance, l�affaire parvient au niveau de la cour d�Alger. Les plaignants obtiennent une d�cision d�arr�t des travaux qui, bien entendu, ne sera jamais respect�e. Mais pour des raisons qui restent encore inconnues, le dossier restera en suspens au niveau de la cour d�Alger durant plusieurs ann�es. Entre-temps, la famille Hazem devra faire face � d�autres indus occupants : l�agence de promotion immobili�re de l�arm�e ainsi qu�une coop�rative immobili�re d�nomm�e El Badr regroupant des cadres de la wilaya d�Alger. Pour ce qui est de la CPIA, il s�av�re que cette coop�rative a �t� dissoute au milieu des ann�es 2000. Mais en 2008, un individu qui se faisait passer pour un officier sup�rieur de l�arm�e d�cide de relancer le projet. Pour ce faire, il fait intervenir l�OPGI de Tipasa et confie les travaux � une entreprise de construction iranienne. Le chantier n�a finalement dur� que quelques mois. Un beau jour, le �promoteur� sera arr�t� et condamn� � 5 ann�es de prison ferme pour usurpation de fonction. Pour sa part, la coop�rative El Badr reste un v�ritable myst�re. Son agr�ment a �t� d�livr� par l�APC de Bourouba, son si�ge se trouve � Hussein Dey, les logements sont construits � Bordj El Bahri et son pr�sident est un des inspecteurs de l�urbanisme de la wilaya d�Alger. El Badr, qui n�a presque jamais tenu d�assembl�e g�n�rale, ressemble plus � une promotion immobili�re qu�� une coop�rative. Toutes les tentatives pour la d�loger se sont av�r�es vaines. Depuis quelques mois, la famille Hazem doit faire face � une nouvelle offensive. Des particuliers se sont install�s sur une autre parcelle de terre apr�s s��tre fait d�livrer des d�cisions sign�es par l�exmaire de Bordj El Bahri, Nacer Benchabi. �Ces lots de terrain ont �t� distribu�s � des membres de l�APC, � des amis du maire et � des personnalit�s. Aujourd�hui, le lot de 200 m�tres carr�s se vend � 2 milliards de centimes �, note Hafid. Et comme un malheur n�arrive jamais seul, une autre coop�rative �militaire� s�est r�cemment install�e sur les deux hectares de la �fausse CPIA�. �On ne sait toujours pas comment cette coop�rative a refait surface. C�est encore un autre myst�re de Haouch el Ka�da. Le jeune homme dit n�avoir plus rien � perdre. Il arrive m�me � tout tourner en d�rision. A l�instar de l�affaire de la salle omnisports qui, selon lui, est une v�ritable farce. �Le juge en charge du dossier est arriv� � la conclusion que ce projet n�a aucune existence l�gale. Il n�y a aucune trace administrative, aucun budget, rien. Pourtant cette salle existe, l�Etat a d�bours� une v�ritable fortune pour la construire. On parle de plus de 195 milliards de centimes.� Aujourd�hui, la famille Hazem ne dispose que d�une vieille maison familiale et d�un �troit chemin pour s�y rendre. �Nous avons presque tout perdu. Les plus hautes autorit�s de l�Etat sont au courant de l�affaire de Haouch el Ka�da. Y compris le pr�sident de la R�publique � qui nous avons adress� une correspondance d�taill�e. Reste � savoir si, un jour, quelqu�un interviendra pour nous rendre nos biens�, s�interroge Hafid Hazem.