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� propos de L�ordre et la morale, un film sur la Nouvelle-Cal�donie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 11 - 2011


Par Arezki Metref
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Ce n'est pas la premi�re fois qu'un film d�range � ce point. Le film ? L'ordre et la morale de l'iconoclaste r�alisateur fran�ais, Mathieu Kassovitz. On lui doit La Haine (1995), l'un des premiers films fran�ais � montrer avec talent et mordant, l'�pret� et la violence auxquelles se trouvent accul�s les jeunes de banlieues, et qui permet de saisir avec plus de pertinence la dialectique de la haine qui caract�rise souvent le rapport du pouvoir central � un territoire d'exclusion.
C'est un peu le m�me sujet que Mathieu Kassovitz aborde � nouveau dans son dernier film, en l��tendant � une �chelle g�opolitique beaucoup plus vaste. Il s'attaque au th�me sensible de la d�colonisation � travers le cas de la Nouvelle-Cal�donie. Mathieu Kassovitz r�v�le que, faute d'appui dans ce territoire fran�ais d'outremer situ� � plus de 22 000 km de Paris, il a d� porter son projet pendant 10 ans. Un fait d�histoire contemporaine est venu, il y a maintenant 23 ans, rappeler la situation coloniale de la Nouvelle- Cal�donie. Il s'agit de la fameuse attaque de la grotte d'Ouv�a par l'arm�e fran�aise pour lib�rer des gendarmes pris en otages par un groupe kanak conduit par un jeune intellectuel, Alphonse Dianou, se r�clamant du FLNKS (Front de lib�ration national kanak socialiste). Evidemment, le point de vue de Mathieu Kassovitz, puis� dans un livre �crit par Philippe Legorjus, capitaine du GIGN (Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale) charg� des n�gociations � Ouv�a, et dans un rapport de la Ligue des droits de l�Homme, n'a pas manqu� de susciter un toll� d'indignation dans les milieux hostiles � l'ind�pendance du peuple kanak. Mathieu Kassovitz, qui a travaill� avec les tribus kanakes, a su transmettre l'�motion suscit�e par l'injustice coloniale plus que centenaire qui les accable. Il d�nonce aussi l'ex�cution pure et simple des militants kanaks apr�s l'assaut. Il rel�ve enfin cette particularit� r�sum�e par Michel Rocard, Premier ministre nomm� juste apr�s les faits et ma�tre d'�uvre des Accords de Matignon (1988) sur la Nouvelle-Cal�donie : �C'est la premi�re fois, je crois, depuis la guerre d'Alg�rie, qu'on violait la Constitution en utilisant l'arm�e fran�aise pour intervenir sur le territoire de la R�publique.� La contestation virulente du film de Kassovitz est essentiellement le fait de deux hommes : Bernard Pons, ministre des DOM-TOM dans le gouvernement Chirac de 1988, et le g�n�ral Vidal, commandant l'intervention militaire contre les Kanaks preneurs d'otages. Il fallait s'y attendre, le film est trop rebelle pour avoir acc�s � la s�lection au Festival de Cannes de cette ann�e malgr� ses incontestables qualit�s artistiques. Il a �galement �t� refus� par l'unique exploitant de salles de cin�ma d'Ouv�a, probablement sous la pression des lobbies anti-ind�pendantistes. Qu'importe puisque le film, avec le soutien de la population kanake, sera diffus� par d'autres circuits, notamment celui des tribus. Heureusement, nous ne sommes plus � l'�poque o� des films comme La Bataille d'Algerde Gillo Pontecorvo, ou encore Avoir 20 ans dans les Aur�s de Ren� Vautier, censur�s dans les salles, ne b�n�ficiaient, eux, d'aucun autre circuit. Dans le cas de la Nouvelle- Cal�donie, la violence de la riposte militaire fran�aise a �t� motiv�e par le contexte politique interne de la cohabitation, ainsi que par la perspective de l'�lection pr�sidentielle de 1988 opposant le pr�sident sortant Fran�ois Mitterrand � son Premier ministre, Jacques Chirac. C'est une loi due � Bernard Pons, en charge des d�partements et territoires d'outre-mer, proche de Chirac, qui mit le feu aux poudres car elle d�cr�tait un red�coupage du territoire dans la n�gation du droit coutumier des Kanaks, lequel avait surv�cu � la colonisation, ce qui, en retour, d�clenche la col�re des groupes ind�pendantistes qui voyaient se restreindre les libert�s du peuple kanak. La prise en otage de 27 gendarmes sur l'�le d'Ouv�a a �t� une r�action � ce qui avait �t� ressenti comme une humiliation de trop par un peuple d�j� ni� dans son existence. D�s lors, cette prise d'otages allait servir d'enjeu dans la bataille pour le pouvoir entre Fran�ois Mitterrand et Jacques Chirac. Ce dernier entendait donner une image de fermet� face aux �terroristes du FLNKS� en privil�giant la mani�re forte plut�t que la n�gociation. Favorable au dialogue dans un premier temps, Fran�ois Mitterrand prit bient�t conscience du risque de perdre la pr�sidentielle pour cause de faiblesse. Moyennant quoi, les deux rivaux tomb�rent au moins d'accord sur un point, l'assaut. L'�lectorat, pensaient- ils, appr�cierait que l'on donne une le�on � ces �bandits� ! Les exc�s, comme les ex�cutions sommaires �tablies par des enqu�tes ind�pendantes, sont des r�alit�s ni�es par les acteurs de cette tragique r�pression coloniale. C�est ce qui fait dire � Philippe Legorjus : �Messieurs Pons et Vidal sont dans des logiques de raison d'Etat. Ils devraient faire ce que l'on fait dans n'importe quelle arm�e du monde ou cercle politique, vingt ans apr�s, c'est reconna�tre ses erreurs et aider par cette attitude responsable � la r�conciliation. � C'est �videmment la repr�sentation du pass�, surtout lorsqu'il n'est pas glorieux, qui anime la pol�mique autour de ce film. On ne peut imaginer que les milieux colonialistes acceptent la v�rit� concernant un territoire encore colonis� quand on sait qu'ils la refusent ou la travestissent � propos de son ex-colonie, l'Alg�rie, car il ne faut pas perdre de vue que la Nouvelle- Cal�donie reste une colonie, du moins dans le v�cu du peuple kanak. Ce territoire m�lan�sien annex� par la France en 1853, sous Napol�on III, �tait peupl� depuis 4 000 ans de tribus indig�nes. De 1864 � 1897, la Nouvelle- Cal�donie a �t� utilis�e par la France comme p�nitencier o� allaient se c�toyer les Communards de Paris d�port�s en 1871, et, la m�me ann�e, les combattants alg�riens de l'arm�e d'El Mokrani. Les for�ats fran�ais et alg�riens travaillaient aux grands travaux de l'�le ainsi que dans les propri�t�s des colons. D�s l'annexion, la population kanake a commenc� � se soulever contre l'occupation fran�aise. Ces soul�vements jalonnent l'histoire de cette colonisation en connaissant des pics comme la r�volte du grand chef Ata� en 1878. De 1887 � 1946, un code de l'indig�nat, semblable � celui que connut l'Alg�rie, s'appliquait aux populations kanakes : d�possession des terres, travail obligatoire, taxes et imp�ts divers, n�gation des droits, etc. En 1946, ce code fut supprim�. La Nouvelle- Cal�donie devint un territoire d'outre-mer, et les M�lan�siens acquirent la nationalit� fran�aise et le droit de vote 97 ans apr�s l'annexion. Un mouvement ind�pendantiste a toujours exist� revendiquant la reconnaissance de l'identit� premi�re de la Nouvelle-Cal�donie, et au-del� des sinuosit�s de l'Histoire, c'est encore de cela dont il s'agit dans ce film et dans le d�bat pol�mique qu'il soul�ve. Comment se repr�sente-t-on la colonisation ? Que signifie assumer son histoire ? Voil� des questions auxquelles il est imp�ratif de r�pondre si les colonisateurs autant que les colonis�s veulent avancer. Ensemble ou s�par�ment.


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